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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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répond en
riant : « Il me semble que je suis plus à vos ordres que vous n’êtes
aux miens. »
    Et Louis note le lendemain dans son Journal :
    «  Dimanche 26 : Rien du tout, la messe dans
la galerie. Conférence des commissaires de l’Assemblée. »
    Ce matin-là, la reine ayant ôté son bonnet de nuit devant sa
femme de chambre, celle-ci constata que les cheveux de Marie-Antoinette étaient
devenus tout blancs « comme ceux d’une femme de soixante-dix ans ».
     
    Dans son Journal, le surlendemain, Louis XVI écrit : «  28  :
J’ai pris du petit-lait. »

24
    En ces derniers jours du mois de juin 1791, Paris est écrasé
par une chaleur lourde et orageuse.
    Et Louis souffre d’être prisonnier dans les appartements des
Tuileries, de ne pouvoir se promener dans les jardins, sur les terrasses, ni
naturellement chevaucher et chasser dans les forêts.
    Les gardes nationaux, soldés ou volontaires, ont dressé des
tentes sur les pelouses. Des sentinelles patrouillent sans relâche. Les portes
des chambres – y compris celle de la reine – doivent rester ouvertes, afin que
les gardes puissent à tout instant s’assurer de la présence des souverains.
    Louis a joué un tour à ces patriotes. Il s’est caché derrière
une tapisserie, laissant l’inquiétude gagner ses gardiens, qui ont appelé en
renfort deux sapeurs et douze grenadiers, afin qu’ils brisent les portes dont
ils ne possèdent pas la clé.
    — Eh bien me voilà, a lancé le roi, en soulevant le
coin de la tapisserie.
     
    Il lui plaît de constater le malaise de ces « patriotes »
venus l’interroger, qu’ils soient gardes nationaux, commissaires de l’Assemblée
ou même qu’il s’agisse du général La Fayette.
     
    La Fayette et les commissaires, qui reflètent l’opinion de
la majorité de l’Assemblée, n’utilisent jamais le mot d e fuite mais
parlent soit d ’enlèvement, soit de voyage.
    S’ils font mention de la Déclaration adressée aux
Français qu’il avait laissée dans la chambre avant de quitter les Tuileries,
c’est pour dire qu’il s’agit d’un brouillon sans valeur, qu’aucun ministre n’a
signé, et qui n’engage pas le souverain.
    Ils répètent que le roi est inviolable, qu’on ne peut donc
le juger, et qu’il ne restera suspendu que jusqu’au moment où il aura de
nouveau prêté serment à la Constitution.
     
    Louis, peu à peu, se rassure.
    Il mesure combien cette majorité de députés est inquiète à l’idée
que le peuple, et les membres du club des Cordeliers – Danton, Desmoulins –, et
la partie des Jacobins qui suit Robespierre pourraient imposer la République, ou
une régence de Philippe d’Orléans.
    Le duc s’est choisi le nom de Philippe Égalité. Il fait mine
d’avoir renoncé à toute ambition personnelle, mais ses partisans – l’écrivain
Choderlos de Laclos, Danton -continuent de mener campagne pour la déchéance du
roi, qui permettrait de faire de Philippe d’Orléans le successeur, le régent ou
le lieutenant général du royaume.
    Sinon, un César imposerait sa dictature. Ce pourrait être La
Fayette, ou bien un marquis de Bouillé, qui, depuis le Luxembourg, a écrit à l’Assemblée
pour menacer Paris d’une destruction « pierre après pierre », si le
roi ou les membres de la famille royale étaient maltraités. Et le marquis de
Bouillé a assuré qu’il était responsable de l’enlèvement du roi.
    Louis s’étonne de voir la majorité de l’Assemblée accepter
cette thèse et, peu à peu, il se persuade que la situation peut encore se
retourner.
    Il doit être patient, faire croire à ces députés qui ne
veulent pas l’accabler, qui l’écoutent avec déférence, qu’il est prêt à
accepter la Constitution.
    « J’ai bien reconnu dans ce voyage, dit-il à La Fayette,
que je m’étais trompé et que l’attachement à la révolution est l’opinion
générale. »
    Il encourage Marie-Antoinette à écouter Barnave, qui tout au
long du trajet de retour s’est montré soucieux de protéger la reine.
    Cet homme, séduit, aspire à conseiller Marie-Antoinette, à
prendre la place de feu Mirabeau.
    Pourquoi pas ?
    Barnave a déclaré à l’Assemblée :
    « Tout le monde doit sentir que l’intérêt commun est
que la révolution s’arrête. Ceux qui ont perdu doivent savoir qu’il est
impossible de la faire rétrograder ; qu’il ne s’agit plus que de la fixer… »
    Il faut conforter Barnave. Il est avec Duport,

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