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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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public et faisant le mal en privé. Il ne se gênerait pas pour remuer la fange de la cour d’Angleterre où se trouvait actuellement son envoyé et maître assassin Amaury de Craon. Mais Craon avait-il pu introduire un meurtrier dans le prieuré ou avait-il déjà un agent dans la place ? L’assassin serait-il quelqu’un qui n’avait absolument aucun lien avec l’univers trouble de la cour d’Angleterre ? Quelqu’un comme le père Reynard, un prêtre capable de se prendre pour l’incarnation de la Colère Divine…
    — Messire Corbett, désirez-vous faire partie de notre congrégation ?
    Le clerc leva les yeux : Dame Amelia se tenait à l’entrée du choeur.
    — Ma mère, dit le clerc en se levant, veuillez m’excuser ! Mais, ajouta-t-il en embrassant la chapelle du regard, cet endroit est si beau, si calme, si propice à la réflexion !
    La prieure s’avança lentement en jouant avec la cordelette argentée autour de sa taille.
    — Rasseyez-vous, mon ami ! souffla-t-elle d’une voix ferme.
    Corbett la dévisagea attentivement tandis qu’elle prenait lourdement place dans la stalle voisine.
    — Qu’avez-vous pensé du sermon du père Reynard ?
    Corbett haussa les épaules.
    — Je l’ai pris pour ce qu’il était : une sévère admonestation aux riches.
    — C’est nous qu’il visait, rétorqua Dame Amelia. Et il s’est montré un peu injuste.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Nous n’avons pas fait voeu de pauvreté. Notre congrégation est un refuge pour les femmes qui ne peuvent pas survivre dans le monde impitoyable des hommes. Savez-vous ce que c’est que d’être mariée de force à un époux que vous détestez, ou encore abandonnée et obligée de vous défendre seule ? Vous connaissez la justice du roi. Nous sommes là, comme des faisans à qui l’on permet de s’ébattre sous un nid de rapaces. Ce sont les hommes qui dirigent l’Église, vont à la guerre, construisent des navires et parcourent les mers.
    Elle soupira.
    — La congrégation des Dames de Sion est un refuge. C’est pour cette raison qu’on nous a envoyé Lady Aliénor.
    — Éprouviez-vous quelque amitié pour elle ?
    — Disons qu’elle était fort réservée. Elle empruntait des livres, allait se promener. Bref, elle se conformait à notre routine et à la règle. C’était une jeune femme triste qui ne s’était jamais remise de sa soudaine disgrâce. J’étais opposée à sa venue, mais l’ordre du roi fut très explicite. Elle a élevé beaucoup de protestations au début, mais au bout de deux ans, déclara la prieure avec une petite grimace, elle était devenue l’une d’entre nous.
    — Alors pourquoi ne me dites-vous pas la vérité sur sa mort ?
    La prieure jeta un bref coup d’oeil à Corbett, qui remarqua à quel point elle était belle sans son air arrogant et hautain. Elle allongea le bras et essuya une fine pellicule de poussière sur son prie – Dieu.
    — Vous êtes perspicace, Messire Corbett. Je me demandais quand vous reviendriez me poser cette question impertinente.
    — Ma mère, je suis au service du roi. J’interroge en son nom. Et vous êtes tenue de me répondre.
    — Il vaut mieux que vous m’accompagniez.
    Elle prit délicatement Corbett, surpris, par le poignet et le mena jusqu’au maître-autel. L’évangéliaire, à la couverture rouge et or, s’y trouvait encore. Elle y posa de longs doigts fuselés.
    — Questionnez-moi, Messire ! Je ne désire que vous aider. Je n’ai rien à cacher et, la main sur les saints Évangiles, je jure de dire la vérité. Quand cette affaire sera résolue, je ne voudrais pas être chassée d’ici par le mécontentement du roi, bien que les réponses que je vais vous donner puissent également lui déplaire.
    Corbett s’appuya contre l’autel.
    — Lady Aliénor souffrait-elle d’une maladie de poitrine ?
    — C’est ce qu’elle affirmait, en tout cas.
    — Le prince lui a-t-il envoyé des potions ?
    — Oui. Nous les avons goûtées, sans conséquences néfastes.
    — Lady Aliénor recevait-elle des visiteurs ?
    — Non. Le prince n’est jamais venu, mais il lui a fait apporter lettres et cadeaux par des messagers. Les lettres, elle les brûlait, et les cadeaux, elle les donnait à la communauté.
    — Pourquoi n’est-elle pas allée à complies, le soir de sa mort ?
    — Je ne sais pas. Elle s’était montrée très réservée la semaine précédente, mais nous l’attribuions à de la

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