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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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incommodé, alors que le plongeur de Sicart ne peut évoluer qu'un court moment, commenta Charles.
     
    – J'ai vu l'homme se laisser glisser dans Dog Hole, ce qui a causé une grande frayeur à mes amis arawak, qui croient dur comme fer qu'il abrite des molosses marins prêts à dévorer ceux qui les dérangent. En voyant l'homme entrer dans l'eau, ils ont fui sans se retourner. Quand, plus tard, je leur ai raconté que le plongeur était remonté sain et sauf, ils se sont écriés que ces Anglais sont des sorciers, esprits malfaisants envoyés du diable. Je me suis employé à les raisonner, car je ne donnerais pas cher de la vie de nos puisatiers si le cacique des Taino s'énervait. Vous l'ignorez peut-être, monsieur Desteyrac, mais le lieutenant Tilloy le sait, nos Indiens ne plaisantent pas avec Satan et ses suppôts ! D'ailleurs, fidèles à l' obeah 1 , ils ont aussitôt suspendu aux arbres, autour de Dog Hole, des flacons emplis de rhum et d'araignées mortes pour conjurer le mauvais sort, précisa le médecin.
     
    – Tout ce mystère entretenu par lord Simon autour des recherches de ces puisatiers, dont nous savons maintenant qu'ils n'en sont pas, commence à devenir gênant pour tous et peut-être, d'après ce que vous dites, dangereux pour certains. Aussi, je propose que nous parlions de tout cela très franchement au major, dit Mark Tilloy.
     
    – Bonne idée ! Puisque mon ami Edward ne nous a pas fait l'honneur de venir au club ce soir, allons donc le trouver chez lui, car je pense qu'il y a quelque urgence à éclaircir la situation. Venez-vous avec nous, Monsieur l'Ingénieur ? demanda Kermor.
     
    – Bien volontiers, messieurs. Je suis curieux de savoir l'usage qu'on veut faire de ce scaphandre, et s'il existe une chance que Soledad abrite la coupe du Saint-Graal ! fit gaiement Desteyrac en se levant.
     
    – Se pourrait-il, mes amis, que lord Simon fût une réincarnation du roi Arthur, dont nous savons tous par Chrétien de Troyes qu'il est immortel ? ajouta sur le même ton Mark Tilloy.
     
    – Marchons, chevaliers de la Table ronde, jusque chez Carver-Lancelot ! ordonna Uncle Dave en se dirigeant vers la sortie.
     
    Quelques verres de whisky expliquaient l'audace et la belle humeur des trois hommes, qui trouvèrent le major Carver vêtu d'un négligé de soie prune, en train de lire The New Sporting Magazine , journal de sport et de chasse fondé en 1830. Le numéro, imprimé un mois plus tôt en Angleterre, était arrivé le jour même par le bateau-poste de Nassau.
     
    – Que voilà une belle délégation ! s'écria Carver, abandonnant sa lecture.
     
    – Nous sommes confus de vous déranger à cette heure, mais nous croyons qu'il est de notre devoir de vous informer de certaines choses, dit Tilloy.
     
    – Vous ne m'annoncez pas le débarquement imminent des planteurs des Carolines exigeant la restitution de leurs esclaves ? Ils ont envoyé une sorte d'ultimatum à Simon, mais ne se risqueraient pas en mer en cette saison ! s'exclama le major.
     
    – Non : pas d'esclavagistes à l'horizon. Nous voulons seulement vous dire que les puisatiers se sont mués en scaphandriers et que cela intrigue les indigènes et aussi certains d'entre nous, révéla le lieutenant.
     
    D'un claquement de mains, le major fit apparaître Poko. Le sikh disposa des sièges pour les visiteurs et, sans en avoir reçu l'ordre, apporta verres et boissons. Quand le domestique se retira, le major invita Tilloy à servir.
     
    – On m'a en effet rapporté qu'on ne pourrait plus longtemps imposer le secret sur l'activité de Malory et de Bartley. Eux-mêmes souffrent d'être tenus à l'écart de notre communauté et souhaitent pouvoir mener à bien leur tâche sans se cacher, du moins quand ils reviendront, sans doute au printemps prochain.
     
    – Ces messieurs nous quittent ? Ils ont besoin de repos ? s'enquit Kermor.
     
    – Pas exactement, Dave. Le gouverneur royal nous a transmis un message de l'amirauté britannique demandant à lord Simon de libérer Malory et Bartley pour quelques semaines. Une frégate de la Navy, venant de la Jamaïque, est attendue. Elle les conduira à Norfolk, en Virginie, pour plonger sur l'épave du deux-mâts barque anglais Eliza , qui a coulé près de Knott Island. Il y aurait à bord des choses précieuses, expliqua le major.
     
    Desteyrac profita d'un silence pour entrer sans atermoiement dans le vif du sujet.
     
    – Il y a quelques

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