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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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siffla, s’abattit. Au même instant, sa main se trouva emprisonnée comme dans un étau. Léonore avait vu venir le coup et, dédaignant de parer, avait saisi le poignet.
    En quel paroxysme de haine et de désespoir trouva-t-elle la force prodigieuse qu’elle déploya à ce moment ?… Ce poignet, elle le garda dans ses mains fines et délicates, elle le serra, le pressa, le pétrit… Imperia jeta une clameur de souffrance, l’arme lui échappa et, pantelante, livide, elle recula, tandis que Léonore lui plaçait son stylet sur la gorge…
    Tout à coup, Imperia trébucha, s’abattit sur ses genoux.
    Léonore fut sur elle au même moment, et la pointe de son stylet pénétra dans la chair… la gorge de marbre se tacha d’une goutte rouge qui, comme un rubis liquide, jaillit et coula…
    Râlante, désarmée, démente de terreur, Imperia était étendue.
    Léonore, un genou sur elle, la maintenait d’une main et de l’autre enfonçait le poignard…
    « Grâce ! rugit la courtisane.
    – Parleras-tu ? dit Léonore.
    – Oui ! » râla Imperia.
    Le stylet s’arrêta.
    « Parle donc !… Où est Roland ?
    – A Venise… sous le nom… de Jean di Lorenzo…
    – Depuis quand ?
    – Sans doute depuis son évasion…
    – Evasion ?… D’où cela ?…
    – Des puits de Venise ! répondit Imperia.
    – Il était dans les puits ?
    – Oui !
    – Depuis quand ?
    – Depuis la nuit de l’arrestation.
    – Evadé quand ?
    – Il y a six mois environ.
    – Qu’es-tu venue faire ici ?
    – Prévenir Altieri…
    – Qui as-tu prévenu encore ?
    – Dandolo.
    – Mon père… Bon ! Qu’ont-ils résolu ?
    – Son arrestation.
    – Pour quand ?
    – Au plus tôt.
    – C’est tout ce que tu sais ?
    – Oui !… tout !… »
    Imperia était à bout. La rage, la honte, la terreur avaient désorganisé cette forte nature : elle s’évanouit.
    Léonore se releva, regarda autour d’elle et se dirigea vers une tenture murale relevée par des cordons de soie ; avec son stylet, elle trancha les cordons ; puis elle revint à Imperia, lui lia les pieds et les mains : avec une écharpe, elle la bâillonna ; alors elle la saisit par les deux épaules et la traîna dans un cabinet, ferma la porte du cabinet à double tour et monta dans son appartement, s’habilla sans hâte, redescendit et quitta le palais.
    q

Chapitre 24 MINUIT
    R evenons un instant dans le cabinet du Grand Inquisiteur.
    Après le départ d’Altieri, Dandolo avait passé une heure terrible.
    Les projets insensés se succédaient dans son imagination. Il pensa au suicide ! Il pensa à tuer sa fille. Oui cette fille qu’il adorait ! Nous devons dire qu’il écarta cette pensée avec horreur.
    Tout à coup, il se calma : la véritable solution lui apparut brusquement. Ce n’est pas lui, ce n’est pas Léonore qui devait mourir… C’était Roland !
    Il fallait que le meurtre fût rapide.
    Et un nom se présenta à l’esprit du Grand Inquisiteur : Sandrigo.
    Il alla à la fenêtre qui donnait sur le quai, vit une sorte de barcarol, qui, étendu dans la gondole, la tête tournée vers le palais, paraissait dormir. Le Grand Inquisiteur fit un signe. Le barcarol se leva aussitôt et s’approcha jusque sous la fenêtre.
    Dandolo se pencha et prononça :
    « Sandrigo. »
    L’homme indiqua qu’il avait compris et s’éloigna. Vingt minutes plus tard, le bandit était en présence du Grand Inquisiteur.
    « Tu vois que je tiens parole, fit Dandolo.
    – Vous avez donc la piste de Roland Candiano ?
    – Oui, dit le Grand Inquisiteur d’une voix sombre.
    – Pour quand est-ce ?
    – Pour ce soir. Trouve-toi à dix heures à l’île d’Olivolo.
    – A quel endroit ?
    – Près de l’église.
    – Et vous me laisserez conduire l’arrestation ?
    – Puisque c’est convenu ! je te dis que je tiens parole. »
    Sandrigo se retira ; le Grand Inquisiteur l’accompagna jusqu’à la porte de son cabinet. Au moment où le bandit allait disparaître, il lui mit la main à l’épaule.
    « Ah çà, j’espère que tu n’iras pas plus loin qu’il ne faut ?
    – Que voulez-vous dire ? gronda Sandrigo.
    – Ceci : que nous avons intérêt à prendre
Candiano vivant.
Promets-moi donc de ne pas te laisser emporter par la haine. »
    En même temps il fixait sur le bandit un regard ardent.
    Sandrigo paraissait irrésolu.
    « Tu entends ? reprit Dandolo. Jure-moi de ne pas outrepasser

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