Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le marquis des Éperviers

Le marquis des Éperviers

Titel: Le marquis des Éperviers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Paul Desprat
Vom Netzwerk:
retourne informer les parents de Victor.
     
    Il vola, plutôt qu’il ne roula, jusqu’à l’Hôtel Davignon où il retrouva dans le grand salon, à la place où il les avait laissés quelques heures auparavant, monsieur et madame Davignon avec Stella blottie entre eux. Les Thésut étaient également là tous deux depuis que le chevalier était accouru mêler ses foudres aux gémissements de la famille.
    Il était quatre heures d’un jour déjà expirant. Une lumière grise et blafarde, à l’unisson des événements, filtrait au travers des hautes fenêtres, saisissant toutes ces âmes déjà transies d’une sorte de glace.
    – Alors ? lança le conseiller lorsqu’il vit reparaître tout botté son filleul auquel la bise avait rosi les joues.
    – C’est grave ! fit le vidame en se jetant sans haleine au centre du petit cercle, notre généreux Victor, convaincu, comme je le suis désormais moi-même, que Brandelis de Grandville n’est pas le seul coupable du procès qu’on a jugé hier, a couru se placer sous la griffe du duc de Vendôme que tout désigne désormais comme principal instigateur de cette affaire de reliques.
    – On ne revient pas de cette griffe-là ! s’écria l’abbé de Thésut.
    Ces paroles, lancées d’une voix frémissante, firent pousser un cri à madame Davignon qui parvint cependant à se ressaisir pour entendre le récit de Jean-Hercule.
    – Mais que diable monsieur de Gironde avait-il à voir avec ce scélérat ? répétait le chevalier en martelant le parquet de sa canne.
    – Raisonnons et pesons les éléments de cette affaire au poids du sanctuaire 208 ! trancha brusquement monsieur Davignon, posons pour principe qu’il n’est pas impossible dans un royaume chrétien d’obtenir sa justice et si, par malheur, nous devions nous convaincre du contraire, prenons dans ce cas les moyens de nos fins, même s’ils sont déloyaux, même s’ils nous rebutent… La vie de notre cher Victor est suspendue aux caprices d’un trop redoutable personnage pour que notre sollicitude ne bannisse pas momentanément tout scrupule.
    – Voici bien un apprentissage qui nous manque et que nous ne ferons pas en deux heures ! observa l’abbé dérouté par ces propos qu’il n’aurait jamais imaginé auparavant pouvoir entendre fuser un jour de la bouche de son ami.
    – À qui peut-on en appeler de la félonie d’un duc ? demanda le vidame tout à trac.
    – En droit strict, à ses pairs ; jadis ç’aurait pu être à la connétablie, mais, en fait, ça n’est jamais revenu qu’au roi car il n’a jamais voulu se dessaisir d’affaires aussi graves au profit de ses juges délégués… Toutes ces procédures sont longues ; l’urgence ainsi que la faveur actuelle du commandant en chef des armées d’Italie ne nous permettent pas d’en passer par là… Non ! lorsque je parlais de voie normale, je songeais, s’il se peut, à raisonner le coupable. Il faut trouver quelqu’un qui soit en état de parler à Vendôme, un homme qu’il craigne et qu’il ne puisse esquiver.
    – Qui ? soupira l’abbé de Thésut.
    – Ce ne peut être qu’un de ses pairs, hasarda Hercule.
    – Saint-Simon, s’il n’est pas déjà reparti pour Versailles ! fit madame Davignon poussée par une sorte d’inspiration.
    – L’idée est excellente, ma mie, intervint le conseiller, Saint-Simon sait le latin 209 … Il viendra à notre secours si je le lui demande.
    Un chasseur fut dépêché sur-le-champ à l’Hôtel Selvois où résidait le duc. Il devait lui remettre en mains propres un mot rédigé à la hâte et qui tenait en quatre lignes :
    « Monsieur le duc,
    Je vous appelle à l’aide,
    Rejoignez-moi en hâte chez moi, si vous le pouvez.
    Votre ami, Charles Davignon. »
    – Soit ! s’exclama l’aîné des Thésut lorsque monsieur Davignon fut revenu à sa place, Saint-Simon parlera… Mais si on ne veut point l’entendre…
    – Il nous faut dès maintenant mûrir un plan qui servira de rechange, répliqua le conseiller.
    – Il devait bien y avoir un cocher sur le carrosse de Vendôme, reprit le chevalier en se dressant sur ses longues jambes, nous n’avons qu’à nous emparer de lui.
    – Et qu’en ferons-nous, diantre ? s’inquiéta l’oncle de Victor éberlué par la proposition.
    – Nous lui délierons la langue, fût-ce en lui roussissant les doigts du pied à la flamme d’un grand feu, reprit le chevalier en accompagnant ses paroles de gestes véhéments.
    Et de fil en

Weitere Kostenlose Bücher