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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cœur étreint par l’angoisse, ils se précipitèrent d’un même mouvement vers la fenêtre.
    Ils la virent au milieu de la rue, se dirigeant vers la rue de Seine, très à son aise comme toujours, souriant à celui-ci, disant bonjour à celui-là qu’elle appelait par son nom.
    « Brave fille ! murmura Beaurevers.
    – Oui, par ma foi ! renchérit François enthousiasmé ! Aussi brave, aussi bonne, que sage et jolie. Je lui voulais du bien… Mais maintenant, chevalier, sa fortune est faite. Vous verrez si le… comte de Louvre sait témoigner royalement sa reconnaissance. »

XXII – RENFORT INATTENDU
    Il fallait aux émissaires de Rospignac un prétexte pour soulever la foule au sein de laquelle ils étaient mêlés sous les apparences d’écoliers, de truands et, quelques-uns aussi, de gens de maison. Cette foule, comme bien on pense, se composait en majorité de cette tourbe innommable que l’on voit jaillir des bas-fonds dans les moments de troubles. Cette foule interlope se souciait fort peu d’avoir ou de n’avoir pas un prétexte pour agir. L’action, pour elle, consistait à piller. Et, ajoutons, piller indistinctement catholiques et huguenots. Mais les agents de Rospignac avaient des instructions formelles et ils les suivaient à la lettre.
    Au surplus, ce prétexte se présenta de lui-même : la vue de ces deux cadavres étalés sur la chaussée, devant la maison de Fiorinda, suffit amplement.
    Un grondement sourd roula de proche en proche, alla en s’amplifiant et finalement se condensa en une clameur énorme. Une voix indignée lança :
    « Voilà qu’ils massacrent les bons catholiques à présent ! »
    Et aussitôt cent voix furieuses répliquèrent :
    « Vengeons-les ! – À la hart les bousbots {8}  ! – À la chaudière les damnés pourceaux ! – À la mort ! – Tue ! – Pille ! – Sus ! – Assomme ! – Au feu ! »
    Là-haut, à la fenêtre de la cuisine, François prononça d’une voix calme :
    « La meute commence à donner de la voix !
    – Ce qui veut dire, répliqua Beaurevers tranquillement, qu’elle sent la curée prochaine. »
    Trinquemaille vint annoncer que les archers pénétraient dans la maison.
    « J’ai vu, dit Beaurevers. Le moment de l’action est proche. Je vais avec toi.
    – Je vous suis », s’écria François sur un ton qui n’admettait pas de réplique.
    Ils revinrent tous sur le palier.
    Nous avons dit que l’escalier de bois était si étroit que Beaurevers et François n’avaient pu le franchir de front. Nous avons dit que sur le palier une rampe de bois l’entourait de deux côtés. Contre cette rampe, du côté où elle surplombait la presque totalité des marches, Corpodibale et Strapafar furent placés avec mission d’assommer les assaillants avec les divers projectiles dont ils disposaient.
    Beaurevers se plaça sur la dernière marche de l’escalier. Il se chargeait, lui, de tenir tête à ceux qui parviendraient jusque-là. Près de lui, à portée de la main, il avait mis un des deux chenets. Ce chenet devait lui servir de massue au cas où son épée viendrait à se briser. Derrière lui, se tenait Bouracan, sa barre de fer à la main. Son rôle consistait à prendre la place de son maître s’il venait à être blessé ou s’il éprouvait le besoin de souffler un instant.
    Quant à François et à Trinquemaille, ils devaient se tenir à l’écart. Cependant un coup d’œil de Beaurevers avait fait comprendre à Trinquemaille que sa mission était plus importante qu’il n’eût pu le supposer au premier abord. Ce coup d’œil disait clairement qu’il devait veiller sur le jeune gentilhomme, et se faire hacher sur place plutôt que de laisser porter la main sur lui. Et Trinquemaille avait répondu par un autre coup d’œil qui disait qu’il avait compris et qu’on pouvait compter sur lui.
    Ces dispositions parurent parfaites aux quatre braves habitués à trouver parfait tout ce que faisait ou disait leur maître.
    « Attention, c’est l’attaque, cette fois-ci », cria Beaurevers.
    Il se trompait. Rien ne se produisit encore. Cependant, en bas, ils entendirent soudain une rumeur assourdissante. Un bruit éclatant de vaisselle brisée, puis le cliquetis des épées entrechoquées, un piétinement, des bruits sourds. Et soudain des cris de détresse, des hurlements de douleur et enfin le bruit d’une dégringolade sur les marches de grès du grand escalier.
    « Tiens ! railla

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