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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bandits armés. Il a des navires. Vous voyez, mon cher ami, que c’est véritablement un secret d’Etat.
    – Et sans aucun doute, dit alors Altieri d’une voix mordante, le doge est prévenu…
    – Le doge n’est pas prévenu. Il sera temps de le mettre au courant, si Candiano m’échappe.
    – Bien. Ainsi, toutes vos mesures sont prises pour ce soir ?
    – Pour ce soir, oui.
    – En ce cas, vous ne voyez pas d’inconvénients à ce que j’assiste à l’opération ?
    – Votre aide, Altieri, ne pourra que nous être précieuse.
    – Ainsi, à ce soir !… Quelle heure ?
    – Neuf heures précises. »
    Altieri serra de nouveau la main du père de Léonore et se retira.
    Tandis que cela se passait chez le Grand Inquisiteur, une autre scène se déroulait dans le palais d’Altieri.
    Sur les indications du capitaine général, Imperia s’était engagée dans un obscur couloir au bout duquel se trouvait en effet un escalier de quelques marches qui aboutissait à une petite porte pratiquée sur l’un des côtés du palais. Comme elle allait atteindre cet escalier, une main la toucha au bras.
    Elle se retourna et se vit en présence d’une femme voilée.
    « Venez ! » dit cette femme d’une voix faible.
    Imperia hésita un instant, mais déjà l’inconnue l’entraînait et la faisait entrer dans une pièce retirée.
    Là, elle retira son voile.
    « Léonore ! » murmura sourdement la courtisane.
    Oui ! c’était Léonore !…
    Comment se trouvait-elle sur le passage d’Imperia ?… Que voulait-elle ?… Léonore avait passé la matinée comme elle passait toutes ses matinées, toutes ses journées : en travaux d’intérieur. Ce matin-là, elle se trouvait dans la lingerie située au deuxième étage du palais.
    A un moment, elle se dirigea vers une fenêtre et s’efforça de s’intéresser à la vie de Venise qui palpitait, rutilante et dorée sous les caresses du soleil.
    Un vol de colombes passa dans l’air pur et léger. Il décrivit un grand cercle, puis soudain se dispersa, par un caprice de ces hôtes charmants de la cité des Eaux. Léonore avait machinalement suivi des yeux le manège de ces oiseaux familiers qui sont à Venise ce que nos adorables moineaux effrontés, hardis et amis, sont à Paris.
    Et voici qu’une gondole s’approchait, s’arrêtait devant le palais, une femme en descendait, traversait le quai étroit et entrait. Cette femme, malgré ses voiles, Léonore la reconnut !…
    Elle descendit alors au rez-de-chaussée, entra dans une pièce où jamais elle ne pénétrait.
    Et elle entendit une voix de femme qui disait :
    « Roland Candiano est à Venise ! »
    Le coup était rude. Léonore jeta un faible cri qui ressemblait à un gémissement et s’affaissa évanouie. Lorsqu’elle revint à elle, tout ce qu’elle avait d’énergie et de volonté, elle l’employa à écouter de toutes ses forces. Elle entendit une porte qui s’ouvrait et se refermait. Elle comprit qu’Imperia s’en allait !… En toute hâte, elle jeta un voile sur sa tête, et rejoignit la courtisane.
    Maintenant, les deux femmes étaient face à face.
    Elles ne s’étaient pas revues depuis la terrible nuit de l’arrestation – près de sept ans écoulés !
    « Que me voulez-vous ? demanda Imperia.
    – Je veux de vous la vérité ! dit Léonore.
    – Quelle vérité ?
    – Tout ce que savez sur Roland. Voici ce qu’on m’a dit, à moi : gracié, il a fui de Venise, puis il est mort. Mensonge, tout cela. La vérité ! Parle !
    – Et si je ne parle pas !
    – Tu meurs ! »
    Lentement, Léonore tira un stylet de son sein.
    Imperia était forte. Elle était grande, vigoureuse, avec un buste bien développé ; Léonore était mince, élancée, flexible comme un jonc.
    D’un geste brusque, la courtisane se débarrassa du manteau qui couvrait ses épaules. En même temps, elle arracha le corsage qui couvrait son sein dur, et en tira un fort poignard.
    Alors, elle haussa les épaules et dit :
    « Vous me faites pitié, madame, de vous imaginer qu’Imperia puisse venir désarmée dans la maison des Altieri… Allons, place ! ou c’est vous qui êtes morte
… »
    Pour toute réponse, Léonore tendit en arrière son bras et poussa un fort verrou sur la porte.
    Alors, les deux femmes, pareilles à deux duellistes, se mesurèrent.
    Elles firent un pas l’une vers l’autre.
    Soudain, la courtisane eut un geste foudroyant. Son bras se leva, l’arme

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