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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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influences gnostiques certaines, et intitulé « Livre
de l’intronisation de l’Archange Michel ». Il y est question de ce « drame
dans le ciel » qu’on retrouve évoqué dans de nombreux textes, à propos de
la chute des Anges et du « combat » symbolique qui s’ensuivit. On
apprend que le Déchu, c’est-à-dire Satan, fut précipité du ciel le II du mois
de Hathôr, à la onzième heure du jour, autrement dit à l’heure où le soleil décline
et va bientôt disparaître. Alors se produit le « combat dans le ciel ».
Puis le 12 du mois de Hathôr, Dieu convoque les Anges autour du Trône de
Lumière : « Il fit prendre place sur son propre Trône à l’Ange, grand
et fort, dont le nom est Mikhaël. Et toute la gloire qui avait été retirée de
Mastêma (le Déchu) fut donnée à Mikhaël. Le diadème de la lumière de la joie
fut posé sur la tête de Mikhaël. Le sceptre de la justice lui fut confié. Les
sandales de la paix furent mises à ses pieds. Il fut intronisé sur le monde de
la Lumière et sur le monde terrestre… Le Ciel et la terre se réjouissent en se
représentant l’intronisation de l’Archange Mikhaël, l’ordonnateur de la vie. »
    Il est bien évident que cette intronisation reste tout aussi
symbolique que le « drame dans le ciel ». Et pourtant, cette intronisation
de l’Archange de Lumière est un événement réel si l’on conçoit cette réalité comme appartenant au monde imaginal  : « C’est un événement de l’“histoire
dans le ciel”, la hiéro-histoire dont le temps propre est le temps liturgique. Le
temps liturgique n’est pas un temps linéaire. C’est par excellence un temps
cyclique. Et comme temps cyclique, c’est un temps essentiellement réversible, tempus recurrens . Mais comme temps cyclique, c’est
aussi un temps dont la totalité ne peut être simultanément présente à l’esprit,
parce que le point d’origine et le point terminal du cycle sont connus. La
mobilité des fêtes mobiles est leur récurrence à l’intérieur de cet immobile. » [26] Encore une fois, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas : aux
événements « mythologiques » qui se déroulent dans le Ciel correspondent
des événements liturgiques, cycliques et répartis tout au long de l’année. Ainsi
s’explique d’ailleurs que le festiaire de n’importe quelle religion ne
correspond jamais au calendrier historique. Les dates y sont choisies en
fonction de leur signification dans un temps cyclique et non à cause de leur
place réelle sur l’échelle chronologique. Il est bon de remarquer que dans le
rituel de l’Église copte, il y a une fête de saint Michel tous les douze jours :
c’est assez révélateur de l’importance de l’Archange dans cette tradition qui a
conservé des éléments très archaïques du judéo-christianisme.
    Il apparaît que Michel a été très tôt considéré comme « celui
qui protège les meilleurs des hommes ». En conséquence de quoi, dans la
dynamique de la pensée juive, il est devenu le protecteur de la nation
hébraïque, celui qui dirige effectivement la communauté d’Israël pour la
conduire à la Lumière. Il faudrait savoir ce que les Hébreux entendaient par
cette expression « conduire à la Lumière » : pour le commun des
mortels, c’était parvenir au triomphe matériel par l’établissement d’un royaume
de Dieu sur terre, mais pour les mystiques, les prophètes – ou les divers
déviants si nombreux à l’intérieur du judaïsme pré-messianique –, il s’agissait
de tout autre chose, de nature ésotérique et concernant le retour de l’âme, entité
lumineuse et donc angélique, vers le royaume de la Lumière divine.
    En fait, toute la mystique juive converge vers Michel :
pour la communauté d’Israël, il est le grand prince et le grand prêtre officiant
dans le Temple céleste dont celui de Jérusalem n’est que l’esquisse. Michel a
été nourri du « lait » de la quatrième des Sephirôth [27] ,
celle qui porte le nom de Hesed , c’est-à-dire « grâce »,
ou « amour ». Dans les nomenclatures du Talmud [28] qui énumèrent les sept cieux symboliques, Michel se trouve placé dans le
quatrième ciel, Zebul [29] ,
c’est-à-dire au centre même des sept cieux, puisqu’il est le point essentiel de
l’heptade angélique. Car la Jérusalem réelle est dans le Ciel, comme le Temple
réel, et c’est là que le prince Michel officie.
    La même idée se

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