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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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somme, les
Anges sont de véritables traducteurs de la
parole divine qui demeurerait, dans un cadre théologique et non plus mythologique
(dans la tradition grecque, les Dieux interviennent eux-mêmes en prenant forme
humaine), totalement incompréhensible pour toute oreille humaine, puisque le
Parfait est incommunicable à l’Imparfait.
    Cependant, dans les récits bibliques, ce concept d’Ange est
loin d’être clairement défini. La première mention de son existence intervient
lors de l’expulsion d’Adam et Ève du Paradis, lorsque la porte du jardin d’Éden
est gardée et interdite par le glaive de feu. La tradition des Pères de l’Église
prétend, sans aucune référence ni justification, que c’est l’Archange Michel
qui garde ainsi les portes du Paradis terrestre. Le texte de la Genèse (III, 24) n’en fait nulle mention : il
se contente de dire que Yahvé-Dieu « posta devant le jardin d’Éden les
Chérubins ». Il y a un rapport évident – et presque un doublet – entre le
glaive de feu et les Chérubins, puisque le mot Chérubins semble signifier les « brûlants ».
Mais, de Michel, point. Et la Genèse se garde
bien de préciser le rôle exact de ces Chérubins. Il faudra pour ce faire attendre
les Pères de l’Église, dont la puissance d’imagination n’a d’égale que leur
profonde connaissance des « superstitions » du paganisme.
    En fait, le premier livre de la Bible, qui est le plus
intéressant pour l’historien des religions, n’opère pas de distinction fondamentale
entre l’Ange du Seigneur et le Seigneur lui-même. À ce qu’il semble, l’Ange n’est
pas une entité hétérogène au divin. Il y participe pleinement en vertu d’un
raisonnement de la plus pure dialectique qui est celui-ci : l’Ange est émanent de l’ immanent pour le permanent , c’est-à-dire que l’Ange est
une émanation temporaire et transitoire de Dieu, qui est immanence pure, pour
établir le contact avec la créature qui se trouve dans le plan de la permanence,
ou encore des réalités relatives par rapport au Divin. C’est ce qui ressort du
passage de la Genèse (XVI, 13) où l’identification
est nette entre l’Ange et Yahvé. Et dans la plus grande partie de l’Ancien
Testament (notamment dans Genèse , XVI, 7, XXI,
17, XXII, II, ainsi que dans Exode , III, 2 et
XXIII, 20), l’Ange n’apparaît pas comme un être créé distinct de Dieu : c’est
réellement Dieu sous la forme visible avec laquelle les humains peuvent
communiquer. Il arrive aussi que cet Ange, comme dans un passage de l’ Exode (XII, 23), soit l’exécuteur de la vengeance
divine : il revêt alors la fonction destructrice de la divinité, fonction
commune dans les religions orientales et pudiquement escamotée dans le
judéo-christianisme parce que contradictoire avec la notion de charité.
    C’est dans le Nouveau Testament que les Anges acquièrent
leur autonomie et leur hétérogénéité par rapport à Dieu. Faut-il y voir une
profonde influence de certaines sectes hébraïques comme celle des Esséniens, ou
de certains courants philosophiques d’origine orientale comme en véhiculait la
civilisation hellénistique, ou encore de la philosophie grecque classique ?
Il est difficile de répondre. On peut seulement constater que plus l’accent a
été mis sur la plénitude d’un Dieu suprême et unique, très éloigné de sa
création mais préoccupé par elle, plus apparaissait la nécessité de puissances
intermédiaires. Les Anges font donc irruption dans les Évangiles, les Actes des
Apôtres, et surtout, dans une sorte d’apothéose monumentale, dans l’Apocalypse,
où la révélation se réalise par eux, avec le
concours de ce mystérieux Jean, qui n’est peut-être pas l’Évangéliste, mais qui
n’en est pas moins, comme son nom l’indique, le « Témoin de la Lumière ».
Désormais, l’Ange est une entité individuelle, personnalisée et parfois nommée :
ainsi découvre-t-on l’annonciateur Gabriel, dont le nom signifie « qui se
tient devant Dieu », le médiateur Raphaël, « Dieu a guéri », et
le prince de lumière Mikhaël, autrement dit Michel, qui pose, dans son nom, une
question toujours sans réponse : « Qui est comme Dieu ? »
Cette entité est d’essence spirituelle ; comme Dieu, invisible sauf quand
elle doit se manifester aux humains, donc douée de pouvoirs très étendus, capable
d’intervenir à tout moment et en tout endroit sur l’ordre de

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