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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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de croire en sa bonne fortune ; ils étaient d’habileté, d’endurance et de force égales mais, présentement, son état diminuait jusqu’à ses facultés défensives, et Mathilde, serrée contre lui sans intentions voluptueuses, pour une fois, s’en montrait consciente. Salbris parut d’ailleurs la prendre en dérision puis, avec ce mouvement du menton tellement arrogant qu’il empestait le curial 72 au faîte des honneurs :
    – Homme contre homme, Castelreng !
    À l’oreille de Mathilde qui s’en amusa, Tristan glissa : « Il est pareil à ton premier époux » puis il s’ébaudit :
    – Homme contre homme ! Je conçois en effet que tu parles ainsi !
    – Parfaitement, Castelreng, homme contre homme et non pas épée contre épée car c’est une arme noble sous le tranchant de laquelle il me serait désagréable de te voir périr !
    Salbris dansotait un peu, dodinant ainsi des hanches et du séant. Toute la femelle qui était en lui semblait sourdre à travers son jupon de mailles treslies : de la belle ouvrage puisque chaque anneau auquel s’attachaient les quatre autres était en cuivre, de sorte que ce vêtement semblait d’or et d’argent.
    – Je ne suis pas homme, Guillonnet, à repousser un défi en usant d’allégations spécieuses. Je préfère mourir vaillamment, ce jour d’hui, plutôt que de passer pour un couard… Or, donc, si tu meurs, toi, ce sera à ton instigation… C’est cela ?… Tu n’affûtes pas… tu réfutes l’épée !
    – Cesse tes gailles (432) , je suis pressé !
    – D’aller au ciel ? interrogea Mathilde.
    Salbris haussa ses épaules de fer. Tristan poursuivit :
    – Si tu décides de m’affronter avec une arme courte, je te dis non. Je ne suis pas encore en état de me colleter avec un parangon de vaillance qui est sorti sans une écorchure d’une bataille telle que celle de Brignais.
    – Où veux-tu en venir ? Hâte-toi ! Le temps presse…
    Tristan abandonna la taille de Mathilde qu’il avait caressée un peu comme l’échiné d’une bête :
    – Ni toi ni, ton armure n’ont éprouvé un coup, à croire que quatre mantelets t’entouraient et sans doute également trente hommes… Comme je puis me tenir à cheval, nous pouvons nous offrir une course lance…
    – Tu es, Castelreng, meilleur jouteur que moi !
    – Je te sais bon gré d’en convenir… Que me poses-tu ?
    – La masse ou le fléau d’armes, messires, suggéra le picquenaire de Salbris.
    Il souriait des apprêts laborieux de ce combat mortel. C’était, coiffé d’un capelet terne et bossué par les coups, un barbu de poil noir au nez entaillé naguère sur son arête et dont il subsistait une cicatrice noirâtre. Une grande gueule, sûrement. Panazol, lésé d’orgueil, s’immisça, lui aussi, dans ces préliminaires :
    – Messires ! Messires ! Votre plait 73 peut longtemps si vous poursuivez ainsi… Je vois que sire Salbris a trois arbalétriers avec lui…
    Le menton haut, les lèvres incurvées par un mépris que Tristan lui-même réprouva, Salbris fit front au sénéchal :
    – Qui t’a permis ? !
    Panazol, les poings sur les hanches, ne se courrouça ni du tutoiement ni de l’air souverain du visiteur ;
    – Moi… Et nul autre que vous ne s’en montre indigné !… Vous êtes en ces lieux pour occire, dites-vous l’époux de dame Mathilde. Puisque vous ne pouvez le combattre de près et que la joute vous déplaît, pourquoi ne vous résignez-vous pas à le meurtrir de loin ?… Cinquante pas ? Ces arbalètes ont bel aspect et je vois dans la couire 74 des hommes des viretons de bon aloi capables de percer deux poitrines à la fois, malgré du fer ou des mailles. Qu’une main de femme – celle de dame Mathilde – choisisse l’arme qui est pour vous d’abord, celle qui est pour son époux ensuite, et qu’un de vos hommes choisisse un vireton et moi l’autre, un seul…
    – Ensuite ? demanda Salbris intéressé.
    Panazol se rengorgea. Quelques battements de paupières exprimèrent une jubilation disproportionnée à sa raison d’être :
    – Pour que l’égalité soit complète, vous partirez dos à dos lorsque dame Mathilde vous le commandera… Elle comptera vos pas jusqu’à cinquante… J’ai vu procéder ainsi chez Arnaud de Cervole, entre deux capitaines épris de la même prisonnière…
    « Ce malandrin s’est trahi », songea Tristan, « mais puisque l’Archiprêtre est dorénavant au roi – du

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