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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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soumettront… Le vent de mort les poussera en Espagne. Audrehem les y mènera. Et l’Archiprêtre.
    – Mais il est…
    – Que dites-vous ?
    « Si je parle, il prétendra que je mens… Soit, je m’abstiens… Mais nullement pour l’Espagnol ! »
    –  Sire, je suis ébahi par votre bienveillance envers Henri de Trastamare. Il y a un an, si j’ai bonne mémoire, il est entré en Avignon et y fut reçu en ami. Nonobstant, il commanda aussitôt à ses hommes de faire main basse en ville sur tout ce qui se pourrait monnayer. Les Avignonnais se sont portés en force à sa rencontre sur le pont Saint-Benezet mais ils ont reculé… Alors, leur donnant sa parole royale après en avoir meurtri quelques-uns, le Trastamare leur a promis de leur restituer tout ce qu’il leur avait robé dès qu’il aurait chassé Don Pèdre de son trône… Or, le montant de son butin, juste pour Avignon, s’élève à quatre millions de ducats…
    – Il a délivré aux Avignonnais une reconnaissance en bonne et due forme et promis de les rembourser sur le Trésor de Castille.
    C’était une réponse décourageante, inadmissible, même sortie d’une bouche royale.
    – Tous les seigneurs des Pyrénées, sire, l’ont combattu.
    – Audrehem m’en a dit grand bien.
    Quelle malfaisante accointance unissait ces deux personnages ?
    – Messire Arnoul a peut-être été abusé…
    – Arnoul ?… Lui ? Il est aussi hardi que clairvoyant !… Mais, puisque vous m’y poussez, sachez tout d’abord que le maréchal d’Audrehem signera un traité avec Henri de Trastamare ; un traité où le comte me donnera certitude d’emmener les compagnies en Espagne. Elles y feront la guerre avec ses hommes !… Mon conseil m’approuve à l’unanimité.
    « En somme, plutôt que d’écraser la vermine qui nous ronge, nous allons l’enrichir et la pousser vers des peuples qui ne nous ont rien fait !… Nous hurlerions au scandale s’ils nous faisaient cette vilenie ! »
    –  Les clauses de ce double traité sont simples. Et je puis vous dire que nous avons adopté Clermont, en Auvergne, comme lieu de réunion… Quand ce protocole sera conclu, les routiers auront six semaines pour traverser la France et gagner les Pyrénées en s’arrêtant le moins possible et en s’abstenant du moindre excès. Dès qu’ils auront franchi les montagnes, ils ne devront en aucun cas rebrousser chemin sauf pour deux raisons : soit le renouvellement de notre guerre contre Édouard et son fils, soit le cas d’une nouvelle discorde entre les comtes de Foix et d’Armagnac pour leurs droits sur le comté de Bigorre… Jean d’Armagnac est un hutin et Fébus, malgré ses parures, est aussi peu respectable qu’un routier !… D’autres petites clauses compléteront ce pacte. Henri de Trastamare assumera ses obligations : il m’engagera sa foi et son hommage ainsi que la foi et l’hommage de son frère Sanche, et ceux de tous les chevaliers espagnols qui les accompagnent.
    – Soit, sire.
    C’était, songea Tristan, accorder une confiance outrancière à des hommes sans foi ni loi.
    – D’autre part, moi et mon conseil avons fixé la nature et la quotité des sacrifices que la France est tenue de s’imposer soit en faveur de messire Henri de Trastamare et de sa famille, soit au profit des gens de sa suite, tant à cause des nécessités de cette entreprise que dans le cas de son échec… Moult gens d’armes de chez nous veilleront à l’acheminement des routiers.
    « Ils n’en feront, s’ils le veulent, qu’une bouchée. Comment être si bête ? »
    –  Êtes-vous assuré, sire, qu’en arrivant en Espagne, votre… protégé trouvera aide et compréhension ?
    – Pierre IV d’Aragon lui a garanti son appui, concours et finances (472) . Quant à messire Arnaud de Cervole – pour y revenir –, c’est lui que nous déléguerons pour nous représenter auprès du comte de Trastamare avec ses hommes d’armes… Y voyez-vous une objection ?
    « Ai-je trahi mon dépit et mon courroux ? » s’interrogea Tristan. « Cervole et le Trastamare !… Qui se ressemble s’assemble ! »
    –  Non, sire… Je ne saurais objecter quoi que ce soit.
    – Allons, ne prenez pas cet air consterné !… Il subsiste des malandrins entre Saône et Loire, et leur hardiesse est grande à ce que l’on me dit. Il va de l’intérêt de la France qu’ils se joignent à ceux de Brignais et descendent, eux aussi, en Espagne 138

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