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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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hivers : il suffisait de verser de l’eau tiède dans les fissures ou les forages préparés et d’attendre que le gel fasse exploser la pierre ; l’été les charrois dégageaient les éboulis) et présentant plusieurs croquis de Janez Vajkard Valvasor, démontrant qu’il n’était guère plus difficile de creuser un tunnel que d’élargir la route xx .
    Dès janvier 1941, le Gauleiter Rainer fit entreprendre des études pour faciliter les différentes « percées » vers l’Adriatique et, le 27 septembre 1941, à Kranj, il pouvait annoncer dans un discours radiodiffusé :
    — Loibl est la plus importante voie commerciale possible. À ma demande, le Führer a autorisé la construction d’un tunnel routier à Loibl.
    Trois entreprises furent chargées des travaux : Hoch und Tiefbaugesel Lschaft, Universal (sur le Danube), Raubl (de Celovec).
    — Dès xxi l’hiver 1941-1942, des requis slovènes et croates ouvrent des chantiers dans la montagne. Un camp civil avait été aménagé. Mais dans la nuit du 29 au 30 juin 1942, les combattants du 2 e  bataillon « Kekrsko » incendient toutes les installations.
    Le Gauleiter Rainer devra attendre onze mois avant que l’Administration centrale des camps lui accorde l’autorisation d’utiliser les déportés de Mauthausen pour reprendre les travaux abandonnés. Les premiers « débarquèrent » le 18 juillet 1943.
    — Où xxii étions-nous ? Aucun des nôtres n’aurait pu le dire. Les heures avaient succédé aux heures, un jour à l’autre, une nuit à une autre nuit. Le convoi avait traversé des plaines, gravi des rampes, passé des tunnels. Vers quelle contrée ? Dans quelle direction ? Seule une boussole aurait pu nous aider à vaincre notre ignorance forcée. Il n’en était pas question, puisqu’on ne nous avait même pas laissé un mouchoir.
    — Le bâtiment de gare était étroit et délabré. Sur un de ses pignons nous lûmes « Neumarktl ». Cela ne pouvait rien nous apprendre. Nos regards allèrent vers une petite place où notre cortège débouchait, une fois franchies les barrières. Des camions étaient là, qui nous attendaient. Déjà, sous la menace des chiens, les premiers de la colonne avaient dû s’y hisser en hâte et s’entasser comme marchandise en vrac sur les plateaux, rugueux encore de terre séchée et de ciment dont leur tôle n’avait pu se défaire.
    — Les derniers à monter – dont j’étais – eurent le temps d’apercevoir quelques dizaines de femmes et d’enfants, tenus à distance par le service d’ordre et qui observaient notre manœuvre xxiii .
    — Spectateurs aux figures graves, silencieux et immobiles, leur attitude différait de celles des populations qui nous avaient fait une haie insolente dans la traversée de la ville autrichienne où l’on nous avait embarqués. Ceux-là semblaient compatir à notre sort. Plus tard, nous devions apprendre pourquoi.
    — Mais déjà, les camions avaient fait leur plein de cargaison humaine. Les moteurs ronflèrent. Le convoi s’ébranla et parcourut en trombe les rues de la bourgade inconnue. Il ne ralentit son allure que lorsque la route amorça sa première côte.
    — Le soleil était caché depuis un long moment déjà. Devant nous, les lacets de la montagne commençaient à s’estomper dans la brume. La masse lointaine des sommets dressait sa muraille aux contours imprécis. L’air était frais bien que l’on fût au cœur de l’été. Le mystère de notre destination, plus encore que la présence de la chiourme, imposait à tout le monde un mutisme apparent. Mais chacun se parlait à soi-même, s’interrogeait, essayait de deviner, s’efforçait de prévoir…
    — Le camp avait la forme d’un carré de 100 mètres de côté. À chaque angle s’élevait un mirador, où voisinaient projecteur et mitrailleuse. Il était entouré d’une double haie de barbelés, fixés à d’énormes poteaux bien fichés en terre. La nuit, les faisceaux lumineux balayaient l’« hinterland » des clôtures parallèles.
    — Toute évasion semblait impossible.
    — Nous étions bien gardés : cent vingt S.S., quatre-vingts gendarmes montagnards, et quatre chiens policiers. Pour quatre centaines de forçats. L’honnête proportion !
    — Dans la vallée, le plus petit hameau était à 10 kilomètres : trois maisons de bois, où ne vivaient surtout que des femmes et des enfants. Les hommes, depuis longtemps, étaient partis, soit

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