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Le piège

Le piège

Titel: Le piège Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuel Bove
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comprendre à demi-mots devant un tiers.
    — Vous m’intriguez, Messieurs, dit-il
en essayant d’avoir l’air naturel. De quoi s’agit-il donc ?
    — Basson a affirmé qu’il vous
connaissait en effet, que vous étiez venu le relancer, mais qu’il vous avait
chaque fois éconduit et qu’il n’avait jamais songé une seconde à vous donner un
sauf-conduit pour l’Afrique. Il a même précisé que vous ne lui inspiriez aucune
confiance.
    — Comment ! s’écria Bridet en
simulant de l’indignation. Voulez-vous que je lui téléphone devant vous ?
    Les deux chefs de la police se firent un
signe.
    — Il n’a plus le téléphone, ne put s’empêcher
de dire M. Saussier.
    — Tâchez de passer après déjeuner à l’hôtel
du Parc, fit Schlessinger. Il faudrait que de la Chazelle nous confie les
télégrammes, du moins jusqu’à ce soir.
    Bridet se leva à demi.
    — Je tiens à téléphoner, répéta-t-il.
    — Ne vous énervez pas, monsieur Bridet.
    — Il y a trois heures que je suis là.
Si c’est de cette façon qu’on traite ceux qui veulent servir le Maréchal !
    — Faites quand même attention à ce que
vous dites, monsieur Bridet.
    — Le Maréchal ignore certainement ce
qui se passe autour de lui. Il ne le tolérerait pas s’il le savait.
    Saussier et Schlessinger se regardèrent.
    — Vous commencez à tirer un peu trop
sur la corde, observa le directeur de la Sécurité. Laissez le Maréchal en paix.
    — Nous reprendrons notre conversation,
dit Schlessinger en regardant sa montre. Il est déjà une heure vingt.
    S’adressant à Bridet, mais sur un ton
beaucoup moins cordial qu’au début, comme si le mouvement d’humeur de Bridet
lui rendait sa liberté, Saussier poursuivit :
    — Je crains que vous ne trouviez plus
rien à manger dans les restaurants. Vous allez descendre à l’étage au-dessous.
Un des messieurs que vous avez vus en arrivant va vous conduire dans un très
bon petit restaurant ami qui se trouve tout près d’ici. De cette façon, vous
pourrez revenir tout de suite après déjeuner, afin que nous en finissions avec
cette histoire.
    Bridet faillit dire qu’il avait
rendez-vous, mais il avait tellement peur de s’apercevoir qu’il était
prisonnier qu’il préféra rester dans le vague.
    — C’est une très bonne idée !
dit-il.
     

9
    Bridet déjeuna avec un inspecteur du nom de
Bourgoing qui faisait semblant, un peu lourdement, vis-à-vis des garçons et des
clients, d’avoir retrouvé un vieux camarade auquel il tenait absolument à faire
plaisir. Après le repas, Bourgoing commanda des liqueurs. On sentait qu’en ces
circonstances ses supérieurs n’épluchaient pas de trop près les notes de frais.
    À trois heures et demie, ils retournèrent
rue Lucas. En cours de route, Bridet eut une velléité d’indépendance. Il entra,
sans prévenir son compagnon, dans un bureau de tabac. L’inspecteur faillit le
suivre, mais se ravisant, il l’attendit à la porte.
    Ils montèrent directement au premier étage
par le grand escalier, mais au lieu d’être conduit comme il s’y attendait,
directement chez M. Saussier, Bridet fut introduit dans une petite pièce à la
porte de laquelle la carte de visite d’un certain Yves de Keruel de Mermor
était fixée.
    Il n’y avait pas d’œillets de serre sur le
bureau comme sur celui de Basson, mais entre deux plaques de verre que
maintenait un support en nickel, une grande photographie représentant une très
jolie femme tenant dans chacun de ses bras un enfant d’une dizaine d’années. La
pose rappelait celle d’un tableau de Mme Vigée Le Brun. Cette évocation de la
vie privée de M. de Keruel de Mermor était tellement parfaite qu’elle n’avait
rien de familial et qu’il se glissait dans l’esprit la pensée que cette photographie
ne provenait que d’un magazine élégant.
    L’attente devenait intolérable. À mesure
que l’après-midi s’écoulait, Bridet avait l’impression de plus en plus nette qu’il
n’allait pas recouvrer sa liberté, que le temps manquerait pour en finir, comme
disait Saussier, avec son histoire. On le garderait alors. Puisqu’on ne l’avait
pas laissé déjeuner seul, il n’y avait pas de raison qu’on le laissât davantage
dîner ou passer la nuit. De temps en temps, Bourgoing venait le prier de
patienter. M. Saussier n’allait pas tarder, disait-il, et pourtant, quand la
porte était ouverte, Bridet entendait la voix du directeur.
    À cinq

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