Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le piège de Dante

Le piège de Dante

Titel: Le piège de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
Vom Netzwerk:
Et le nom de Minos ! Mais depuis la mort du verrier, ce nom est sur toutes les lèvres, à Venise ! Pietro, où sont les preuves ? Je n’en ai pas le début du quart du soupçon ! Que veux-tu que je fasse? Qu’au nom de l’Orchidée Noire, j’envoie les inquisiteurs chercher Ottavio manu militari ?
    — Figure-toi qu’après tout, ce serait un juste retour des choses. Emilio...
    Pietro saisit Vindicati par le bras.
    — Il faut me faire confiance. Ottavio est notre piste la plus sérieuse.
    Les traits tirés, la mâchoire serrée, Emilio regarda longtemps son agent. Puis, au bout de longues secondes, il hocha encore la tête en soupirant.
    — Je vais tâcher de ménager une entrevue avec la Criminale au palais. Mais en secret, Pietro. Et tu n’y participeras pas. Tu m’entends ? Il ne faut surtout pas que l’on sache que c’est toi qui es derrière le coup. Sinon, c’en est fini de ce qui nous reste de crédibilité. Et je ne peux plus me permettre de perdre la face.
    Il jura.
    — Non, cela, je ne le peux plus.
    — Bien sûr. Mais ne le relâchez pas! Il est l’un des Stryges, j’en suis sûr ! Peut-être il Diavolo lui-même !
    — Il Diavolo... lui... Oui, oui, bien sûr.
    Emilio soupira encore.
    — Et maintenant, Pietro, vas-tu me dire ce que tu comptes faire exactement ?
    — Je vais trouver une vieille connaissance.
    La main de Pietro joua de nouveau avec la lame de tarot qu’il avait rangée dans son manteau.
    — Un dénommé Fregolo...
    Il releva le col de son manteau autour de son visage. Des nuages gris, la pluie tombait.
    — ... Un cartomancien.

    Andreas Vicario, dans son costume noir et argent, son masque solaire en main, se tenait seul au milieu de la loggia à présent désertée. Les agents de la Quarantia avaient recommandé de ne toucher à rien, le temps de procéder à leur enquête. Andreas sourit. Autour de lui, les pétales de roses, le riz, les cotillons, les banderoles et les guirlandes défaites jonchaient le sol. Ce bal avait été une réussite. Il avait joué avec le plus grand talent les victimes et les nobles bafoués. Il n’avait pas à se forcer, cela faisait partie de son naturel. Il était seul en son empire et se félicitait de son nouveau tour de force. Bientôt, le Grand Conseil lui-même serait saisi de l’affaire, c’était inévitable. A quelques jours seulement de l’Ascension, Venise serait en pleine ébullition. Tous étaient partis maintenant, les invités, la Criminale . Dès qu’il en recevrait l’autorisation formelle, Andreas commanderait à ses valets de remettre en ordre sa maison. Seule ombre au tableau : Ramiel avait été découvert et était mort. Mais cela serait insuffisant à l’Orchidée Noire pour que le gouvernement remonte jusqu’à lui. Peut-être nourrissait-il déjà des soupçons à son égard; mais Andreas ne le pensait pas. Il s’était renseigné sur ce Pietro Viravolta. Il avait eu, très tôt, suffisamment d’informations. Sa réputation n’était plus à faire. Andreas avait compris sa manière de penser. Il ne se satisfaisait pas de vérités trop transparentes. Et il l’avait à portée de main, cette vérité! Elle était si lumineuse qu’elle l’éblouissait... comme le soleil.
    Minos regarda son masque et partit d’un grand rire.

    Quelque part aux confins du golfe Adriatique, entre le 16 e degré de latitude Nord et le 40 e degré de longitude Est, non loin du canal d’Otrante, un jeune matelot descendait du pont vers les appartements de son capitaine. Il franchit quelques marches, plongea dans l’obscurité, ouvrit une porte après avoir frappé trois coups. Le capitaine se tenait derrière son bureau, en grand apparat, veste bleue à épaulettes et boutons d’or, perruque sur le crâne. Des cartes de la région étaient déployées sous ses yeux, ainsi qu’un sextant et un compas. Le matelot salua le capitaine et se mit au garde-à-vous. Celui-ci rêvassait depuis un moment; il était las, à présent, de ces heures passées à ne rien faire. Il songeait à Ancilla, sa chère Ancilla Adeodat, qu’il avait laissée à Venise. Il espérait revoir bientôt sa douce métisse, dont le corps et la gaieté lui manquaient. Ce n’était plus qu’une question de jours. Et la nouvelle que lui apportait le matelot le conforta vite dans cette conviction.
    — Une délégation de la Sainte-Marie nous rend visite, mon capitaine. Trois soldats sont arrivés en barque il y a quelques minutes. Ils viennent vous

Weitere Kostenlose Bücher