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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avoir le don de se trouver partout à la fois. L’escalier était juste assez large pour que quatre hommes pussent aller de front.
    « Partie égale », prononça froidement Beaurevers.
    En même temps son bras se détendit comme un ressort puissant. Un cri de douleur retentit.
    « Et d’un ! ajouta Beaurevers qui commençait à s’échauffer.
    – Mordieux ! voilà un brave ! » murmura un des deux officiers en portant un furieux coup de pointe.
    Beaurevers avait entendu. Il eut un de ces sourires terribles comme il en avait dans la bataille.
    Un nouveau cri de douleur se fit entendre. Et la voix tonitruante de Bouracan lança triomphalement :
    – Deux !
    – Trois ! dit aussitôt Beaurevers qui d’un coup de revers venait d’abattre encore un homme.
    – Quatre ! rugit l’officier qui avait déjà parlé. Il ne sera pas dit, mordieu ! que nous vous aurons laissé faire toute la besogne.
    – À qui le tour ? cria Beaurevers. Voyons, approchez, mes agneaux ! Qui veut se faire saigner ? »
    Non, ils n’approchèrent pas. Cette vigoureuse défense les surprenait et ils éprouvaient le besoin de se concerter un peu. Voilà tout.
    Beaurevers vit bien que la trêve serait très brève. Il en profita pour dire :
    « À votre tour, messieurs, montez, s’il vous plaît. »
    Les deux officiers protestèrent :
    « Quitter la partie sans avoir rien fait ! dit l’un deux, furieux d’être le seul qui n’avait pas pu abattre son homme.
    – Vous abandonner ? fit l’autre. Fi, monsieur, pour qui nous prenez-vous ?
    – Obéissez, messieurs, répéta Beaurevers… ou je vais être obligé de vous prendre par le cou et de vous pousser là-haut moi-même.
    – Holà ! quel diable d’enragé est-ce là ?
    – Il nous sauve et il veut nous étranglerensuite ! »
    Sur le grand escalier, l’attaque avait déjà repris. Truands, écoliers, gens de maison faisaient de leur mieux. Ce mieux était encore insuffisant, paraît-il, car bientôt quatre des leurs tombèrent encore. Il y eut un nouveau recul.
    Et Beaurevers ordonna :
    « Monte, Bouracan. »
    Le colosse obéit, passivement, selon son habitude.
    Beaurevers demeura seul au haut des marches. Et il apparut hérissé, flamboyant, si formidable que les autres n’osèrent pas bouger. Alors il éclata de rire et cingla :
    « Au chenil, chiens de basse-cour, au chenil !… Non, vous ne voulez pas ?… Alors, gare la bûche ! »
    Ce qu’il appelait la bûche, c’était le lourd chenet qu’il avait emporté avec lui. Cette masse de fer, il la fit tournoyer un instant au-dessus de sa tête et il la lança à toute volée.
    Cette fois, le recul fut tel qu’il ramena toute la bande sur le palier du premier étage. Toute ? Non pas. La fuite avait été rapide. Pas autant cependant que la masse de fer qui tomba dans le tas et, rebondissant avec fracas, fit sauter un crâne ici, défonça une poitrine là, brisa une jambe plus loin.
    Beaurevers remonta à son tour, sans se presser.
    « Ils vont ramasser leurs morts et leurs blessés, dit-il avec un calme qui parut extravagant au groupe des protestants qui ne le connaissaient pas, nous avons le temps de souffler un peu. »

XXIII – L’ESCALIER DE BOIS
    La trêve dura deux ou trois minutes.
    Comme l’avait pensé le chevalier, les assaillants employèrent ces quelques minutes à enlever leurs éclopés. Depuis le rez-de-chaussée jusqu’au deuxième inclus, un vacarme infernal régnait dans la maison.
    Dans la rue, la rumeur était assourdissante, gagnait de proche en proche.
    Et l’effervescence se propageait, envahissait tout le quartier…
    Sur ces entrefaites, Guillaume Pentecôte était arrivé. Il avait pris le commandement de la bande. À la tête d’une vingtaine de ces sacripants, il avait expulsé les archers, qui s’étaient laissé faire complaisamment d’ailleurs, et avait occupé le palier du deuxième étage.
    Le long de l’escalier, Pentecôte avait distribué une vingtaine d’autres truands et écoliers qui constituaient sa réserve. Enfin il pouvait puiser dans la rue, parmi la foule, autant de volontaires qu’il en voudrait. Ces volontaires, encadrés par ses hommes à lui, feraient tout ce qu’il leur ordonnerait de faire. Ces dispositions prises, il se sentait fort, très fort.
    Et cependant, il était inquiet…
    C’est qu’il connaissait la disposition des lieux. C’est qu’il savait qu’il y avait ce misérable escalier étroit qu’il

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