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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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s'absorber ans sa lecture et commençait enfin à
progresser.
    Pendant le
sabbat, il s'occupa des feux, plus tard, il aida le charpentier, puis Rohel, la
petite-fille du rabbenu, lui apprit à traire les vaches. Elle avait la peau
blanche et de longs cheveux noirs, une petite bouche et de grands yeux bruns.
Elle ne quittait pas Rob des yeux et soupirait de temps en temps.
    Resté seul, il
s'exerçait à poser sur sa tête une petite couverture de sa jument, comme s'il
s'agissait d'un tallit ; et il se balançait en priant au rythme paisible
de Meir, qu'il préférait aux dévotions plus vigoureuses de Reb Pinhas le
laitier.
    Apprendre leur
langue serait plus difficile, alors que le persan lui coûtait encore tant
d'efforts.
    Ces gens aimaient
les amulettes. A droite, en haut de chaque porte, était cloué un petit tube en
bois, une mezouzah , qui contenait, lui expliqua Simon, des parchemins
roulés portant le mot Shaddai , le Tout-Puissant, et au verso vingt-deux
lignes du Deutéronome. Tous les matins, sauf le jour du sabbat, les hommes
adultes s'attachaient aussi, au bras et à la tête, deux petites boîtes, les tefillim  ;
dedans, des extraits de la Torah, le livre sacré. La boîte du front se trouvait
près de l'esprit et l'autre, au bras, près du cœur ; telles étaient en
effet les prescriptions du Deutéronome. Mais Rob ne réussissait pas à bien
fixer les tefillim et il n'osait pas demander à Simon.
    Pourtant, les
Juifs avaient l'art d'enseigner et il apprenait chaque jour. On lui avait dit
autrefois que le Dieu de la Bible était Jéhovah.
    « Non,
lui dit Meir, sache que notre Seigneur Dieu, qu'il soit loué, a sept noms.
Voici le plus sacré. »
    Et avec un
charbon, il écrivit sur le plancher, en persan et dans sa langue, le mot Yahvé .
    « On ne
le prononce jamais car l'identité du Très-Haut est inexprimable. Les chrétiens
l'ont déformé ; ce n'est pas Jéhovah, tu comprends ? »
    Le soir, sur
son lit de paille, il se répétait les mots, les coutumes, une phrase, un geste
observés ans la journée et qui pourraient lui être utiles un jour.
     
    « N'approche
pas la petite-fille du rabbenu, lui dit un jour Meir en fronçant les sourcils.
    – Elle ne
m'intéresse pas. »
    Ils ne
s'étaient jamais revus depuis qu'ils avaient parlé à la laiterie.
    « Bon.
Une femme avait remarqué qu'elle te regardait avec beaucoup d'intérêt et le
rabbenu m'a prié de t'en parler. Car, dit Meir en se posant un doigt sur le
nez, " un seul mot à un homme âge vaut mieux qu'un an de débat avec
un sot ".
    Rob était
contrarié : il tenait à rester à Tryavna pour observer les Juifs et
étudier le persan.
    « Je ne
veux pas d'histoires pour une femme, dit-il.
    – Bien sûr.
L'ennui, c'est que cette fille devrait être mariée. Elle est fiancée depuis
l'enfance avec le petit-fils de Reb Baruch. Tu vois qui c'est ? Un grand
maigre, visage allongé, nez pointu. Il est toujours assis derrière le feu dans
la maison d'étude.
    – Ah ! Ce
vieillard au regard féroce ?
    – C'est un
remarquable érudit, il aurait pu être notre rabbenu. Le rabbenu et lui ont
toujours été rivaux en connaissances, en même temps qu'intimes amis. Ils
avaient donc arrangé cette alliance entre leurs petits-enfants pour unir les
deux familles. Et puis une terrible querelle a mis fin à leur amitié.
    – A quel
sujet ? demanda Rob, que les potins de Tryavna commençaient à amuser.
    – Ils ont
présidé ensemble à l'abattage d'un jeune taureau. Tu dois comprendre que nos
lois à ce sujet sont anciennes et comportent des règles sujettes à
interprétations contradictoires. On a découvert une petite tache sur le poumon
de l'animal. Etait-ce sans conséquence ou la viande était-elle souillée ?
L'un invoqua des précédents, l'autre contesta son érudition. Le rabbenu perdant
patience fit couper la bête en deux, et rapporta sa part chez lui. Mais
réfléchissant que l'autre avait jeté la sienne aux ordures, il finit par en
faire autant.
    « Depuis,
ils s'opposent à tout propos : Si Reb Baruch dit noir, le rabbenu dit
blanc. On a ainsi laissé passer les douze ans de Rohel, qui auraient pu
consacrer son mariage. Puis le .promis est parti près de deux ans en voyage à
l'étranger avec son père et d'autres membres de la famille. La pauvre Rohel est
une agunah , une femme abandonnée : adulte sans mari, elle a des
seins mais pas d'enfants à allaiter. Cela devient un scandale. »
     
    Meir avait
bien fait

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