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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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l’Amicale parce qu’elle était authentique. Au-delà des divergences de croyance, de conceptions politiques diverses, des liens se sont créés parce que la devise : tous pour un, un pour tous, prenait tout son sens. Une anecdote donnera un aperçu de la confiance qui régna. L’abbé Varnoux, qui avait réussi à se procurer du vin de messe, disait la messe le dimanche matin cxi , pour quelques fidèles sûrs dans une « chambrée » à la porte de laquelle les communistes montaient la garde en cas de ronde de S.S. et après, assis sur les mêmes châlits, se réunissaient les membres du triangle de direction de l’organisation communiste, et alors l’abbé Varnoux faisait le guet. Considérant que le moral jouait un rôle décisif et connaissant les effets néfastes qu’avaient les informations fantaisistes, nous avions créé une sorte de journal parlé qui se diffusait de bouche à oreille, chaque soir, en partant d’informations contrôlées par recoupement. Très rapidement, ces informations « officielles », qui partaient de chez André Ulmann et Auguste Havez, touchaient tous les Français par le système des groupes de trois en vigueur dans la résistance. Il est évident que tout cela était dans la pratique moins simple car il fallait prendre des précautions contre une dénonciation toujours possible.
    — Au début, il fut assez difficile de faire admettre ces informations contrôlées. Nombreux étaient ceux qui, affaiblis, préféraient « rêver » sur l’avance des troupes soviétiques à l’Est, et des troupes alliées à l’Ouest. Et puis l’évidence s’imposa et les « nouvelles » étaient attendues et reçues avec confiance.
    L’organisation de la résistance était très poussée à Melk. Membre de la direction clandestine de l’organisation du Parti communiste, j’ai eu à connaître d’autres organisations existantes : 1) celle du Front National qui regroupait des catholiques et des officiers français, des sans partis, au rôle des communistes ; 2) l’organisation internationale, émanation des organisations des différentes nationalités (soviétique, polonaise, espagnole, allemande et autrichienne, française) ; 3) l’organisation militaire. La France y était représentée par le colonel Ané (à l’époque capitaine). Par l’intermédiaire d’André Ulmann, le contact existait avec le Comité international de Mauthausen.
    Bien entendu, tout cela se faisait au milieu de mille précautions et en fonction des enseignements tirés de la lutte en France avant nos arrestations. De ce fait, très peu nombreux étaient ceux qui connaissaient cette activité et encore la plupart de ceux qui savaient quelque chose ne savaient que ce qui avait trait à leur responsabilité, sauf trois ou quatre d’entre nous. Par exemple, les communistes qui, pour la plupart se connaissaient pour avoir été emprisonnés ensemble, ne connaissaient pas le triangle de direction du camp. Ils pouvaient certes l’imaginer, mais ceux qui sont arrivés après le premier convoi étaient organisés en groupe de trois et un des trois seulement connaissait un responsable d’un ensemble de groupes de trois, etc.
    — Il est évident que nombreux étaient ceux qui imaginaient l’existence d’une organisation, mais certains ont vécu pendant treize mois sans s’en rendre compte.
    La cxii concentration à Melk d’un groupe important de Français permit de conserver une certaine cohésion et d’empêcher une trop grande dilution comme c’était très souvent le cas ailleurs, au moins pendant les premières semaines de fonctionnement d’un kommando. De plus, dans ce groupe, il y avait un « noyau » dur, autour duquel purent se cristalliser d’autres éléments de résistance aux volontés nazies.
    — Il ne s’agit pas ici – trente ans après ! – de propagande mais d’une constatation d’évidence : ce noyau était constitué des communistes qui arrivaient là en formation établie. Un fort contingent venait de la prison neuve de Blois où les Vichystes, sur ordre des Allemands, avaient rassemblé – au nombre de quatre cents – la plupart des condamnés communistes des centrales de Poissy, Clairvaux et Fontevrault. Pendant cinq mois, tous ces « bagnards », après des discussions épiques avec l’administration pénitentiaire et les autorités préfectorales de Blois, avaient conquis et exercé des droits inhabituels à l’intérieur d’une prison. En bref,

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