Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
et, avec l’appui des nazis, de renverser le pouvoir soviétique, d’étrangler
la révolution comme elle l’avait été en France, le 18 Brumaire, ou en mai 1871,
quand la Seine coulait, rouge du sang des communards !
    Pas de temps à perdre à pleurer sur le sort
des “traîtres”, et s’il y avait un innocent parmi eux, qu’il se lève et fasse
entendre sa voix !
    Mais les inculpés avouaient leurs crimes.
    Et notre Ligue des droits de l’homme, celle
qui avait été créée au temps de Dreyfus, affirmait que les procès étaient
réguliers, qu’il y avait suffisamment, de par le monde, de condamnés qui
clamaient leur innocence pour ne pas se soucier de ceux qui, bourrelés de
remords, imploraient qu’on les châtie !
    « J’ai donc, durant
toutes ces années, servi Alfred Berger.
    Je l’ai accompagné en Espagne, à Albacete où
il mettait sur pied un service de renseignement destiné à contrôler les
volontaires qui affluaient pour s’enrôler dans les Brigades internationales.
    Moi, j’organisais l’achat, le transport et la
distribution des armes.
    Je n’étais qu’un avocat d’affaires préparant
des contrats, mettant sur pied la compagnie maritime France-Navigation dont les
bateaux chargés d’armes sillonnaient la Méditerranée.
    Qui aurait pu me faire douter que j’étais dans
le camp des Justes ?
    « Et pourtant, j’ai
vu un homme qui gesticulait, je l’ai entendu hurler : “Camarades, ils vont
me tuer ! Camarades, je suis un militant révolutionnaire !”
    On le poussait sur la passerelle d’un cargo à
bord duquel je me trouvais et qui devait appareiller pour Odessa.
    On l’entraînait vers les profondeurs du navire.
    J’ai interrogé du regard Alfred Berger.
    Il a haussé les épaules, murmuré qu’il s’agissait
d’un espion, que les fascistes et les trotskistes cherchaient à s’infiltrer
dans les Brigades internationales, qu’il fallait être vigilant.
    Je ne sais pourquoi, ce jour-là, peut-être à
cause du visage de cet homme qui exprimait le désespoir et la sincérité, j’ai
continué d’interroger Alfred Berger.
    Il m’a dévisagé, puis a dit d’une voix
pateline :
    — Moins tu en sais, mieux cela vaut pour
toi. Il faut cloisonner, c’est la première règle qu’on nous enseigne à Moscou. Et, là-bas, ils sont impitoyables avec
les camarades qui ne la respectent pas.
    « Je savais qui
“ils” étaient.
    J’avais été parfois chargé, à Paris, de
procurer à ces hommes silencieux une “planque”, un passeport, et même de les
convoyer jusqu’à Bruxelles ou Barcelone.
    Ils étaient les agents des “Organes”, des
services secrets de Staline, et ils me fascinaient. Ils avaient la responsabilité
de surveiller tous les camarades, quel que fût leur rang dans la hiérarchie. Et
ils éliminaient ceux qui, par leur comportement, leurs questions, leurs
hésitations, devenaient un danger pour le Parti.
    — Staline veille en personne sur l’unité et
l’efficacité du Parti, avait ajouté Alfred Berger. La lutte des classes s’exacerbe.
La situation mondiale est révolutionnaire. Le fascisme est le dernier stade de
l’impérialisme. C’est eux ou nous. Staline ne peut tolérer aucune
défaillance. Le Parti est la prunelle de nos yeux. Et c’est ici, en Espagne, qu’on
veut le corrompre. Nous devons nous débarrasser du poison, de la pourriture, de
tous ceux qui portent les germes de la division !
    J’ai su et accepté qu’on exécute dans les
caves de Barcelone et en pleins champs, à Albacete, des hommes que j’avais
connus comme autant de camarades intègres.
    Mais j’ai enfoui sous de bonnes raisons mes
doutes et mes interrogations.
    C’était la guerre contre le fascisme. Le front
passait parmi nous, en chacun de nous.
    Je n’allais pas pleurnicher sur le destin de
quelques traîtres quand le sort de l’humanité était en jeu ! »

24.
    C’était la dernière partie du manuscrit de
François Ripert.
    La mort en imprégnait chaque ligne et j’avais
l’impression qu’elle s’infiltrait en moi au fur et à mesure que je recopiais ce
texte, que j’y exhumais un cadavre.
    Là, celui de Thaddeus Rosenwald.
    Quelques pages plus loin, j’identifiais le
corps de Willy Munzer.
    Mais je ne réussissais pas toujours à
reconnaître ces visages qu’on avait martelés à coups de crosse et à coups de
talon.
    Et je cherchais en vain dans cette fosse
commune le corps de Henri Ripert, le fils trahi, livré avec plusieurs

Weitere Kostenlose Bücher