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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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encore…
    – Marié ?
    – Oui… Une belle dame et un fils de dix-huit ans… qui n’a aucun ressentiment de ce que j’ai fait… Mais assez parolé. Attendez-moi !
    Thierry tapa du poing sur l’huis qui s’entrouvrit. Il baisa au front une aïeule vêtue de sombre et Tristan admira cet homme dont l’énergie ou la bonté se manifestait au moindre geste, au moindre propos et qui peut-être était venu fréquemment à Orgeval pour y entrevoir une belle veuve et un orphelin sans rancœur.
    Il réapparut sur le seuil, une grosse fardelle à la main. Aux tintements qu’il entendit, Tristan eut confirmation que le sac en peau de daim contenait les plates d’une armure.
    – Voilà déjà mon habit de fer, dit Thierry en posant son fardeau devant Paindorge. J’ai quelques vêtements que je vais apporter. Mon sommier est chez maître Marcelin avec mes lances, mes écus et mon épée d’arçon. Nous irons y dormir.
    – Nous ne coucherons pas chez cette dame ?
    Bien que d’un naturel solide, comme Luciane paraissait soudain frêle ! Thierry posa ses mains sur les épaules de sa nièce et, les yeux dans les yeux :
    – Tu coucheras dans cette maison. Il y a une chambre pour toi : celle dont je disposais et dispose encore. Crois-moi, le lit est bon. Tu y auras tes aises. Nous ne pouvons, nous, les hommes, abuser de la bienveillance de dame Alix. Le temps se prête à ce que nous dormions sur la paille… après y avoir mangé. Toi, tu feras un bon repas.
    Tristan s’approcha de la pucelle sans qu’elle parût s’en apercevoir. Son regard s’était résigné. Deux plis légers au front dénonçaient comme par inadvertance une soumission qui la contrariait. Ce serait une noble dame si elle s’alliait à un seigneur plus voulentourieux qu’elle ne l’était. Il fallait la mener doucement mais fermement. Se défier de ses impulsions. Mais qu’allait-il penser ? Il la quitterait bientôt. Définitivement.
    Soyez sans inquiétude, m’amie. La bonne chance est avec vous. Bonne chère et bon lit. Souhaitez-vous davantage ?
    – Certainement.
    Paindorge s’éloignant, Luciane ajouta :
    – Vous savez quoi.
    – Hé… mais, m’amie, je pourrais tout supposer !
    Tristan se sentit soudain d’humeur gaie, capable de s’élancer pour un temps dans une vie tumultueuse, voire désordonnée après laquelle la descente en Avignon lui paraîtrait une sinécure.
    – Supposez !
    Luciane s’exprimait tout nûment et le regardait en face. Il demanda, baissant la voix :
    – M’amourez-vous tant que je le crois ?
    Elle ne répondit pas : Thierry revenait, un bissac sous le bras.
    Il déposa son second fardeau auprès de l’autre et, se redressant :
    – Viens, dit-il à sa nièce, je vais te présenter. Demain, nous viendrons te chercher.
    – Mais… où mangerez-vous… si vous avez à manger ?
    – Il y a toujours ce qu’il faut chez maître Marcelin. Allons, viens.
    Luciane suivit, docile.
    Paindorge s’approcha et réunit deux par deux dans ses mains les rênes des quatre chevaux dont aucun ne broncha :
    – Soyez souef 309 avec elle… Elle domine de moins en moins son amour de vous.
    – Je sais.
    – Vous la regardez peu.
    – Je sais.
    – Elle et vous formeriez…
    – Je sais.
    Tristan croisa les bras et s’éloigna de l’écuyer mécontent. Il l’était aussi – pour une raison différente :
    « Si je cédais, Thierry me détesterait. Et qui sait s’il ne sortirait pas l’épée de son feurre 310 . Voilà bien un combat que je détesterais !… Sitôt à Gratot, je ferai demi-tour ! »
    –  Elle est en de bonnes mains, dit Thierry en s’approchant.
    Tristan chancela sous une bourrade inattendue.
    – Je sais qu’elle préférerait que ce soient les tiennes. Mais je veillerai à ce que ce ne soit pas hors du mariage.
    C’était presque une menace. Alors, Tristan :
    – Tu ne crains rien, compère. J’en aime une autre.
    La réponse était sèche et cruelle pour cet homme épris de sa nièce comme d’une fille qu’il n’avait pas eue. Il aurait suffi de peu de chose : d’un mot ou, peut-être, d’une tape affectueuse pour susciter un rire de grosse connivence et resserrer l’amitié. Tristan s’en interdit l’initiative.
    – Ah ! bon, fit Champartel. J’ignorais… Mais la fidélité, c’est bien.
    Un coup de vent soudain rebroussa les feuillages et coucha les fleurs toutes proches que la nuit faisait semblables. Elles exhalaient une odeur

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