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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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travaillions, furent électrocutés ! L’un en mourut, les deux autres en réchappèrent miraculeusement. Ménard, qui avait des connaissances en radio, était parfois sollicité par des S.S. pour réparer leur poste. C’était pour nous l’occasion d’avoir des informations exactes sur la situation militaire.
    — À la fin de 1944, nous savions donc que la guerre touchait à son terme et nous étions convaincus que ce terme signifierait aussi notre extermination. Nous étions tous quatre décidés à profiter de la première occasion pour tenter une évasion. L’abondante chute de neige du 21 novembre nous apporta cette occasion.
    — Une ligne téléphonique aérienne reliait les chantiers nord (Autriche) et sud (Yougoslavie). Sous le poids de la neige, la ligne se rompit en plusieurs endroits. Aucune importance, en principe, car la percée du tunnel était achevée et nous venions de mettre en service une ligne téléphonique passant par le tunnel. Mais, prétextant la pénurie de matériel, nous convainquons le chef de chantier allemand de nous envoyer récupérer le fil téléphonique. Nous sommes décidés à profiter de la sortie pour nous évader.
    — Le 22 après-midi, nous démontons le tronçon A.E. : pas question de nous enfuir, nous sommes en vue du camp yougoslave.
    — Durant la matinée du 23, nous démontons le tronçon BCD. Nous nous estimons trop près du camp autrichien pour tenter l’évasion. À midi, nous sommes exténués par ce travail et, peut-être aussi, par l’approche de l’heure H, qui était pour nous la dernière chance. Nous demandons au chef de chantier de reporter au lendemain le démontage du dernier tronçon. Heureusement, il refuse ! Ce refus nous a galvanisés : frais et dispos, nous n’aurions peut-être rien osé. Furieux, nous sommes prêts à toutes les folies.
    — À 13 heures, nous quittons le camp autrichien, accompagnés de deux S.S., l’un âgé, Allemand, l’autre jeune, d’origine croate, si mes souvenirs sont exacts. Pas de chiens, à cause de la neige. Après quelques minutes de halte au poste-frontière, situé à quelques centaines de mètres du point A, et où nos anges gardiens bavardent gaiement avec les « feldgendarme », nous nous dirigeons vers le point A. Je me souviens même de l’Allemand donnant un bonbon à un isard apprivoisé.
    — Point A :
    — Heure H.
    — Dernière chance.
    — Rond-point de la décision : oui ou non ?
    — Royaume de l’improvisation.
    — Nous partons en file indienne vers le point A, le S.S. allemand en tête suivi de Backer, le Croate fermant la marche. À l’arrivée au point A, Backer fait mine de fixer laborieusement les « grimpettes » à ses pieds pour monter au poteau électrique. Moreau est à ses côtés, ainsi que l’Allemand. Le Croate se dirige vers le poteau suivant en glissant dans la neige comme un gamin, sur son derrière, le long de la pente AB. Geste impromptu, Backer se redresse, se jette sur l’Allemand et essaye de lui arracher son fusil, avec l’aide de Moreau. Voyant cela, je me précipite sur les traces du Croate. Ma glissade, sur le derrière aussi, est plus rapide que celle du Croate, car je profite de sa piste. Je le rejoins et attrape sa tête sous mon bras gauche, au moment même où retentit un coup de feu.
    — L’Allemand a réussi à tirer un coup de fusil pour donner l’alerte. Il abandonne alors toute résistance, se laisse désarmer par Backer et Moreau les suppliant d’arrêter leur tentative, faisant valoir que l’alerte est donnée, mais qu’il ne dira rien si nous restons tranquilles. Pendant ce temps, Ménard m’a rejoint. Nous nous battons désespérément avec le Croate. Mais il est jeune et vigoureux, nous sommes jeunes aussi, mais épuisés, et à deux contre un, nous n’avons pas le dessus. Heureusement, Moreau nous rejoint, armé de la baïonnette de l’Allemand. Nous parvenons à assommer le Croate, et lui enlevons ses armes.
    — Nous nous lançons alors tous quatre dans une course folle : l’alerte est donnée et nous craignons l’arrivée des « feldgendarme » du poste-frontière. Nous restons, autant que possible, sur la ligne de crête, nous dirigeant vers l’ouest. Nous sommes fourbus, les fusils nous semblent horriblement lourds, au point que nous changeons de porteur tous les 20 ou 30 mètres ! Au bout d’un temps indéterminé : minute ou siècle, notre course est arrêtée par une coulée

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