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Le mouton noir

Le mouton noir

Titel: Le mouton noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Langlois
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pas digne de la recevoir.
    Clément ragea et marmonna entre ses dents.
    â€” C’est le pire hypocrite que la terre ait jamais porté!
    Le dimanche suivant, Clément se rendit à la messe à Verchères. Le curé était furieux de l’y voir. Alors que la messe débutait, il dit:
    â€” Mes frères, nous avons parmi nous Clément Perré, le paroissien indigne dont je vous ai déjà parlé. Je lui ordonne de sortir de l’église puisqu’il en est exclu.
    Clément répondit d’une voix forte:
    â€” J’ai fait toutes les démarches exigées par vous et par l’intendant dans cette affaire. Vous m’avez menti ainsi qu’à l’intendant et au père Froment pour que je ne reçoive pas l’absolution de mes fautes afin de vous donner prétexte de dire devant toute la paroisse que je n’ai pas fait mes Pâques. Vous êtes un prêtre indigne.
    Rouge de colère, le curé s’avança vers lui.
    â€” Je demande main-forte aux hommes de cette assemblée afin qu’ils m’aident à mettre cet individu à la porte de l’église.
    Voyant que personne ne bougeait, il demeura interdit. Un nommé Latendresse, visiblement ivre, dit aux marguilliers:
    â€” C’est à vous à le mettre à la porte!
    Au grand scandale de plusieurs paroissiens, les marguilliers s’avancèrent et, aidés de Latendresse, ils saisirent Clément par les cheveux et le traînèrent jusqu’à la porte de l’église dont ils l’expulsèrent, comme un excommunié, à coups de pied et de poing.
    Clément en avait assez. Il porta plainte en justice pour voies de fait, coups et blessures ainsi qu’atteinte à sa réputation. Le procureur lui dit qu’il se rendrait volontiers mener sa propre enquête à Verchères si Clément était en mesure d’en défrayer les frais. Comme il lui était impossible d’assumer les coûts d’un tel déplacement, Clément s’adressa de nouveau au gouverneur et à l’intendant. Quelques jours plus tard, il fut convoqué à Québec par nul autre que l’évêque lui-même, qui lui dit:
    â€” N’allez pas plus loin dans votre requête, monsieur Perré. Tout cela n’est qu’un malentendu. J’ai fait les démarches pour que tous les frais que vous avez déboursés pour vous déplacer entre Verchères et Laprairie, de même qu’entre Verchères et Québec, vous soient remboursés. Les marguilliers qui vous ont agressé et battu ont été avisés qu’ils devront vous dédommager. Je vous demande seulement de vous abstenir de vous présenter à l’église de Verchères pour trois dimanches consécutifs. Entre-temps, vous pourrez vous confesser à un père récollet de Québec qui vous donnera l’absolution, et monsieur le curé de Verchères lira à l’église la lettre d’explications que je lui ferai parvenir.
    â€” S’il en est ainsi, concéda Clément, je suis prêt à retirer ma plainte.
    L’évêque lui remit une lettre pour le curé de Verchères. Dès son retour, Clément alla la lui porter.
    Quelques jours plus tard, il apprit que le curé avait fait afficher à la porte de l’église un document interdisant à Clément Perré, ce pécheur impénitent et indigne, de remettre les pieds à l’église. De plus, il mentionnait que personne ne serait tenu de lui rembourser quoi que ce soit.
    Clément eut de nouveau recours à la justice. Il adressa une nouvelle requête au gouverneur et à l’intendant, leur expliquant comment il était discriminé en cette affaire. L’intendant ordonna au curé et aux habitants de Verchères qui avaient agressé Clément de lui remettre une somme de deux cents livres. Profitant des circonstances, l’intendant émit une ordonnance par laquelle il faisait désormais défense à tous les ecclésiastiques d’intervenir, par écrit ou à voix haute, dans les églises contre un individu en mentionnant son nom, sous peine de cinq cents livres d’amende.

Chapitre 35
La chasse à la baleine
    Quand Clément avait quelque chose en tête, rien ne pouvait l’empêcher de l’accomplir. Un prisonnier lui avait parlé de la

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