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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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– a été tranché, il n’a plus qu’un moignon. Et il y a des marques pourpres à ses poignets.
    Ranulf sourit, heureux de la satisfaction visible de son maître.
    — Le père Reynard a manié l’épée, c’est certain ! Et je parierais qu’il y était aussi habile qu’il l’est à prêcher maintenant. Il y a longtemps que je n’avais entendu pareil sermon !
    — Tu n’as pas les yeux dans ta poche, Ranulf ! Écoute ! Selle nos chevaux et va prévenir Dame Agatha que je vous retrouverai, tous les deux, à la porte de Galilée. Nous allons nous rendre au village de Woodstock.
    Après un dernier regard de convoitise aux richesses exposées sur l’autel, Ranulf sortit en se rengorgeant.
    Corbett fixa les vitraux d’où se déversait un flot de lumière. Qu’avons-nous là ? se demanda-t-il. Un prieuré richement doté qui servait de refuge à une courtisane, autrefois influente et à présent rejetée par le prince Édouard ; une femme qui avait péri dans des circonstances mystérieuses, qui n’avait pas fait de chute dans l’escalier, mais était morte autre part et dont le corps avait été déposé au bas des marches. Le bruit courait qu’elle souffrait de la poitrine.
    Il réfléchit à ce qu’il avait vu en examinant sa dépouille. Cela avait été, certes, un examen rapide, mais il n’avait découvert ni tumeur, ni abcès, ni autre signe de maladie. Il n’avait que des rudiments de médecine, mais Maeve lui avait affirmé que ce genre de maladie était en général fatal et se signalait par le dessèchement de la peau, dû à ce que la malade refusait toute nourriture. Or Lady Aliénor avait un corps aux proportions harmonieuses qui ne présentait aucune anomalie. De plus, cela faisait deux ans qu’elle était emprisonnée à Godstowe, et Maeve lui avait certifié qu’une maladie de la poitrine emportait normalement sa victime en quelques mois. Pourtant, Lady Aliénor avait pu, sans problème, manger, boire et se promener. Aucun compte rendu n’avait mentionné le fait qu’elle se serait trouvée aux portes de la mort ou gravement malade, et personne ne l’avait même suggéré.
    Corbett se frotta le visage d’un geste las. Comment était-elle donc morte ? Pas de suicide. Il y aurait eu des ecchymoses sur tout le corps et une dame comme elle aurait certainement choisi une voie plus rapide vers l’oubli.
    Il leva les yeux et contempla, sans ciller, le grand crucifix de bois suspendu au-dessus de l’autel. C’était donc un assassinat, mais qui l’avait tramé ? Lady Aliénor avait été aperçue pour la dernière fois se promenant sur le domaine avant complies. Toutes les religieuses, y compris la prieure, les deux sous-prieures et soeur Agatha, se trouvaient à la chapelle. Aucune n’avait quitté l’office avant la fin, aucune ne s’était excusée pour revenir au bâtiment principal avant d’aller au réfectoire. Bien sûr, la supérieure pouvait mentir, mais Dame Élisabeth avait affirmé n’avoir entendu personne gravir l’escalier, certainement pas pendant complies. La vieille femme était sourde, certes, mais la conclusion semblait s’imposer d’elle-même, pensa Corbett : le ou les assassins venaient de l’extérieur.
    Le clerc se mordilla la lèvre. Mais qui voulait sa mort ? Le roi n’aurait été que trop heureux d’être débarrassé d’une source de gêne pendant les négociations délicates sur les fiançailles de son fils à une princesse française. Le favori du prince, Gaveston, la détestait et voyait en elle une rivale potentielle. Il aurait eu les moyens – et la perfidie – de louer les services de tueurs discrets. Et le prince héritier ? Ce jeune incapable se serait-il lassé d’une ancienne maîtresse ? Corbett soupira. Le prince aurait-il voulu supprimer Lady Aliénor parce qu’elle détenait un certain secret ? Un mariage clandestin, par exemple ? Trois ans seulement s’étaient écoulés depuis que le coup de foudre du jeune prince pour Lady Aliénor avait déclenché un délicieux scandale, qui avait fasciné toute la Cour.
    Corbett alla s’asseoir dans une stalle. Si l’on prouvait, songea-t-il, que le roi ou son fils avaient été impliqués dans un assassinat, l’opprobre ferait chanceler le trône, provoquerait une extrême confusion à l’étranger et livrerait Édouard d’Angleterre pieds et poings liés à Philippe de France. Corbett eut un sourire amer. Il connaissait le roi Philippe : prêchant la morale en

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