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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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Bavière. Elle allait demeurer à ses côtés près de deux ans. Modeste, effacée, elle se cantonna dans le rôle qu’il lui avait assigné. L’état-major de Ney l’affubla du surnom de « la petite femme ». Même s’il goûta peu la situation irrégulière de son fils, le vieux tonnelier se garda de tout commentaire, sachant que cette aventure ne durerait pas.
    Le général avait toujours un goût certain pour la musique. Puisqu’il était condamné au repos, il fit venir de Strasbourg une flûte traversière et, selon son habitude, s’exerça à en jouer méthodiquement. Il ignorait le solfège, mais avait incontestablement appris comment souffler dans l’instrument. Ce fut donc en tâtonnant et au prix de pas mal de fausses notes qu’il parvint à jouer les vieux airs qui avaient bercé son enfance. Il était ravi de cette atmosphère bucolique.
    Les victoires de Masséna à Zurich et de Brune en Hollande avaient sauvé la France de l’invasion. Pourtant Bonaparte, revenu en toute hâte d’Égypte, se présenta comme le sauveur de la patrie. Du fond de sa retraite nancéienne, où il entretenait une correspondance suivie avec ses camarades, Ney apprit le coup d’État du 18 brumaire. Qu’il ait été réalisé aux dépens du Directoire par un général lui parut une bonne chose. Pourtant, il ne savait trop que penser de ce Bonaparte qu’il ne connaissait pas et dont la réputation n’était pas des meilleures auprès des officiers servant en Allemagne. Aussi est-ce avec une certaine réserve qu’il apporta son adhésion au nouveau gouvernement.
    Guéri enfin au début de 1800, il sollicita sa réaffectation à l’armée du Rhin, à présent commandée par Moreau, qui ne voyait pas d’un très bon oeil Bonaparte et sa clique. Peut-être était-il jaloux de lui avoir vu réussir un coup d’État que lui-même n’avait pas su ou pu réaliser.
    Il fallait une fois de plus en découdre avec l’Autriche. Le plan de campagne du nouveau gouvernement rappelait singulièrement celui de 1796-97. Seulement, cette fois-ci, Bonaparte avait attribué le rôle principal à l’armée d’Italie dont il entendait exercer personnellement le commandement. Celle d’Allemagne aurait seulement comme objectif de fixer le plus de forces autrichiennes possible. Une fois encore, ce fut le contraire de ce qui avait été prévu qui se produisit. L’armée d’Italie gagna péniblement la bataille de Marengo et ensuite ne fit pas grand-chose. En Allemagne, contrairement à ses instructions, Moreau avait résolument pris l’offensive. Trompant la surveillance de l’ennemi qui l’attendait face à l’Alsace, il franchit le Rhin entre Bâle et Schaffhouse. Ney, une fois de plus à la tête de l’avant-garde, ouvrait la voie, bien décidé une nouvelle fois à faire parler de lui.
    La situation des Autrichiens n’était cependant pas mauvaise. Dès le début, ils avaient percé à jour les desseins de Bonaparte. En Italie, malgré leur défaite de Marengo, ils tenaient les Français en échec. En Allemagne, ils espéraient renouveler leurs succès de 1797. Le 17 juillet, le corps de cavalerie de Ney arriva devant la ville fortifiée d’Ingolstadt, dont la garnison était commandée par le baron de Neu. Les hussards français, qui avaient mis en perce quelques tonneaux de vin, frappés par la similitude de noms des deux généraux, s’écrièrent en voyant les Autrichiens sortir de leurs retranchements : « Nous voilà nez à nez (Ney à Neu). Voyons comment cela se passera. »
    Mais l’adversaire n’avait aucune envie de plaisanter et refoula plutôt rudement les hommes de Ney. Celui-ci redressa alors la situation. En fin de journée, il avait enlevé aux défenseurs six cents hommes et quatre canons. L’échauffourée fut connue de toute l’armée, moins peut-être pour son succès que pour le bon mot (au demeurant détestable) qui l’avait provoquée.
    Cependant, Moreau continuait à progresser en empruntant la vallée du Danube et en livrant de nombreux petits combats tous victorieux. Il devint vite évident que son objectif était d’atteindre Vienne. Le commandant de l’armée autrichienne, le feld-maréchal Kray, estimant qu’il ne disposait pas d’effectifs suffisants pour stopper l’avance française, décida, afin de gagner du temps, de rameuter des renforts et sollicita un armistice.
    Cette suspension d’armes convenait à Moreau, lui-même à court de munitions. Les hostilités furent

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