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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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seldjoukides dans les montagnes de Médie, mais elles
n'avaient pas attaqué. A Ghazna, les gens étaient atteints de démangeaisons et
l'on ne s'était pas arrêté, de peur que les chameliers attrapent la maladie
avec des femmes. Pas d'épidémie au Hamadhan, mais un chrétien avait apporté une
fièvre européenne, et le mullah interdisait tout contact avec les diables
infidèles.
    « Comment
se manifeste cette maladie ? »
    Sadi
l'ignorait, n'étant pas médecin. Il savait seulement que personne n'approchait
l'étranger, sauf sa fille.
    « Le
chrétien a une fille ? »
    Oui, et Boudi,
le marchand de chameaux, les avait vus tous les deux. Ils se mirent à sa
recherche. C'était un homme chétif au regard sournois, qui crachait sans cesse
une salive rougie de bétel. Il prétendait ne rien se rappeler mais une pièce de
monnaie lui rafraîchit la mémoire : il les avait vus, à cinq jours de là,
vers l'ouest, à une demi-journée de Datur. Le père avait de longs cheveux gris,
pas de barbe et un vêtement noir comme un mullah. La femme était grande, jeune,
avec une chevelure bizarre, plus claire que le henné.
    « Et les
domestiques ?
    – Je n'ai vu
personne. »
    Ils s'étaient
sans doute enfuis, se dit Rob.
    « Avait-elle
de quoi manger ?
    – Je lui ai
donné un panier de légumes secs et trois pains.
    – Pourquoi lui
as-tu donné cela ? »
    Effrayé par le
regard qui le perçait à jour, le marchand haussa les épaules et tira de son sac
un couteau, en le présentant par le manche. Or, la dernière fois que Rob avait
vu ce couteau, c'était à la ceinture de James Geikie Cullen.
     
    S'il s'était
confié à Karim et Mirdin, ils auraient insisté pour l'accompagner. Or il tenait
à partir seul. Il laissa donc un message au bibliothécaire.
    « Je pars
pour une affaire personnelle que je leur expliquerai à mon retour. »
    Il ne prévint
que Jalal, qui grogna en apprenant qu'il s'agissait d'une femme, puis se calma
après avoir vérifié qu'il aurait assez d'étudiants pour assurer le service.
    Rob entreprit
le lendemain matin ce long voyage, à une allure régulière pour ménager son
cheval, et gardant toujours à l'esprit l'image d'une femme seule, près de son
père malade, dans un pays étranger et sauvage. C'était l'été et les eaux
printanières avaient déjà séché sous le soleil de cuivre. La poussière salée de
la Perse s'insinuait partout, dans ce qu'il mangeait, dans l'eau qu'il buvait.
Les fleurs sauvages brunissaient mais les gens cultivaient le sol rocheux en
réservant aux vignes et aux dattiers la moindre humidité, comme on le faisait
depuis des milliers d'années.
    Au soir du
quatrième jour, il était à Datur. Reparti dès l'aube, il trouva dans le petit
village du Gusheh un marchand qui accepta sa pièce et la mordit avant de
répondre : tout le monde connaissait les chrétiens, ils vivaient près de
l'oued d'Ahmad, un peu plus loin vers l'ouest. Ne voyant pas l'oued, il
interrogea deux bergers, un vieux et un gamin. Le vieux cracha, et Rob dut
tirer son épée avec un regard menaçant pour obtenir un geste dans la bonne
direction. Puis le gamin prit sa fronde et envoya une pierre qui manqua son
but, cochant sur les rochers derrière lui.
    Il arriva
brusquement devant l'oued ; le lit était presque à sec, mais les crues
précédentes avaient laissé un peu de verdure dans les coins d'ombre. Il longea
un bon moment avant de voir la petite maison de pierre et de boue séchée. Mary
était dehors ; elle faisait la lessive et, en l'apercevant, elle bondit
comme une sauvage pour se réfugier à 'intérieur. Le temps qu'il mette pied à
terre, elle avait tiré contre la porte quelque chose de lourd.
    « Mary.
    – C'est
toi ?
    – Oui. »
    Il y eut un
silence, puis le bruit de la pierre qu'elle retirait et la porte s'entrouvrit.
Il se rendit compte qu'elle ne l'avait jamais vu avec sa barbe et son costume
persan : elle ne connaissait que le chapeau de cuir. Elle tenait l'épée de
son père.
    L'épreuve
avait marqué son visage émacié, faisant ressortir les yeux, les larges
pommettes et le long nez fin. Ses lèvres étaient gonflées et meurtries comme
chaque fois qu'elle était fatiguée, et ses joues souillées de fumée portaient
les traces de ses larmes. Mais ses paupières battirent et il la vit redevenir
aussi présente qu'il l'avait toujours connue.
    « S'il te
plaît, peux-tu l'aider ? »
     
    Quand Rob vit
James Cullen, son cœur défaillit. Il était

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