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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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morts depuis deux mois quand sa douleur abdominale le reprit.
    « C'est
comme si j'avais un djinn dans le ventre qui me griffe les intérieurs, les tord
et les déchire », dit-il à Rob qui l'interrogeait.
    Ayant réussi à
s'effrayer lui-même, il regarda le hakim d'un air suppliant pour être rassuré.
Il n'était plus fiévreux comme lors de la crise qui l'avait amené au maristan
et son ventre restait souple. Rob lui prescrivit de boire fréquemment une
infusion à base de vin et de miel, que Qasim prit avec plaisir car il était
buveur et la sobriété imposée par les règles religieuses l'avait fort éprouvé.
Il passa donc quelques semaines agréables, dans un état de légère ébriété, à
traîner en bavardant avec les uns et les autres. Les sujets ne manquaient pas.
    L'imam
Qandrasseh avait quitté la ville malgré sa victoire sur le chah. On disait
qu'il avait fui chez les Turcs seldjoukides et qu'il en reviendrait avec-une
armée pour déposer Ala et mettre à sa place un musulman de stricte observance –
lui-même peut-être ? – sur le trône de Perse. En attendant, rien n'avait
changé, les sinistres mullahs continuaient à arpenter les rues, car le vieux
renard avait laissé son disciple Musa ibn Abbas comme gardien de la foi à
Ispahan.
     
    Le roi,
invisible, ne bougeait plus de son palais ; plus d'audiences, ni fêtes, ni
chasses, ni invitations à la cour depuis l'exécution de Karim. Si l'on avait
besoin d'un médecin au palais, on demandait al-Juzjani ou un autre, en
l'absence d'Ibn Sina, mais jamais Jesse ben Benjamin. Le dhimmi, en revanche,
reçut un cadeau pour son second fils. C'était après la circoncision. Rob, cette
fois, avait invité lui-même les voisins. Reb Asher Jacobi, le mohel, souhaita
que l'enfant grandisse en vigueur pour une vie active et généreuse, on calma
les cris du circoncis avec une mouillette de vin et il reçut le nom de Tarn,
fils de Jesse.
    Ala, qui
n'avait rien offert à la naissance de Rob J., envoya un élégant petit tapis
bleu pâle en laine mêlée de soie et frappé en bleu foncé de la couronne royale
des Samanides. Rob le trouvait beau et voulait le mettre près du berceau, mais
Mary, irritable depuis l'accouchement, s'y opposa. Elle acheta un coffre, en
bois de santal pour éloigner les mites, et y rangea le tapis.
     
    En l'absence
d'Ibn Sina, Rob participa à un jury d'examen. Honteux qu'on pût le croire
envieux de place du maître, il fit pourtant de son mieux, se prépara comme un
candidat et non un examinateur, posa des questions choisies pour faire valoir
le savoir de l'étudiant et non pour l'embarrasser. Sur quatre candidats, trois
furent reçus médecins. Le quatrième, convoqué pour la troisième fois sur
l’insistance de son père, riche et puissante relation du hadji Davout Hosein,
était un bon à rien, paresseux, négligent et indifférent aux malades ; il
l'avait pas mieux préparé cet examen que les deux précédents. Rob le
connaissait pour avoir fait ses études avec lui. Sachant quelle aurait été la
décision d'Ibn Sina, il rejeta sans regret sa candidature, les autres
examinateurs l'approuvèrent et la commission se sépara.
    Quelques jours
plus tard, Ibn Sina vint au maristan.
    « Heureux
retour, maître ! lui dit Rob avec joie.
    – Je ne
reviens pas », répondit le vieil homme, qui semblait las et usé.
    Il voulait
être examiné à fond par al-Juzjani et Jesse. Ils reprirent avec lui toute
l'histoire de son mal : le double choc de la mort de Reza et de Despina.
Une faiblesse grandissante qui lui rendait impossible le moindre effort. Il
avait cru aux symptômes d'une mélancolie aiguë.
    « Car
nous savons tous que l'esprit peut produire dans le corps des phénomènes
étranges et terribles. »
    Mais, depuis
peu, ses selles étaient mêlées de mucosités, de pus et de sang. Palpant,
pressant, interrogeant et prêtant l'oreille, ils ne négligèrent rien et Ibn
Sina, patiemment, se prêta à tout. Enfin, al-Juzjani, pâle, mais se voulant
optimiste, diagnostiqua « un flux de sang, dû à l'aggravation des
émotions ». L'intuition de Rob était autre. Il regarda son maître
bien-aimé.
    « Je
crois qu'il s'agit d'une tumeur, au premier stade.
    – Un cancer de
l'intestin ? » dit Ibn Sina aussi calmement qu'il aurait parlé d'un
patient sans l'avoir jamais vu.
    Rob acquiesça,
refusant de penser à ce que serait cette lente torture. Al-Juzjani enrageait
d'être contredit ; l'amour même qu'il

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