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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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glaive de feu de l’Ange exterminateur. Il est d’ailleurs
utile de savoir que le mot « Chérubin » qui désigne une certaine
catégorie supposée d’Anges, provient d’une racine signifiant « brûler »,
et que toutes les références établies à propos des Anges évoquent une
luminosité intense et parfois insoutenable.
    Mais tout cela concerne des images transmises de générations en générations et dont l’origine est difficile à
cerner. De plus, ces images ne nous sont pas livrées avec leur code d’interprétation,
ce qui rend toute explication hasardeuse ou contestable. La fameuse querelle
byzantine sur le sexe des Anges en demeure l’exemple le plus frappant, même si
elle prête à rire et si elle sert d’argument pour démontrer l’inanité des
spéculations métaphysiques ou religieuses. Le temps n’est plus où chaque fidèle
chrétien croyait en la présence perpétuelle à ses côtés d’une entité
protectrice invisible, son Ange gardien : on se borne maintenant à
considérer comme une curiosité les représentations d’angelots joufflus tant de
fois multipliées sur les peintures murales ou les bas-reliefs des églises de
style baroque, et qui, à coup sûr, appartiennent davantage à la plate
mythologie gréco-romaine qu’à la pensée théologique chrétienne. Le « ce
qui va de soi » triomphe. Et il est bien connu que les Anges sont de beaux
et jeunes hommes – ou de charmants petits garçons – à vrai dire quelque peu
androgynes, qui réveillent, en tout état de cause, les pulsions inconsciemment
pédophiles des êtres humains. Mais ces beaux garçons ont une particularité : ils ont des ailes .
    Certes, Éros, fils de Vénus, comme les génies de toutes les
mythologies orientales, est représenté avec des ailes. Et Hermès-Mercure, le
dépositaire des secrets des Dieux, mais aussi leur messager ,
a été vu portant de petites ailes à ses chevilles, d’où provient sans aucun
doute sa fonction de protecteur des voyageurs et de guide des âmes vers l’Au-Delà.
Ce ne serait pas la première fois que la religion chrétienne aurait emprunté
les éléments fondamentaux de ses croyances à des mythologies plus anciennes qui
avaient le mérite d’exister et d’être parlantes pour les premiers Chrétiens, surtout ceux des cités hellénistiques et de Rome
qui se trouvaient plongés alors dans le plus extraordinaire tourbillon de syncrétisme
qui ait jamais eu lieu.
    Cependant, les Anges sont présents dans la Bible hébraïque. Cela
ne veut pas dire que les Juifs en soient les inventeurs : il n’y a plus à
prouver les influences phéniciennes et mésopotamiennes sur la tradition
religieuse des Hébreux ; elles sont trop nettes et trop précises pour qu’on
puisse en douter un seul instant. Le génie hébraïque a consisté à opérer une
synthèse – et non pas un syncrétisme – parfaitement harmonieuse entre toutes
les données théogoniques et théologiques du Moyen-Orient, d’où l’intérêt
prodigieux que représente la Bible pour l’étude de l’évolution religieuse de l’humanité
aux endroits mêmes où s’opérait le phénomène d’urbanisation, facteur d’innovations
et d’expériences sans précédent, qui allait provoquer la naissance d’une
nouvelle société et permettre à la Grèce de devenir ce qu’on a – peut-être un
peu inconsidérément – appelé le « creuset du miracle grec ». Quoi qu’il
en soit, de ce bouillonnement d’idées, de croyances et d’observations en tous
genres, allait surgir ce qu’il est convenu de nommer la « civilisation ».
Et la Bible hébraïque y a sa part, probablement l’une des plus importantes.
    Or, au fur et à mesure que les mythologies se compliquent, faisant
apparaître des multiplicités de Dieux qui sont autant de symboles fonctionnels
d’une unique divinité innommable et incommunicable (du type de Yahvé), et que s’épurent
les grandes lignes d’une réflexion philosophique conduisant à la théologie, la
nécessité d’entités médiatrices entre le Divin et l’Humain se fait cruellement
sentir. Et sans aller jusqu’à Jésus-Christ qui est le médiateur parfait puisqu’il
est l’Homme-Dieu, c’est-à-dire le Dieu manifesté dans le phénomène, c’est là qu’intervient
le concept d’ Ange .
    En effet, le mot Ange signifie avant tout le « messager ». Qui entend la voix d’un Ange
entend la voix de Dieu lui-même, mais en des termes compréhensibles. En

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