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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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avait voulu le distraire du problème espagnol, parce qu'il sentait que dans son insistance le major général voyait juste, l'empereur désigna Masséna pour aller prendre le commandement d'une armée qui serait chargée d'envahir le Portugal et d'en chasser les Anglais. Ce choix était bon. Quoique vieilli, le prince d'Essling était un des meilleurs généraux de l'armée française, et à défaut de Napoléon lui-même, il devrait réussir dans cette mission. Pour remercier Alexandre qui lui remit un premier volume relatant les précédentes campagnes, et n'oubliant pas non plus le rôle qu'il avait joué dans son remariage, Napoléon lui conféra le titre de colonel général des Suisses, vacant depuis la mort de Lannes. C'était une fonction purement honorifique, mais toujours curieux, Berthier demanda à son ami Clarke en quoi consistaient ses droits et devoirs.
    Jusqu'à la fin de l'année, Napoléon fut enclin à blâmer le comportement de ses généraux en Espagne, et comme c'était Berthier qui signait les dépêches, il s'attirait, encore qu'il n'y fût pour rien, une part du mécontentement qu'elles causaient. Mais, en même temps, force lui était de constater que, peu à peu, l'armée d'Espagne perdait de son énergie à mesure qu'elle s'épuisait. Depuis 1808, quelque 600 000 hommes avaient passé les Pyrénées et toute la politique de pacification était sans cesse remise en question. Les généraux estimaient cette guerre sans issue et certains d'entre eux laissaient percer leur découragement. L'empereur courait trop de lièvres à la fois. Berthier était témoin d'erreurs qu'il ne voulait pas reconnaître et qui se traduisaient par des colères non fondées, ainsi que de ses illusions sur l'état réel de la situation.
    L'année 1811 vit un changement notable dans les occupations du prince de Wagram. Il nota que l'Espagne tenait de jour en jour une place de moins en moins importante dans les préoccupations de l'empereur et que celui-ci tournait ses regards vers la Russie avec qui les relations se refroidissaient, ce qui ne manqua pas d'inquiéter Berthier. Il considérait en effet qu'une nouvelle guerre avec cette puissance serait une aventure douteuse qui nécessiterait la mise en oeuvre de moyens qu'il n'était pas certain d'être en mesure de réunir. Au début de février, il fut informé par Clarke de nouveaux ordres de Napoléon pour réorganiser secrètement l'armée d'Allemagne et pour la renforcer. Davout qui la commandait toujours vit ses effectifs portés à 140 000 hommes cantonnés autour de Dantzig, et en même temps une seconde armée de 80 000 soldats était concentrée à Hambourg. C'étaient là des signes qui ne trompaient pas Berthier, qui comprit que la guerre contre la Russie avait de plus en plus de chances d'éclater alors que lui-même n'en saisissait pas les motifs.
    Ce fut cette année-là que la maîtresse du maréchal, la marquise Visconti, eut une attaque cérébrale qui la laissa à demi paralysée. En juillet, Napoléon nomma Berthier président du conseil de l'ordre des Trois Toisons, une décoration qu'il voulait créer pour faire pièce à la Toison d'or. Mais il ne donna pas suite à son idée, sentant l'hostilité monter chez les grands dignitaires de la Légion d'honneur.
    Et puis, au même moment, comme s'il avait voulu hâter la conclusion des affaires d'Espagne, l'empereur demanda au major général d'organiser un bureau spécial d'état-major à Bayonne sous le commandement du général de Monthyon. Ses fonctions consisteraient à traiter toutes les affaires concernant les détachements et le matériel entrant en Espagne et en même temps à collecter les renseignements et les adresser à Paris, à Berthier. C'était créer un intermédiaire de plus entre les armées en campagne et le commandement en chef à Paris. Encore qu'au départ, le prince de Wagram n'en comprît pas l'utilité, habilement dirigé, ce bureau allait réussir à rendre de grands services. Un instant, Berthier crut que cette création était un prélude au départ pour l'Espagne de Napoléon. Il en fut pour ses illusions.
    Le comportement de l'empereur qui, après avoir réuni à la France les villes hanséatiques, avait fait saisir en pleine paix le grand-duché d'Oldenbourg dont le souverain était le beau-frère du tsar (il avait épousé sa soeur Catherine), n'était pas fait pour rapprocher la France et la Russie. Il est vrai qu'au même moment, Alexandre i er avait fait monter

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