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Le mouton noir

Le mouton noir

Titel: Le mouton noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Langlois
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et reconnaissante,
    Isabelle
    Marie se tut. Justine avait entre-temps séché ses larmes. Prenant la lettre des mains de Marie, elle la relut à voix basse puis, au terme de sa lecture, posa ses lèvres sur ces feuilles que sa fille avait eues en main et dit enfin:
    â€” Me voilà soulagée du plus grand poids que mes épaules ont eu à porter.
    â€” Nous devons nous en réjouir, renchérit Marie. La vie vient de nous offrir un de ses plus beaux cadeaux.

Chapitre 33
Le vent tourne
    Pendant ce temps, au moment où Clément se flattait de posséder un des meilleurs, sinon le meilleur atelier de chapeaux de castor de la Nouvelle-France, qui lui rapportait des milliers de livres par année, le vent tourna brusquement.
    Un matin qu’il travaillait paisiblement dans son atelier, deux visiteurs s’y présentèrent. Leur air solennel ne laissait présager rien de bon.
    â€” Vous êtes bien monsieur Clément Perré, chapelier?
    â€” À votre service, messieurs!
    â€” Nous sommes porteurs d’un mandat du gouverneur. Nous avons ordre de saisir tout ce que contient cet atelier.
    Clément bondit sur ses pieds et attrapa en moins de deux de son fusil.
    â€” Dehors, messieurs avant que je me fâche!
    Les deux hommes reculèrent vers la porte non sans avoir déposé par terre une large feuille de papier aux armes du gouverneur. Le plus âgé des deux dit:
    â€” Nous reviendrons avec les gendarmes.
    Clément se pencha et s’empara de l’ordonnance, car c’en était bien une. Il la lut:
    Par ordre du roi de France, pour préserver le monopole de la Compagnie des Indes occidentales sur le commerce des fourrures, il est désormais défendu de confectionner des chapeaux de castor en ce pays. Les ateliers de chapellerie seront fermés et leur contenu saisi.
    L’ordonnance émanait du gouverneur Hocquart et de l’intendant. De rage, Clément la froissa. Il savait bien que les inspecteurs reviendraient le lendemain. Pour les empêcher de se saisir de ses outils, il vida l’atelier et transporta le tout dans les bois avoisinants. Quand, le lendemain, les inspecteurs se présentèrent, ils demandèrent:
    â€” Où sont passés vos outils et effets de chapellerie?
    â€” Si vous voulez les trouver, répondit Clément, cherchez-les dans le fleuve.
    â€” Vous avez contrevenu à l’ordonnance. Vous êtes passible de prison!
    â€” Où est-il écrit que les ateliers de chapellerie doivent être pleins quand les inspecteurs y passent?
    La question de Clément les laissa bouche bée. Ils se contentèrent de mettre des scellés à la porte de l’atelier, contraignant Clément à renoncer à la fabrication de chapeaux. C’était mal le connaître. Les visiteurs étaient à peine partis qu’il gagnait les bois pour y mettre mieux à l’abri ses outils et autres effets. Le lendemain, en plein bois, il commençait à élever les murs de son nouvel atelier. Il se promit de travailler seul et clandestinement. Certes, sa production de chapeaux diminuerait et il lui faudrait être doublement prudent pour les vendre. Mais il avait de bons contacts et il saurait bien écouler son stock.
    Malgré l’ordonnance qu’il trouvait injustifiée, il produisit encore un bon nombre de chapeaux durant plus d’un an, jusqu’au jour où les gendarmes lui tombèrent dessus et l’arrêtèrent. Conduit sous bonne escorte à Québec, il fut mis en prison et, lors du procès qui suivit, sa plaidoirie sembla toucher particulièrement le juge qui, tout comme le gouverneur, avait demandé au ministre Maurepas de laisser les chapeliers gagner honorablement leur vie et celle de leur famille. À leurs yeux, ils ne nuisaient aucunement au commerce des fourrures. Ils avaient même insisté pour que les producteurs de chapeaux de castor soient préalablement prévenus de ce changement imminent afin de leur permettre de s’adonner à un autre travail.
    Avant le prononcé de la sentence, Clément dit au juge:
    â€” Vous savez le nom que je porte, aussi je vous demande d’être, tout comme moi, clément.
    Le juge daigna esquisser un sourire, puis dit:
    â€” Vous avez enfreint la loi, je me dois de vous condamner. Mais comme vous me le demandez, je me montrerai clément

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