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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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ennemis supplémentaires. Et sur le plateau du mont Saint-Jean, Ney, à bout de forces, venait d’amorcer son repli. Les neuf bataillons ne purent que le couvrir, d’autant que l’armée anglaise s’était reprise. Ney se retrouva une fois de plus dans la plaine. Il eut encore deux chevaux tués sous lui pendant sa dernière attaque. Lors de celle-ci, il avait vainement cherché à se faire tuer. Mais il est parfois difficile de trouver la mort, même au milieu d’un carnage.
    Pendant une demi-heure, il ne se passa rien. Les adversaires étaient trop épuisés, les pertes trop lourdes de part et d’autre. Il était à peu près 8 heures du soir, le jour commençait à peine à baisser – l’instant précis est difficile à déterminer –, lorsque l’empereur demanda un dernier effort à Ney. Afin de lancer une ultime attaque, il lui envoya cinq bataillons de la vieille garde, dont la réputation d’invincibilité était bien établie. Mais c’était trop peu et surtout trop tard. Les régiments de Wellington les attendaient de pied ferme. Du reste, Ney, à présent démonté, noir de poudre, une épaulette fendue, qui n’avait plus qu’un tronçon d’épée et à qui ses lourdes bottes rendaient la marche difficile, ne conduisit pas cet ultime assaut qui échoua rapidement.
    Ce fut au moment où ces bataillons de la garde pliaient que l’armée tout entière fut prise d’une terreur panique. La cause ou les causes de cette débandade, qui n’a jamais été clairement expliquée, demeurent multiples : le recul de la vieille garde, l’entrée en force des Prussiens au moment où beaucoup espéraient encore l’arrivée de Grouchy, le relâchement de la discipline, les pertes énormes en hommes subies depuis le début de l’après-midi (Waterloo a été de loin la bataille la plus meurtrière de l’empire), le trop grand nombre de conscrits insuffisamment instruits et encadrés, la médiocrité de certains éléments d’encadrement... Toutes ces raisons et quelques autres plus difficiles à expliciter ont sans doute joué leur rôle dans ce tourbillon incontrôlé.
    Toujours est-il que, par régiments entiers, qui jusqu’à cet instant avaient eu une excellente tenue au feu, aux cris de « Sauve qui peut, nous sommes trahis ! », les soldats s’enfuirent brusquement. Demeuré presque seul au milieu de la panique qui déferlait autour de lui, Ney vit passer Drouet d’Erlon et lui jeta : « D’Erlon, si nous en réchappons toi et moi, nous serons pendus ! »
    C’était la fin, l’instant où Wellington parut au bord du plateau et souleva son bicorne pour donner le signal de la contre-attaque générale. Accompagné seulement de quelques hommes, Ney aperçut les survivants de la vieille garde formés en carré qui tentaient d’endiguer le flot de la cavalerie prussienne lancée à la poursuite des fuyards. Il entra dans l’un de ces carrés qui reculaient lentement, inébranlables. Du reste, les Prussiens préféraient les contourner plutôt que les affronter. Ce fut là qu’un officier de lanciers céda son cheval au maréchal. Une fois encore, celui-ci se mit en selle. Ayant constaté qu’il n’y avait plus rien à tenter, sans se soucier du sort de l’empereur, il s’éloigna lentement, un des derniers, du champ de bataille.
    *
    Avançant pratiquement sans escorte, Ney atteignit Marchiennes-le-Pont vers 3 heures du matin. De là il gagna Avesnes, l’ancien quartier général, et ne put y recueillir le moindre renseignement. Tout se délitait. Il était impossible de rallier les combattants, de tenter de reformer des unités cohérentes. Il décida alors de regagner Paris pour se mettre à la disposition de Davout, ministre de la Guerre, et de l’aider à remettre sur pied une armée à opposer à l’invasion qui allait probablement suivre. Car il n’était pas sans savoir que Davout disposait encore de moyens importants.
    À Laon, il retrouva par hasard Levavasseur, son aide de camp, dont il avait été séparé à la fin de la bataille. Celui-ci ne put que lui confirmer la fuite générale dans laquelle il avait été entraîné. Ce ne fut qu’en passant au Bourget le 21 juin qu’il apprit que l’empereur l’avait précédé de peu. Ils ne devaient jamais se revoir.
    L’attitude de Napoléon fut rien moins que brillante. Parvenu aux Tuileries, y ayant convoqué Davout, il éclata en reproches contre son entourage en général et Ney en particulier : « Il a donné

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