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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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des housses de brocart ornées de perles, et des tresses de soie les
attachaient à d'épais clous d'or plantés dans le sol.
    A trente pas
de là, des fauves superbes : deux lions, un tigre et un léopard, chacun
sur un grand tapis d'écarlate, jetaient des regards endormis sûr une
demi-douzaine d'antilopes blanches, aux cornes droites comme des flèches,
enfermées plus loin dans un enclos.
    Rob dédaigna les
gladiateurs, lutteurs ou archers pour la bête géante qui avait tout de suite
attiré son attention : le premier éléphant vivant qu'il ait vu à portée de sa
main. Il était plus grand qu'il ne l'avait imaginé, plus que les statues de
Constantinople, avec ses pattes comme des colonnes, sa peau ridée, ses oreilles
aussi larges que des boucliers, sa queue minuscule et la trompe démesurée dont
il se servait pour aspirer l'eau dans un bassin d'or ! Un petit Indien,
qui était son cornac, expliqua fièrement :
    « Au
combat, Zi porte sa propre cotte de mailles et de longues épées fixées à ses
défenses. Il est entraîné à l'attaque et quand Son Excellence charge sur son
éléphant barrissant, c'est un spectacle et un bruit à glacer le sang des
ennemis. »
    Une fanfare de
tambours et de cymbales annonçant l'arrivée d'Ala Chah, Rob retourna au jardin
avec les autres invités. Le souverain portait un simple vêtement blanc qui
contrastait avec leurs tenues de cérémonie. Il répondit d'un signe de tête aux
prosternations et prit place sur un siège somptueux près de la fontaine.
    Le spectacle
commença par une démonstration de cimeterres, maniés avec tant de puissance et
de grâce que l'assistance se tut, attentive au choc des lames l'une contre
l'autre, aux gestes hiératiques d'un combat réglé comme une danse. L'arme
courbe, plus légère que le sabre anglais et plus lourde que le français,
demandait à la fois l'habileté du duelliste pour pousser la pointe, la force
des poignets et des bras pour frapper de taille. Les magiciens acrobates
donnèrent ensuite un divertissement en plantant une graine, qui arrosée et
couverte d'une toile, devenait brusquement arbuste ; Rob, qui avait
observé le tour de passe-passe fait à l'insu du public pendant les acrobaties,
s'amusa de voir applaudir cet « arbre miraculeux ».
    Se
désintéressant des lutteurs, le chah demanda son arbalète et les courtisans
admirèrent son habileté à tendre et détendre le lourd engin. D'autres se mirent
à bavarder et Rob comprit pourquoi on l'avait invité : un Européen était
une curiosité qui valait bien les animaux des baladins. Les Persans
l'accablèrent de questions. Y avait-il un chah dans son pays ? Des hommes
de guerre, des cavaliers ? Le climat était-il différent ? Et la
nourriture ? Apprenant qu'en Europe on ignorait le pilah, un vieil homme
au regard inquisiteur ne cacha pas son mépris.
    Le souverain,
enfin, se leva pour réclamer impatiemment les chevaux. Comme Rob l'avait vu le
jour du calaat, deux équipes se disputèrent à cheval une balle en bois, qu'il
s'agissait d'envoyer avec de longues crosses dans les buts placés aux deux
bouts du terrain. Les spectateurs commencèrent à hurler. Les chevaux se
jetaient les uns contre les autres au grand galop et les cavaliers criaient en
brandissant leurs crosses.
    « Mon
Dieu ! pensa Rob impressionné. Attention ! Attention ! »
    Trois chevaux
s'étaient déjà heurtés avec un bruit affreux, et l'un tomba en désarçonnant son
cavalier. Le chah leva son bâton, frappa violemment la balle de bois et les
chevaux plongèrent à sa suite en faisant voler l'herbe dans un martèlement de
sabots. Une douzaine de valets vinrent égorger l'animal accidenté qui s'était
brisé un jarret, et traînèrent le corps hors du camp avant même que le cavalier
n'ait eu le temps de se relever ; il se tenait le bras gauche en grimaçant.
Rob, devinant une fracture, s'approcha.
    « Puis-je
vous aider ?
    – Vous êtes
médecin ?
    – Je suis
barbier-chirurgien et étudiant au maristan.
    – Non,
non ! fit le noble avec un air de dégoût. Il faut faire venir
al-Juzjani. »
    L'homme et la
monture étaient déjà remplacés, et les huit partenaires avaient apparemment
oublié qu'il s'agissait d'un jeu et non d'un combat ; ils lançaient leurs
bêtes les unes contre les autres et le chah frappait souvent la balle jusque
sous les sabots de son cheval. Personne d'ailleurs ne lui faisait de quartier.
Ces hommes, qui auraient pu être exécutés pour

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