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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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l’autre illustre général membre de cette assemblée. Sans
     qu’il ait fait acte de candidature, Jourdan fut donc élu sans opposition le
     25 septembre, ce que Barras apprécia peu mais sans avoir le moyen de s’y
     opposer. Jourdan allait conserver ce poste pendant toute la législature et fut réélu un an plus
     tard, en septembre 1798. Deux mois après, ayant repris un commandement dans
     l’armée, il abandonnerait à la fois la présidence et son mandat de député.
    Après avoir si bien taillé, il fallait recoudre. Des élections furent donc organisées en
     avril 1798 pour remplacer les députés déchus. Ce fut un bien curieux scrutin, comme on
     en voit dans les pays totalitaires. Le choix des électeurs était limité. Les seuls candidats
     autorisés à se présenter devaient être républicains, bon tetit et même à tendance jacobine. La
     seule alternative consistait à voter pour la liste unique ou à s’abstenir. Dans de
     telles conditions, le résultat ne faisait guère de doutes ; mais les directeurs
     s’en déclarèrent mécontents, trouvant ce parlement trop à gauche à leur goût, alors
     que tout aurait dû le laisser prévoir. Comme il paraissait difficile de faire un nouveau coup
     d’État si proche du précédent, ils arrivèrent à leurs fins en faisant invalider un
     certain nombre d’élections grâce à une loi votée en hâte le 22 fructidor,
     et qui fut improprement considérée comme un coup d’État. Jourdan aux Cinq-Cents et
     Borda aux Anciens avaient en vain tenté de s’y opposer mais, voyant
     qu’elle était adoptée à une large majorité, ils en revinrent tous deux à une
     prudente neutralité.
    C’est par application de cette loi que, dans la Haute-Vienne, Gay de Vernon,
     ancien évêque constitutionnel et ami de Jourdan, se vit déclaré indésirable. Ce fut en vain que
     Jourdan tenta d’titervenir en sa faveur. Après cette épuration, les deux assemblées,
     où les députés invalidés ne furent pas remplacés, prirent des allures de parlement
     croupion !
    La paix rétablie avec tous les pays d’Europe, à l’exception de la
     Grande-Bretagne, n’allait pas durer longtemps. Une nouvelle coalition se nouait
     contre la France dès 1798. La politique volontairement expansionniste du Directoire, qui créait
     un peu partout des républiques soeurs et surtout vassales, en était largement
     responsable. Il s’était débarrassé de Bonaparte qui, à ses yeux, devenait un peu
     trop remuant en l’envoyant guerroyer en Égypte contre les Anglais. Mais, du même
     coup, il s’était privé de plusieurs bons généraux et de cinquante mille soldats
     d’élite que Bonaparte avait emmenés avec lui.
    Ce fut à ce moment que le gouvernement s’avisa
     qu’il n’existait aucune législation réglementant le recrutement de
     l’armée. Depuis la fin de l’Ancien Régime, plusieurs systèmes étaient
     venus se superposer, s’emboîtant plus ou moins bien les uns dans les autres.
     Ç’avaient été les bataillons de volontaires auxiliaires, puis les bataillons de
     volontaires nationaux et plus récemment la levée en masse. La constitution de
     l’an III, elle-même, dans son titre IX, s’en tenait à
     quelques vagues idées sans application pratique et n’accordait son attention
     qu’à la garde nationale.
    Les directeurs demandèrent donc aux deux assemblées d’étudier le plus rapidement
     possible une loi-cadre en ce domaine. Consulté le premier, le Conseil des Cinq-Cents se tourna
     vers celui qu’il jugeait le plus apte à mener un tel travail : son
     président, Jourdan. Celui-ci, pourtant peu familier avec certaines subtilités juridiques, prit
     le soin de se faire flanquer d’une commission, mais ce fut tout de même lui qui
     inspira l’essence même de la loi.
    À son habitude, il s’attaqua au problème en allant du général au particulier et il
     commença par poser un certain nombre de principes. Ceux-ci de nos jours paraissent évidents,
     mais à l’époque c’était faire preuve d’un esprit novateur
     particulièrement hardi. Jourdan partait de l’axiome que, puisque désormais tous les
     Français étaient égaux en droits, ils l’étaient également en devoirs et que tous
     sauf cas particuliers devaient participer à la défense de la République. C’était le
     service militaire obligatoire pour les hommes de vingt à vingt-cinq ans répartis en cinq
     classes, auxquelles le pays pouvait

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