Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
s’étonnaient aussi de voir ces deux gentilshommes campés si résolument dans ce coin. Évidemment, ils s’attendaient à trouver la besogne plus avancée.
    « Bon, qu’ils traînent encore un peu et ils donnent à Trinquemaille et aux autres le temps d’arriver à la rescousse », se dit Beaurevers.
    L’arrêt ne fut pas aussi long que le souhaitait Beaurevers. Soudain, les estafiers se décidèrent et chargèrent en tumulte. Ce fut la ruée inintelligente, sans ordre ni cohésion. Ils étaient une quinzaine resserrés dans cet étroit espace. Ils se gênaient plus qu’ils ne s’aidaient. Et ils ne paraissaient pas s’en apercevoir. Chacun voulait placer son coup sans s’occuper du voisin. Tous guignaient Beaurevers, on devait leur avoir promis une forte prime pour le prendre vivant et ils s’y employaient de tout leur cœur.
    Ce qu’ils ne voyaient pas, eux, Beaurevers le vit fort bien. Et il railla :
    « Doucement, mes agneaux, vous allez vous étouffer !… Monsieur le comte, donnons un peu d’air à ces coquins. »
    Et ils donnèrent de l’air : ils avancèrent de deux pas et fourragèrent dans le tas. Beaurevers abattit un homme d’un coup de pointe et un autre d’un coup de revers. François, qu’il ne cessait de surveiller du coin de l’œil, et qu’il couvrait du tourbillon de sa rapière, François abattit aussi le sien, et cria, enthousiasmé :
    « Un de moins !
    – Et deux font trois ! totalisa Beaurevers. Là, vous voilà un peu plus à l’aise !… »
    Il y eut une explosion de jurons : « Tripes du diable ! Fourches et chaudières ! Ventre du pape ! », mêlée d’une bordée d’insultes : « Pourceaux ! Glands de potence ! Suppôts de Calvin ! »
    Et cela couvrit les plaintes des blessés. Et puis ce fut le recul en désordre.
    « Attention, avertit un de la bande, ces deux damnés parpaillots ne sont pas les premiers venus !
    – Tu l’as dit ! approuva François qui brûlait de placer son mot comme il avait placé son coup de pointe.
    – Pourquoi, parpaillots ? Pourquoi suppôts de Calvin ? s’étonna Beaurevers. Nous sommes de bons catholiques, par la mortdieu !
    – Sus aux parpaillots ! »Hurlèrent les estafiers à qui on avait fait la leçon.
    Et ils chargèrent à nouveau. Mais cette fois ils y mirent plus d’ordre et un peu plus de prudence. Efforts louables qui ne devaient guère leur réussir.
    Beaurevers fit deux pas en avant, de manière à couvrir François, et lança son cri de bataille :
    « Beaurevers ! Le Royal de Beaurevers ! »
    Et François, comme un jeune lion grisé par l’odeur du sang, se porta vivement à côté de lui, en criant :
    « Beaurevers ! »
    Et voilà que là, tout près, dans ce raidillon d’escalier, un écho tonitruant répéta :
    « Beaurevers ! »
    Et ce fut la soudaine irruption de trois démons déchaînés, accompagnée de trois jurons formidables qui se fondirent en un seul :
    « Sacrement !
    – Ah ! madonaccia !
    – Ah ! milodious ! »
    C’étaient Bouracan, Corpodibale et Strapafar qui chargeaient la bande à revers. Le choc fut terrible. Les estafiers surpris abandonnèrent leurs deux adversaires pour faire face à ces nouveaux venus qu’ils croyaient plus nombreux.
    Mais alors ce furent Beaurevers et François qui les assaillirent par-derrière. Et comme s’il jugeait la partie gagnée, Beaurevers dédaignant d’utiliser la pointe se mit à les assommer à coups du pommeau de sa lourde rapière.
    Et il n’était pas seul. Bouracan avait ramassé on ne sait où une tige de fer, et de cette arme terrible entre ses monstrueuses mains, le colosse frappait sans trêve, faisait sauter des crânes, défonçait des poitrines.
    Ce fut un véritable carnage. En un rien de temps une mare de sang s’éleva sur le palier. Les blessés, piétinés inconsciemment dans le fort de la lutte, poussaient des cris lamentables. Les estafiers affolés hurlaient à l’aide et mort aux parpaillots, sans trop savoir ce qu’ils disaient.
    Quelques secondes plus tard, on entendit la galopade désordonnée de leur fuite éperdue dans la rue.

XXI – LE LOGIS DE FIORINDA
    François exultait. L’ivresse de la victoire le transportait. Il est juste de dire qu’il avait vaillamment participé au succès. Beaurevers, dès l’arrivée de Bouracan, de Strapafar et de Corpodibale, avait jugé l’affaire gagnée et il avait laissé le roi s’escrimer à son aise, se contentant de le

Weitere Kostenlose Bücher