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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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et remontons-la…
    Quand ce fut fait, ils rejoignirent leurs compagnons et les informèrent de ce qu’ils avaient vu et décidé. Une nouvelle fois, la corde fut assujettie à un merlon puis déployée dans le vide. Elle tomba sur le chaume de ce qui semblait une grange.
    Tristan descendit le premier. Une fois parvenu au faîte du toit, il s’accroupit et se laissa glisser sur son séant jusqu’à l’extrémité de la pente. Après avoir évalué tant bien que mal la distance qui le séparait du sol, il choisit l’endroit le plus apte à le recevoir, lança un regard circulaire – « Personne ! » – et sauta.
    Il tomba sans bruit sur une terre jonchée de fétus et de brins de paille. « À vous, maintenant », fit-il d’un geste. Peu à peu ses compagnons le rejoignirent. Paindorge, qui demeurait sur le toit, rabattit la corde le long du mur, la dissimulant ainsi dans l’encoignure qu’il formait avec la paroi. Puis il sauta.
    – Nous pourrions avoir à repasser par là, dit-il en s’adressant plus particulièrement à Callœt. Alors, il suffirait de la jeter de l’autre côté du merlon.
    – Pour choir dans le vivier.
    – Ne sais-tu plus nœr 203 tout à coup ?… Ignores-tu que l’eau amortit la violence des sagettes ?
    Tristan intervint une nouvelle fois :
    – Triphon, va voir ce qu’il y a dans cette maisonnelle… Pagès, va jeter un coup d’œil dans celle d’à côté… C’est sûrement l’écurie…
    Les deux soudoyers partirent en silence et revinrent précipitamment. Ils souriaient. Pour ces esprits droits et rudes, toute l’affaire, à présent, devenait d’une simplicité telle qu’ils en sortiraient non seulement indemnes mais vainqueurs.
    – Une grange… une écurie, dit Pagès. On fait quoi ?
    Tristan réprouva cette griserie collective. Il ne la partageait point.
    – Tu parles fort… Veux-tu un tambour ?… Gueguen, Triphon et toi, Pagès, vous irez voir ce qu’il y a dans ce beffroi. Buzet, Morsang, Raffestin, Sampanier, vous allez costier 204 le mur jusqu’aux tours portières. Quand un cheval hennira et mènera un gros brouillis 205 à l’écurie, un des trois hommes qui sont là-bas viendra voir ce qui se passe. Vous êtes quatre, il restera deux ennemis. Mettez-les hors d’état de nous préjudicier.
    – J’aimerais y aller, dit Callœt.
    Tristan perçut parfaitement l’excitation du Breton : il allait se délecter. Il y eut un grand souffle d’air et le manoir tout entier parut plein de mouvement et de murmures. Quelqu’un toussa. Ce devait être un des trois gardes.
    – Eh bien, vas-y, Callœt. Quel capiteux 206 tu fais ! Morsang, demeure… Dis, Callœt… Quand la place sera nette, trouve dans une des tours le treuil qui commande l’ouverture du pont… Abaisse le tablier, mais veille au grain. Qui sait s’il ne viendra pas quelques gars pour relever ceux qui sont présents cette nuit ?… Ne leur fournissons pas l’occasion d’entrer.
    – Bien, messire. Sampanier restera pour la manœuvre.
    – Quand vous aurez… nettoyé cet endroit, vous entrerez dans la maison d’en face. Paindorge, Morsang, Beltrame et moi, nous nous chargeons de celle-ci.
    – Où pensez-vous, messire, que sont l’Édouard et sa belle ?
    C’était Beltrame, blême sûrement sous sa suie, qui venait de poser cette question. Elle hantait tous les esprits.
    – S’il est présent cette nuitée, il est en face… Voyez, la cheminée fume toujours autant. Or, nous sommes à la mi-juin. Ce n’est pas la saison où l’on fait des flambées pour les serviteurs et les hommes d’armes. Et les queux, maintenant, ont fini leur service… Le prince de Galles et sa dame galante réchauffent leur nudité aux flammes. La princesse peut avoir le feu au cul comme elle en a réputation et geler sur tout le reste du corps.
    – Laissez-moi donc entrer dans l’écurie… Je sais faire chanter les chevaux.
    Callœt, évidemment. Il n’existait rien, apparemment, qu’il ne sût faire. Dans la glu de son visage, ses dents, ses yeux étincelaient.
    – Soit… Tous accroupis le long des murs… Nous nous séparerons ensuite.
    Un cheval hennit de douleur et sabota vigoureusement, entraînant ses voisins dans sa danse. Puis ce fut le silence et de nouveau ce cri de souffrance et d’effroi révélant une atrocité pénible, assurément inutile. « Que lui fait-il, ce fou ? » Déjà quelqu’un courait : un des gardes de l’entrée. Un moment, le temps du

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