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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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j’appelle. »
    Il ricana :
    « Je n’ai pas fini !… Tu m’entendras jusqu’au bout !…
    – Laissez-moi, ou j’ameute les passants !
    – Bon !… Le premier qui approche… je l’étripe !
    – Ah ! Vous n’êtes pas un gentilhomme ! Vous êtes un misérable truand !… »
    Elle tenta de nouveau de s’arracher à la puissante étreinte. Elle comprit vite qu’elle s’épuiserait inutilement. La petite main d’apparence si délicate était une tenaille d’acier qui ne lâchait pas prise. Alors sa main, à elle, alla chercher dans son sein le petit poignard qu’elle y tenait caché. Elle leva le poing armé avec une résolution froide. Sous les chauds rayons du soleil, l’acier fulgura… Une seconde de plus, c’en était fait du beau Rospignac… Une carrière, qui s’annonçait des plus brillantes, allait être fauchée prématurément…
    À ce moment précis, une voix claironnante, un peu narquoise, prononça :
    « Fi du malotru qui violente une femme ! »
    Rospignac n’entendit peut-être pas. En tout cas, il ne lâcha pas la jeune fille.
    Mais elle entendit, elle. Elle entendit, et elle reconnut Beaurevers que le hasard amenait là si fort à propos. Elle le reconnut, et comme si elle se croyait désormais en parfaite sûreté, elle remit tranquillement le mignon poignard dans sa cachette satinée et parfumée.
    Et ce ne fut pas long, en effet.
    Voyant que Rospignac ne semblait pas avoir entendu, Beaurevers répéta, d’une voix impérieuse :
    « Je vous dis de laisser cette femme, mort diable ! »
    En même temps, du revers de sa main, il appliquait un coup sec sur la main de Rospignac. Cela suffit.
    Non seulement Rospignac lâcha prise aussitôt, mais il fit entendre un gémissement de douleur. Il faut croire que Beaurevers avait la main particulièrement lourde.
    Délivrée, Fiorinda s’écarta pour voir la suite de l’aventure. D’ailleurs, elle semblait n’avoir aucun doute sur cette suite, car ce fut d’une voix très calme, avec son plus affectueux sourire, comme si elle jugeait que tout était déjà fini, qu’elle dit simplement :
    « Merci, monsieur de Beaurevers. »
    Et il lui rendit le sourire avec un haussement d’épaules détaché qui disait clairement :
    « Il n’y a vraiment pas de quoi. »
    Cependant, Rospignac avait fait face à cet adversaire qui se présentait si inopinément. Lui aussi, il le reconnut sur-le-champ, et il gronda :
    « L’infernal Beaurevers !… »
    D’un geste, il assujettit le ceinturon, d’un coup d’œil il choisit sa place de combat qu’il occupa séance tenante, et, le torse replié, la main sur la garde de l’épée, le ton insolent, il lança :
    « De quoi vous mêlez-vous ?… Passez votre chemin !… »
    Beaurevers l’avait laissé faire en souriant d’un sourire aigu.
    « Je ne passerai pas, dit-il avec flegme, parce que c’est ici précisément que j’ai affaire. Je me mêle de ce qui me plaît. Et en ce moment, il me plaît de vous dire ceci, monsieur de Rospignac : vous avez insulté et violenté une jeune fille digne de tous les respects. Vous allez lui présenter les excuses auxquelles elle a droit. Moyennant quoi je vous tiendrai quitte.
    – Vraiment !… Et si je refuse ? Railla Rospignac.
    – Si vous refusez, répliqua Beaurevers, je me croirai en droit de vous administrer la correction que vous méritez.
    – C’est ce que nous allons voir », lança Rospignac qui, tout aussitôt, dégaina.
    Au même instant, Beaurevers eut la rapière au poing.
    Les fers allaient s’engager. Fiorinda s’approcha et la voix suppliante :
    « Je vous en prie, Beaurevers, ne le tuez pas. »
    Elle avait dit cela à voix basse. Cependant, Rospignac l’entendit. Il allait foncer. Il s’immobilisa, palpitant, tendant l’oreille. Sûr de la puissance de ses charmes, il cambra le torse, sourit en caressant du bout du doigt sa fine moustache. Et il songea, un peu étonné quand même :
    « Ah, ça ! Elle m’aimait donc ?… Et je n’ai rien vu !… Allez donc vous fier à ces madrées petites filles !… »
    Beaurevers, à cette prière imprévue, fronça le sourcil.
    Et assez rudement :
    « Pourquoi me demandez-vous cela ? fit-il ?
    – Ne comprenez-vous pas combien il me serait pénible de penser qu’un homme a été tué à cause de moi ?
    – Oui, je comprends cela, ma petite Fiorinda », dit-il avec douceur.
    Et reprenant sa rudesse première :
    « Mais celui-ci

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