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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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avait fait son oeuvre. Tard dans la journée, un gouvernement provisoire fut mis sur pied, dont fit naturellement partie Fouché. Il n’était plus question de résistance à outrance. Ce fut en vain que, le lendemain, Drouot essaya de faire revenir la Chambre sur le projet des généraux.
    Le dessein de Davout et de Carnot était-il tellement irréaliste ? L’état d’esprit des troupes demeurait excellent. On le vit bien quelques jours plus tard, lorsqu’au combat de Rocquencourt la cavalerie française bouscula et culbuta les hussards de Blûcher. Petite rencontre sans portée réelle, mais qui montre qu’il eût été possible d’utiliser ces régiments. De son côté, Fouché, voulant remettre le roi sur le trône, avait sans doute une vue plus pondérée de l’avenir de la France.
    En tout cas, Ney réussit par son intervention à liguer tout le monde contre lui. Les royalistes ne lui en surent aucun gré, les bonapartistes l’accusèrent de pactiser avec les ennemis et les républicains firent chorus. Lorsque dans la nuit du 1 er au 2 juillet un conseil militaire se réunit d’urgence pour décider s’il fallait ou non défendre Paris, le seul qui n’y fut pas convoqué fut Ney. Et le lendemain, les commissaires des vainqueurs négocièrent les termes du traité et eurent l’intelligence d’accepter qu’aucune vengeance ne soit exercée contre les hommes qui s’étaient ralliés à l’empereur trois mois plus tôt. Ney, un des principaux intéressés, était absent.
    Le seul qui le soutint dans sa situation désespérée fut Fouché. Il payait une dette. Et, se demandait-il, peut-être pouvait-il encore être utile ? Si le monde politique le vomissait, il gardait sa popularité dans l’armée. Fouché fit établir plusieurs passeports parfaitement en règle. Il conseilla également à Ney, en les lui remettant, de s’embarquer rapidement pour les États-Unis. Gagner Le Havre ne présentait aucune difficulté. Là, il trouverait plusieurs navires américains en partance. Les Anglais, même s’ils bloquaient à nouveau nos côtes, d’une manière assez lâche du reste, ne cherchaient plus à intercepter les bâtiments arborant la bannière étoilée. Avec un manque évident d’enthousiasme, Ney se rallia à cette idée et demanda à un banquier de ses relations de lui ouvrir là-bas un crédit, ce que le financier accepta volontiers. Sur place, il organiserait sa vie et attendrait que des temps meilleurs permettent son retour. Car la réaction royaliste s’annonçait terrible. Aussi trois jours plus tard, le 26 juin, Fouché, qui le croyait déjà loin, hors de danger, et se préparait à coucher son nom sur les listes de suspects à arrêter, fut-il tout étonné de le voir débarquer au ministère. Le maréchal avait du mal à se décider à partir. Il semblait ne plus comprendre le danger de sa propre situation. Puis il avait appris les bruits qui couraient sur son comportement pendant la campagne de quatre jours, bruits que Napoléon depuis sa retraite de Malmaison avait largement contribué à répandre. Il tenait à se justifier. Aux yeux de qui, il ne le précisait pas. En tous les cas, il avait rédigé un plaidoyer sous forme de lettre et le mit sous les yeux de Fouché.
    C’était une attaque en règle contre la manière dont Napoléon avait conduit l’armée pendant sa brève campagne. Et le duc d’Elchingen ne manquait pas d’arguments. La façon dont l’empereur l’avait privé de la moitié de ses forces aux Quatre-Bras, son refus de lui envoyer des renforts alors qu’il s’était rendu maître du plateau du mont Saint-Jean ne plaidaient pas en sa faveur. Napoléon, encore pour quelques jours à Malmaison, ne chercha pas à se disculper. Fouché, pour se montrer agréable vis-à-vis du maréchal et surtout pour enfoncer un peu plus l’empereur, fit publier le document dans le Moniteur du 28 juin. Il est d’ailleurs possible que Napoléon, qui quitta définitivement Malmaison pour Rochefort le 29, n’en ait pas eu connaissance.
    Mais à sa lecture, les milieux bonapartistes, qui reprochaient déjà à Ney, on l’a vu, son attitude à la Chambre des pairs, devinrent furieux. Avait-il perdu la raison ? Ce fut l’opinion que bon nombre d’entre eux avancèrent. Les royalistes ne lui surent pas davantage gré de ces révélations. Ils avaient trop de motifs de lui en vouloir pour le tenir quitte pour si peu.
    Le départ du maréchal devenait donc plus que jamais

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