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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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assez mauvais état, on peut remarquer une
Vierge qui écrase la tête du Serpent, et, bien sûr, une statue de saint Michel.
Cette statue est assez fruste, assez raide et difficile à dater. Mais ce qui
surprend, c’est que saint Michel est représenté en guerrier gaulois. N’est-ce
pas là la preuve évidente que l’Archange de lumière n’a fait que succéder au
Mercure-Lug des anciens Gaulois ?
    Il émane de cet ensemble une plénitude et une sérénité tout
à fait exceptionnelles. On se sent dans un endroit privilégié, à mi-chemin
entre le Ciel et la Terre, sur une cheminée de volcan qui menace peut-être d’éclater
un jour et de renverser l’équilibre du monde. On comprend alors pourquoi, comme
au Mont-Saint-Michel au Péril de la Mer, les hommes ont tant tenu à édifier un
sanctuaire en l’honneur du plus brillant des Archanges. Il fallait qu’il y eût
un gardien des forces telluriques menaçantes. Saint-Michel d’Aiguilhe pourrait
être nommé « Saint-Michel au Péril de la Terre ». Les motivations
sont les mêmes, mais la Terre, avec ses silences parfois sournois, est
peut-être plus dangereuse encore que la Mer qu’on voit rouler dans le vent et
dans le soleil. Ici, comme une sorte de socle sur les mondes enfouis, saint
Michel veille sur le feu souterrain. Et, de l’autre côté de la ville, sur un
autre cône volcanique, la Vierge Marie lui répond et le conforte dans sa
mission salvatrice. Saint-Michel d’Aiguilhe est, avec l’ancien Mont-Tombe, l’un
des pôles essentiels de l’équilibre qui maintient l’univers entre le Jour et la
Nuit, entre la chaleur du soleil et la froideur des étoiles trop lointaines
pour qu’on puisse sentir la force redoutable qu’elles recèlent en leur noyau de
feu.

DEUXIÈME PARTIE

L’Archange et le Démon

I

LES SAINTS ET LES ANGES
    Angelus nuntiavit Mariae … Cette
pieuse psalmodie a bercé mon enfance comme elle a tourmenté autrefois des
générations de Chrétiens rythmant leurs journées au gré d’une sonnerie de
cloches évadée d’une tour et prolongeant à l’horizon le son infini du message
divin. Mais les temps ne sont plus ce qu’ils étaient. Les sonneries de cloches,
provoquées par la « fée électricité » (la laïcité est partout !),
disparaissent progressivement sous prétexte qu’elles agressent les citadins
dans leur sommeil matinal et qu’elles les dérangent, le soir, dans leur nouveau
culte du feuilleton télévisé. L’ Angelus de
Millet est certes un chef-d’œuvre, de naïveté autant que de peinture, mais il
est relégué au musée. Là, il ne dérange personne.
    Le Christianisme a pourtant été bercé par les Anges, et
leurs voix célestes ont inspiré bien des musiciens, célèbres ou anonymes, qui
essayèrent tant bien que mal de traduire à l’usage des hommes ce que, dans
certains cas, on appelle le « langage des Oiseaux ». Du reste, l’analogie
entre l’Ange et l’Oiseau n’est plus à démontrer. Et si, de nos jours, on préfère
la pompeuse dénomination scientifique de « musique des sphères », il
faut bien avouer que tout cela appartient au domaine merveilleux du
supranaturel, de ce que l’être humain cherche désespérément à apercevoir
lorsque son horizon n’est pas bouché par des cubes de béton qui surgissent de
la terre comme des chancres indestructibles, retenant sous leurs redoutables
pesanteurs les énergies qu’autrefois on savait encore palper lorsqu’on marchait
pieds nus sur un chemin de terre. Les Anges sont devenus ce qu’est le Père Noël :
une image de film fantastique. Et s’ils sont curieusement armés de « désintégrateurs »
miracles, il faut s’en prendre à l’imagination de nos auteurs de
science-fiction.
    Et pourtant… À ce que raconte la Genèse (III, 24), Yahvé-Dieu « posta devant le jardin d’Éden les Chérubins et la
flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l’Arbre de Vie ». Si
les approches du phénomène sont maintenant totalement différentes – un pur
divertissement face à une réflexion métaphysique –, l’imagerie a peu évolué au
cours des siècles, même si elle se colore d’éléments apparemment empruntés à la
Science qui régit notre univers. Et sans tomber dans l’exégèse rationalisante d’une
certaine école soviétique qui s’est donné pour tâche de démystifier les mythes,
il faut bien reconnaître que les « cent mille soleils » de l’explosion
nucléaire valent bien le

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