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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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mais
il est probable que le vertueux Truanus voulait là aussi opérer une
substitution de cultes : depuis la plus haute antiquité, les gens du pays
devaient honorer sur le sommet du dyke une divinité lumineuse, Lug-Mercure, à l’époque
gauloise. C’était une véritable gageure de bâtir quelque chose sur le sommet de
cette étroite pyramide, et le premier travail des constructeurs fut de tailler,
à même le rocher, qui est en pierre de lave, un chemin pour y accéder. Il
subsiste encore quelques vestiges de ce sentier primitif dans les 268 marches
qui conduisent de la base au niveau de la chapelle.
    À la base, on construisit, au XII e  siècle,
un porche de style roman auvergnat, flanqué de deux colonnes surmontées de chapiteaux
supportant une archivolte moulurée à claveaux blancs et noirs, et décorée de
sphères. On a voulu signifier, par ce porche, qu’on entrait dans un domaine
angélique, car c’est en effet la montagne tout entière qui est consacrée aux
Anges : on n’accédait à la chapelle Saint-Michel qu’après s’être arrêté, au
cours de l’ascension, auprès de deux oratoires aménagés dans le roc. Le premier,
qui n’existe plus aujourd’hui, était consacré à l’Archange Gabriel, et le
second, à mi-chemin, disparu également, était une petite chapelle dédiée à l’Archange
Raphaël. Entre l’oratoire de Raphaël et le sommet, une autre chapelle avait été
creusée, sous le vocable de saint Guignefort, un saint vénéré dans le Massif
Central, et qui semble bien être la version christianisée et fortement
édulcorée d’une divinité archaïque de la fécondation [11] .
Et partout, on distingue des creux sur la paroi, comme si l’on avait voulu
rappeler le souvenir de la grotte du Monte-Gargano : car il ne faut pas
oublier que Le Puy-en-Velay était un nœud de routes de pèlerinages entre l’Europe
du Nord et la Méditerranée, et que l’établissement d’un sanctuaire sur le mont
Aiguilhe était une conséquence directe de l’instauration du culte michaélique
dans les Pouilles.
    Sur le sommet, la chapelle de l’Archange fait corps avec le
rocher. La porte de droite, qui ouvre sur le chemin de ronde, est un des
derniers vestiges du modeste ermitage qui porta même le nom d’abbaye de Séguret,
c’est-à-dire « lieu sûr », et qui abrita quelques ermites chargés de
veiller sur le sanctuaire. La porte de la chapelle s’ouvre sur un arc trilobé, et
l’ensemble est supporté par deux petites colonnes aux chapiteaux ouvragés. Celui
de droite représente deux diacres portant des lys à la main. Sur le chapiteau
de gauche, sont représentés des aigles prêts à s’envoler. Et de hideux animaux,
sortes de chiens à pieds bovins, qui s’élancent pour fuir, de chaque côté de la
porte, rappellent évidemment le combat de Michel contre les forces obscures. Enfin,
le linteau représente deux sirènes qui semblent soutenir l’ensemble du portail
et vouloir s’écarter, comme si elles étaient les gardiennes du seuil. Elles n’ont
rien de maléfique, mais leur présence ici peut étonner. Après tout, comme dans
la cathédrale de Clonfert, en Irlande, la sirène représente sans doute l’antique
déesse-mère, divinité de la terre et des eaux, force tellurique incontestable, qui
cède la place au culte céleste représenté ici par saint Michel. Il est fort
possible que cette image soit un lointain souvenir du mythe d’Apollon vainqueur
du serpent Pythôn. Quant à l’arc trilobé qui surmonte le portail, il est
inspiré de scènes de l’Apocalypse. Et tout en haut, complétant ainsi la façade,
on peut voir une frise constituée par cinq bas-reliefs sculptés, dont le
personnage central est le Christ bénissant et présentant le « Livre de Vie ».
À sa droite, se trouvent la Vierge et saint Jean, à sa gauche, saint Michel et
saint Pierre.
    Le sanctuaire proprement dit est constitué par un quadrilatère
de quatre mètres de côté, enchâssé littéralement dans les aménagements omans du
XIII e  siècle, et forme actuellement le
chevet de la chapelle. Comme à Notre-Dame-de-Sous-Terre, au Mont-Saint-Michel, il
s’agit du lieu de culte le plus ancien de ce site, et son style est également
pré-roman. L’édifice est surmonté d’un clocher à cinq étages, qui date de la
fin du XIII e  siècle, et qui est une
réplique miniaturisée du clocher de la cathédrale du Puy. À l’intérieur, parmi
des fresques très anciennes et en

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