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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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coupée par l'eau et le fossé, l'ennemi à sa
droite, à sa gauche, devant et derrière, il mourra de fatigue et de soif car
c'est le destin que le ciel réserve au vaincu. »
    Il se versa du
vin, le but et jetant à Rob un regard insistant :
    « Tu as
compris ?
    – Je crois,
sire...
    – Alors
commençons. »
    Rob commit des
erreurs que le chah corrigeait chaque fois avec un grognement. La partie ne fut
pas longue car ses troupes furent vite vaincues et son roi captif.
    « Une
autre ! » dit Ala avec satisfaction.
    Le second
combat fut aussi rapide que le premier mais Rob commençait à comprendre que le
chah, prévoyant ses mouvements, lui tendait des pièges comme dans une vraie
guerre. A la fin, il le congédia d'un geste.
    « Un bon
joueur peut éviter la défaite pendant des jours, dit-il. Et celui qui gagne
peut gouverner le monde. Mais tu n'as pas mal joué pour une première fois, et
ce n'est pas un déshonneur d'avoir subi le chahtreng car tu n'es qu'un Juif,
après tout. »
     
    Quel
soulagement de retrouver la petite maison du Yehuddiyyeh, le travail régulier
du maristan et des cours ! Au lieu du service de la prison, il fut très
heureux d'être admis à étudier les fractures, avec Mirdin, comme assistant de
Hakim Jalal ul-Din. Svelte, de type saturnien, riche et respecté, Jalal était
un des chefs de l'élite médicale à Ispahan, mais il ne ressemblait guère à ses confrères.
    « Ainsi
c'est toi Jesse, le barbier-chirurgien ?
    – Oui, maître.
    – Je ne
partage pas le mépris général pour ta profession ; il en est d'honnêtes et
d'habiles. Moi-même, avant d'être médecin, j'ai été rebouteux ambulant et je
n'ai pas changé en devenant hakim. Néanmoins, il faudra travailler dur pour
gagner mon estime, sinon, je te mettrai à la porte de mon service, et à coups
de pied aux fesses, encore ! »
    C'était un
grand spécialiste des os, inventeur d'éclisses capitonnées et d'appareils de
traction. Il apprit aux étudiants à palper du bout des doigts les chairs
contusionnées jusqu'à visualiser, comme ils l'auraient fait avec leurs yeux, la
blessure et le traitement qui convenait. Il n'avait pas son pareil pour
remettre en place les os et même les éclats d'une fracture, de manière que la
nature les ressoude en leur premier état.
    Il
s'intéressait curieusement aux criminels et leur avait parlé longuement d'un
berger assassin, tout récemment exécuté pour avoir sodomisé puis tué deux ans
plus tôt un camarade, qu'il avait enterré de l'autre côté des remparts. On
avait décidé d'exhumer le cadavre pour lui assurer au cimetière islamique une
sépulture et des prières qui le feraient admettre au paradis.
    « Venez,
dit Jalal à Rob et à Mirdin. C'est une occasion exceptionnelle :
aujourd'hui, nous serons fossoyeurs. »
    Sans savoir ce
qu'il avait tramé, ils le suivirent avec une mule, accompagnés d'un mullah et
d'un soldat du kelonter, jusqu'à la colline isolée indiquée par le meurtrier
lors de ses aveux.
    « Faites
attention », demanda Jalal quand ils se mirent à creuser.
    Ils
découvrirent bientôt les os d'une main puis mirent au jour le squelette entier
qui fut déposé sur une couverture.
    « C'est
l'heure de manger », dit alors le médecin en déballant le chargement de la
mule : une volaille rôtie, un somptueux pilah, de grosses dattes du
désert, des gâteaux au miel et un pot de sherbet.
    Laissant le
mullah et le soldat à leur déjeuner, qui serait sans doute suivi d'une sieste,
le maître et ses étudiants retournèrent en hâte étudier le squelette. La terre
avait fait son œuvre et les os étaient propres, sauf une tache de rouille à
l'endroit où le poignard avait frappé le sternum.
    « Remarquez
le fémur, dit Jalal, l'os le plus long et le plus fort du corps. Vous comprenez
pourquoi il est si difficile de réduire une fracture de la cuisse ? »
    Il leur fit
compter les douze paires de côtes qui forment la cage protectrice du cœur et
des poumons.
    « Avez-vous
déjà vu un cœur et des poumons d'homme ? demanda Rob.
    – Non, mais
Galien affirme qu'ils ressemblent beaucoup à ceux du porc, que nous
connaissons... Ne perdons pas de temps car ils vont revenir. Observez les sept
premières paires attachées au sternum par une matière souple, les trois
suivantes reliées par un tissu commun et les deux dernières qui restent libres
à l'avant. Allah n'est-il pas le plus merveilleux des architectes,
dhimmis ? n'a-t-il pas

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