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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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symbole de dépendance.
    « Pourquoi
ne t'a-t-il pas affranchie ?
    – Comme sa
propriété et sa seconde épouse, je suis doublement protégée.
    – Et s'il
arrivait maintenant ? dit-il, en songeant à l'escalier sans issue.
    – Wasif veille
en bas et le dissuaderait de monter. D'ailleurs il est près de Reza et ne
quitte pas sa main. »
    Rob la regarda
et sentit la culpabilité qui avait grandi en lui à son insu. Il aimait cette
petite beauté au teint d'olive, avec ses seins de gamine, son ventre doux et sa
bouche ardente. Il était désolé de sa vie de recluse dans sa confortable
prison, et ne lui reprochait rien. Mais il s'était mis à aimer le vieil homme à
l'admirable intelligence et au gros nez.
    Il se leva et
commença à se rhabiller.
    « Je
resterai ton ami. »
    Elle n'était
pas sotte et l'observait avec intérêt.
    « Tu es
venu ici presque chaque nuit et tu t'es soûlé de moi. Si j'envoie Wasif dans
deux semaines, tu reviendras. »
    Il la baisa
sur le nez juste au-dessus de l'anneau. Et, monté sur le cheval brun, il rentra
lentement sous la lune, se demandant s'il n'était pas un grand imbécile.
    Onze nuits
plus tard, Wasif frappa à sa porte. Despina avait raison ; il fut
terriblement tenté. Allait-il se vanter jusqu'à la fin de ses jours d'avoir
possédé encore et encore la jeune épouse pendant que le vieux mari était
ailleurs dans la maison ?
    « Dis-lui
que je ne viendrai plus. »
    Les yeux de
Wasif brillèrent sous ses lourdes paupières et, avec un sourire de mépris pour
ce Juif timoré, il repartit sur son âne.
    Reza la Pieuse
mourut trois jours plus tard à l'heure de la première prière. A la madrassa et
au maristan, on raconta qu'Ibn Sina avait fait lui-même la dernière toilette de
sa femme et qu'il n'avait admis à ses simples funérailles que quelques mullahs.
On ne le voyait plus ni à l'école ni à l'hôpital et personne ne savait où il
était. Un soir, une semaine après la mort de Reza, Rob rencontra al-Juzjani en
train de boire au maidan.
    « Assieds-toi,
dhimmi, lui dit le médecin, qui redemanda du vin.
    – Hakim,
comment va le médecin-chef ? »
    La question
resta sans réponse.
    « Il te
croit différent des autres. Un étudiant exceptionnel, dit al-Juzjani avec une
animosité qui, chez un autre, eût trahi de la jalousie. Et, si tu n'es pas
exceptionnel, dhimmi, tu auras affaire à moi ! »
    En fait, il
était ivre. Il y eut un long silence.
    « J'avais
dix-sept ans quand nous nous sommes rencontrés à Jurjan. A peine plus âgé que
moi, il était éblouissant. Mon père conclut un accord : Ibn Sina
m'enseignerait la médecine et je serais son factotum. Il m'a appris les
mathématiques, m'a dicté plusieurs livres, dont la première partie du Canon
de médecine , à raison de cinquante pages par jour. Quand il a quitté
Jurjan, je l'ai suivi dans une douzaine d'endroits. L'émir du Hamadhan l'avait
nommé vizir mais l'armée s'est révoltée et il s'est retrouvé en prison. On
voulait le tuer, puis on l'a relâché, le veinard ! Enfin l'émir est pris
de douloureuses coliques, Ibn Sina le guérit et redevient vizir !
    « Médecin,
vizir ou prisonnier, je ne l'ai jamais quitté. Il était devenu mon ami et mon
maître. Les élèves se réunissaient chez lui chaque soir et je lisais ses livres
à haute voix. Reza veillait à ce que nous soyons bien nourris. Puis nous
buvions beaucoup, on allait voir les femmes ; c'était le plus gai des
compagnons. Il collectionnait les aventures et Reza le savait mais elle
l'aimait toujours... Maintenant, elle est morte, et il se consume. Il renvoie
ses vieux amis et se promène seul, dans la ville, distribuant des dons aux
pauvres.
    – Hakim, dit
doucement Rob, pourrai-je vous voir chez vous ?
    – Etranger,
laisse-moi maintenant. »
     
    Il attendit
une semaine, puis un après-midi s'en fut à cheval chez Ibn Sina. Il le trouva
seul, le regard serein. Ils s'assirent confortablement l'un près de l'autre,
tantôt parlant, tantôt se taisant.
    « Vous
étiez déjà médecin quand vous l'avez épousée, maître ?
    – J'ai été
reçu hakim à seize ans et j'en avais dix quand nous nous sommes mariés, l'année
où j'ai appris le Coran et entrepris l'étude des plantes médicinales.
    – A cet âge,
dit Rob impressionné, je me démenais pour devenir bateleur et
barbier-chirurgien. » Et il raconta à Ibn Sina comment le Barbier avait
formé l'orphelin.
    « Que
faisait ton père ?
    – Il

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