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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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l’information. Le roi tomba de haut et déclara : « Quoi ! Il n’y a donc plus d’honneur ! »
    Dès ce moment, les milieux royalistes en voulurent terriblement à Ney. Cette vindicte explique en partie la hargne avec laquelle ils s’acharneront contre lui quelques mois plus tard. Pour l’heure, il ne restait plus qu’à organiser le départ ou plus exactement la fuite du roi.
    Napoléon poursuivait sa marche sur Paris, mais Ney ne faisait pas partie de son proche entourage. Lorsque l’empereur arriva aux Tuileries, le soir du 20 mars, le maréchal n’était pas à ses côtés. Il était rentré chez lui, où sa femme lui fit une scène. Elle ne comprenait rien à son comportement ni à celui de leur beau-frère Gamot. Il eut beaucoup de mal à se justifier. Napoléon ne tenait nullement à rencontrer le couple et Davout, nouveau ministre de la Guerre, se dépêcha d’expédier Ney inspecter les places du Nord. Ce contrôle fut mené tambour battant par un duc d’Elchingen qui savait désormais à quoi s’en tenir sur les sentiments de l’empereur et commençait à mesurer l’énormité de son erreur. Il remplit sa mission sans faire montre d’un zèle excessif. Aussi, à peine de retour, se hâta-t-il de présenter sa note de frais de déplacement. Après quoi, voyant du reste de quelle manière étrange semblait tourner l’aventure, il se dépêcha d’aller s’enfermer aux Coudreaux.
    De son côté, l’empereur, qui de la bouche d’Hortense avait appris l’histoire de la cage de fer, avait affecté d’en rire. Mais cette nouvelle rancune était venue s’ajouter aux précédentes. Il lui en voulut d’autant plus qu’il considérait que le maréchal avait perdu la foi, sans tenir compte du fait qu’il s’était gravement compromis pour lui. D’ailleurs, Napoléon commençait à en vouloir à tout le monde, même à ses plus fidèles soutiens. Il n’avait plus parmi ses inconditionnels que de très petites gens : des officiers subalternes, des fonctionnaires ou des hommes poussés par un intérêt pécuniaire.
    Dès ce moment, Ney réussit ce paradoxe de se mettre à dos à la fois les royalistes et les bonapartistes, chaque parti jugeant sa conduite inadmissible. Napoléon se demanda même s’il serait intelligent de l’employer dans la campagne qui allait s’ouvrir. Car la paix, qu’il n’avait cessé d’annoncer comme certaine lors de son voyage vers Paris, avait fait place à la guerre. Déjà l’Europe mobilisait contre la France. Aucun souverain ne voulait traiter avec Napoléon et l’Autriche, dont il avait impudemment annoncé le soutien, se joignait à ses adversaires. L’empereur levait donc une nouvelle armée. Mais les réfractaires recommençaient à courir la campagne ; la Vendée se soulevait. Un certain nombre de maréchaux refusèrent de servir : Berthier, Macdonald, Masséna, Victor...
    Aux Coudreaux, Ney vivait dans le milieu paysan de l’Eure-et-Loir et se rendait parfaitement compte de l’opposition à l’empereur. Pourtant, il fit le voyage de Paris pour la cérémonie dite du champ de Mai. Triste fête, sorte de caricature de ce qu’avaient été les triomphes de l’empereur. Il voulait faire plébisciter par la France l’Acte additionnel aux constitutions de l’empire. Hélas, onze départements manquèrent à l’appel et soixante pour cent des électeurs s’abstinrent de voter. Ney tint sa place au pied du trône, au milieu des maréchaux taciturnes. En le voyant, Napoléon ne put s’empêcher de lui lancer une pique ironique : « Vous voilà, je vous croyais émigré ! » Ce à quoi Ney rétorqua : « J’aurais dû le faire plus tôt ! »
    Mais le lendemain 2 juin, lorsque parut la liste des nouveaux membres de la Chambre des pairs (impériale), le nom du prince de la Moskowa y figurait en bonne place. Rentré chez lui aussitôt après la cérémonie, il remercia à peine.
    Cependant la campagne se préparait. Déjà Napoléon avait reculé l’entrée de sa principale armée en Belgique, prévue pour le début mai. À présent, il n’était plus question de différer. Le 11 juin, le jour même où l’empereur quittait Paris, une lettre arriva aux Coudreaux, signée Davout, mais émanant de Napoléon. Elle était étrange dans sa forme. Ce n’était pas une convocation, encore moins une affectation, tout au plus une invitation à un spectacle : « S’il veut se trouver aux premières batailles, qu’il soit rendu le 14 à

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