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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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du Conseil des Dix. Vous allez être pendue ou bien on vous tranchera cette belle tête qui va si bien à vos épaules de marbre. » J’eus un frisson d’horreur et je songeai à ma petite fille, à ma Bianca que je faisais élever au loin… A la pensée de l’échafaud, une sueur froide m’envahit et je me mis à grelotter sous le froid de la mort. Alors, Bembo me dit : « Il y a un moyen de vous sauver, un seul. C’est de dénoncer quelqu’un comme ayant tué Davila ! Au besoin, nous témoignerons que vous dites la vérité !
    « – Mais qui ? m’écriai-je. Qui ?
    « – Roland Candiano !
    « – Jamais !
    « – Soit ! Vous irez à l’échafaud et il épousera sa « Léonore… »
    « A ces derniers mots, reprit Imperia, une rage soudaine s’empara de moi. L’idée que Léonore Dandolo serait heureuse me rendait folle. Je criai que j’étais prête… Altieri dicta la dénonciation, j’écrivis, et le billet fut jeté par Bembo dans le tronc de la place Saint-Marc… Ce fut horrible, n’est-ce pas ?
    – Oui, dit Roland, horrible. Vous étiez poussée par la jalousie. Mais Bembo, pourquoi en voulait-il à Roland Candiano ?
    – Je ne sais… autre genre de jalousie, peut-être.
    – Et Altieri ?
    – Il aimait Léonore ! »
    Roland étouffa le rugissement qui montait à ses lèvres.
    « Et Roland Candiano, que lui fit-on ? demanda-t-il.
    – On le jeta dans les puits.
    – Où il est encore, sans doute ?
    – Non. Il est mort.
    – Comment le savez-vous ?
    – Il a voulu s’évader avec un autre condamné. Ils se sont noyés dans le canal… Il vaut mieux qu’il en soit ainsi. Au moins, il ne souffre plus…
    – Oui, cela vaut mieux ainsi !…
    – Ensuite… vous comprenez maintenant que Bembo est mon maître. Vous comprenez que depuis six ans, je lui obéis comme une esclave ; que, toutes les fois que je veux me révolter, il me menace, et que j’ai peur… Oh ! j’ai peur de le voir une nuit se dresser devant moi et de me dire de sa voix glaciale : « Ta fille dans mon lit, ou ta tête au bourreau ! »
    Imperia éclata en sanglots. Roland réfléchissait :
    « Voilà élucidé le rôle d’Imperia, de Bembo et d’Altieri. Mais Dandolo ? qui l’a poussé ? Foscari ? que lui avais-je fait ? Oh ! patience ! patience !… »
    Et il éleva la voix :
    « Ne pleurez plus, madame, dit-il. Je sauverai votre fille.
    – Je vous crois, je vous crois ! »
    Roland fit un signe d’adieu et s’élança rapidement au-dehors, laissant la courtisane en proie à un trouble extraordinaire, à la fois heureuse et irritée, rassurée et prise de terreurs folles.
    q

Chapitre 20 AMOR, FUROR
    D ehors, sur le quai, Roland regarda autour de lui et entrevit une ombre qui se dissimulait derrière un pilier. Il marcha droit à cette ombre.
    « Est-ce toi ? demanda-t-il.
    – C’est moi, monseigneur », dit Scalabrino qui apparut.
    Il avait quitté la belle livrée de l’Arétin et était vêtu comme un bon bourgeois de Venise.
    « Et nos compagnons ?
    – Ils sont presque tous arrivés et attendent vos ordres.
    – Bien ; quand ils seront tous là, tu me préviendras… »
    Roland détacha une gondole et sauta sur le frêle esquif.
    « Dois-je vous accompagner, maître ? demanda Scalabrino.
    – Si tu veux. Une promenade sur l’eau nous fera du bien.
    – Où voulez-vous aller, maître ?
    – Mais au Lido ; on n’a pas à y redouter les indiscrétions. »
    Lorsqu’ils furent arrivés dans le port, Roland se redressa et fit un signe à son compagnon qui cessa de ramer.
    « Alors, tu disais que tu n’as jamais revu cette femme ? fit tout à coup Roland. Celle dont tu m’as raconté l’étrange aventure… celle qui t’a préféré à Sandrigo, dans la Grotte Noire…
    – Non, monseigneur, je ne l’ai jamais revue.
    – As-tu bien regardé cette jeune fille, tout à l’heure, dans le palais d’Imperia ?
    – Oui, maître.
    – Elle s’appelle Bianca.
    – Je retiendrai ce nom : Bianca.
    – Au fait, j’oubliais un détail intéressant. Cette enfant a une mère qui s’appelle Imperia.
    – La courtisane du palais ?
    – Oui : la courtisane qui fut la cause première de mon arrestation. Mais laissons cela. Donc Bianca a pour mère Imperia. Mais sais-tu comment s’appelle son père ?…
    – Non, maître, je ne le sais pas !
    – Eh bien, le père de Bianca s’appelle Scalabrino. »
    Scalabrino fit un tel

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