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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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dépasse.
    – Fort peu… Mais nous avons assez perdu de temps.
    Pagès et Triphon traversaient la douve. À quoi bon se soucier des autres ? Ils passeraient. Paindorge arrivait. Il tendit son épée nue à Callœt :
    – Tiens, Charlot de mon cœur, garde-la… Tu me la rendras quand nous serons là-haut… Messire, accrochez donc cette corde à votre ceinture…
    *
    Faisant preuve d’une agilité de bateleur, l’écuyer se jucha promptement sur les épaules de Callœt et s’y maintint, le dos appuyé au mur, tandis que son porteur fermement adossé lui-même à la paroi, les genoux et les chevilles serrés pour obtenir le maximum de hauteur, grommelait un : «  Ça va » ayant valeur de louange.
    Ensuite, sans remuer sa tête à l’étroit entre les jambes de son fardeau, le Breton murmura :
    – À vous, messire… Prenez cet étrier, mais surtout soyez bref dans vos agitations.
    Il avait réuni ses mains devant son ventre, les doigts insérés les uns dans les autres. Tristan l’empoigna au-dessus des biceps et se hissa, tandis que le soudoyer l’aidait de ses mains disjointes, jusqu’à ses épaules.
    – Hâtez-vous, messire, dit Paindorge dont Tristan écrasait les coups-de-pied.
    L’édifice déséquilibré par son ascension chancelait un peu. Quand il fut immobile, Tristan prit un nouvel appui sur les mains de l’écuyer. Un instant, la colonne humaine chancela encore, penchée en avant par cette pesanteur nouvelle, mais Callœt saisit les jambes de Paindorge, juste au-dessus du genou, assurant la stabilité de l’ensemble et même le consolidant.
    – Faut qu’on soit, dit-il aigrement, comme trois saints au portail d’une église. Et cette bon sang de corde qui pendouille va me faire éternuer !
    Tristan prit position sur les épaules de son écuyer. Il se déplia doucement, sans rompre un aplomb qu’il sentait devenir précaire, cherchant, le nez touchant le bossage d’un moellon et les doigts mouvants, les aspérités qui l’aideraient à s’agripper.
    Sans se lasser de tâtonner, il trouva deux pierres disjointes, mais solidement enchâssées dans la profondeur du mortier. « Une aune et demie !… Je n’y arriverai jamais… Il y a cette chose que nous avons vue, Callœt et moi, et qui ressemble à un reste de gargouille… Si je l’atteins, ce sera comme un échelon. » S’il pouvait poser un pied sur l’une des deux pierres, il parviendrait à se hisser pour s’accrocher à ce grand chicot et prendre, de ce perchoir, un essor définitif jusqu’au bord du crénelage.
    – Rien ? demanda Paindorge. Y arriverez-vous ? À combien vous trouvez-vous du faîte ?
    – Une aune et demie… Deux pierres peuvent m’aider à en atteindre une grosse… Mais comment monter dessus ?… Le mur est lisse partout ailleurs.
    – Faut réussir ! intima Callœt.
    Il devait, maintenant, être étayé par quelques hommes. Tristan entendit leurs murmures et grognements et imagina toutes leurs faces noires levées vers lui. Il fallait qu’il réussît !
    – Ne pas renoncer. Ne pas choir pour ne pas déchoir !
    Venait-il de parler haut et fort ? Paindorge desserra ses mains de ses chevilles :
    – Messire, soulevez votre semelle dextre.
    Il obéit et sentit son pied prisonnier d’une main.
    – L’autre, maintenant… Bien… Je vais vous pousser de toute la longueur de mes bras… Il vous faudra vous mouvoir vélocement ensuite car je ne suis ni Hercule ni Breton !… Êtes-vous prêt ?
    – Vas-y !
    Cette fois, l’édifice humain tremblait comme il n’avait jamais tremblé. Tristan donna du front dans une pierre, puis dans une autre. Son nez, son ventre, ses genoux raclaient parfois le mur. La corde, dans son dos, le gênait.
    Lâche ma jambe dextre, Paindorge…
    Il plaqua cette jambe au mur, la plia lentement tout en s’accrochant à l’une des excroissances qu’il avait remarquées, et qui branlait dans son assise. Sa semelle trouva une espèce de corbeau sur lequel il pesa : cela tenait. Maintenant, les bras levés, les mains cramponnées à la pierre, il devait prendre le risque de s’élever tout seul.
    – Attends un peu, Paindorge.
    Les doigts de sa main senestre s’enfoncèrent dans un interstice entre deux moellons mal jointoyés. Bon… Il allait se hisser, se crocheter au moindre escarpement.
    – Lâche-moi, l’ami !
    « Comme une araigne sur un mur ! »
    L’impondérable fraîcheur nocturne le caressait et le vivifiait d’autant

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