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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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se débarrasser de tous les chefs suspects, à leur réserver le sort du
général Dillon.
    C’est « le désordre des opinions », dit le rapport
d’une « mouche » de police qui arpente les faubourgs, surprend les
conversations, se mêle aux cortèges.
    « On crie partout que le roi nous trahit, que les
généraux nous trahissent, qu’il ne faut se fier à personne ; que le comité
autrichien de Madame Veto a été démasqué en flagrant délit ; que Paris
sera pris dans six semaines par l’armée des princes et des rois. »
    Les Jacobins se déchirent Brissot, Vergniaud attaquent
Robespierre qui a invoqué « le Dieu tout-puissant », pour l’appeler à
protéger « ces lois éternelles que tu gravas dans nos cœurs ». Il a
condamné la formation d’un camp de vingt mille hommes, des fédérés venus
de tous les départements, qui sera créé sous les murs de Paris. C’est la grande
idée des brissotins. Ils craignent de ne pas contrôler les gardes nationaux
parisiens et les sans-culottes, les uns soupçonnés d’être trop « bourgeois »,
les autres influencés par Marat et Hébert.
    Ces divisions entre « patriotes » font tourner les
têtes. On s’accuse d’être « factieux », « conspirateur ».
    Et dans le journal de Brissot, Le Patriote français , on
a pu lire :
    « Monsieur Robespierre a entièrement levé le masque, il
est un digne émule des meneurs autrichiens du côté droit de l’Assemblée
nationale. »
     
    Louis est à la fois satisfait de ces divisions au sein du
camp des « patriotes » et inquiet. Il craint que Girondins et
Montagnards, dans leur volonté de se montrer plus déterminés les uns que les
autres aux yeux du peuple, ne prennent la famille royale pour cible.
    Et ces rivalités conduisent à la guerre civile.
    Il y a ce décret que l’Assemblée a voté qui autorise la
déportation des prêtres réfractaires, dès lors qu’elle est demandée par vingt
citoyens actifs.
    Louis ne peut l’accepter. Il utilisera son droit de veto. De
même, il refuse que l’on rassemble à Paris vingt mille fédérés au moment même
où l’on dissout la garde royale. Et il usera aussi de son droit de veto contre
ce projet. Déjà, on manifeste contre ses décisions. Et puisqu’une pétition de
huit mille noms se déclare hostile à ce projet de rassemblement des fédérés, on
lui oppose une pétition de vingt mille sans-culottes, qui se disent heureux et
fiers d’accueillir les citoyens fédérés venus des départements.
     
    Louis ne veut pas céder.
    Il a la certitude que dès lors que la guerre a commencé, l’affrontement
violent à l’intérieur de la nation est inéluctable. Et c’est pourquoi il a
hésité à choisir, comme les Girondins mais pour des raisons contraires, la
politique du pire, c’est-à-dire la guerre.
    Il sait que Marie-Antoinette est tout entière engagée dans
cette voie. Mais elle refuse les propositions de La Fayette, qui prétend
vouloir défendre les prérogatives royales, et veut être le champion du retour à
l’ordre, d’abord dans l’armée puis dans le royaume. Marie-Antoinette hait La
Fayette, et Louis se méfie des ambitions de ce « Gilles César ».
    Et parmi tous ces patriotes bavards et retors, il lui semble
que le plus lucide et l’un des plus dangereux pour la monarchie est ce
Maximilien Robespierre qui, attaquant La Fayette aux Jacobins, déclare : « Le
pire des despotismes c’est le gouvernement militaire et depuis longtemps nous
marchons à grands pas vers ce gouvernement. »
     
    Mais Louis ne s’illusionne pas.
    Il est persuadé que, quel que soit celui des « patriotes »
qui l’emportera, Robespierre ou Brissot, les Montagnards ou les Girondins, et
même La Fayette ou les frères Lameth, les plus modérés, et pour le pire Marat, aucun
de ceux-là ne voudra rendre au souverain les pouvoirs légitimes qui sont les
siens, par la volonté de Dieu.
    Ils persisteront les uns et les autres à enchaîner le
pouvoir royal, afin de le soumettre à leurs désirs.
    Et c’est ce que Louis ne peut, ne veut pas accepter.
    Il est roi de droit divin.
    Il approuve ce qu’écrit un journaliste royaliste, Du Rosoi, dans
la Gazette de Paris , et en même temps il s’en inquiète, car que
gagne-t-on à dévoiler sa pensée à ses ennemis ?
    Du Rosoi n’hésite pas, en appelle aux souverains d’Europe :
« Connaissez vos devoirs par les maux qui nous accablent, par les
attentats qui nous

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