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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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signifia au portier de rester là où il était.
    — À mon avis, Lady Aliénor n’est pas tombée dans l’escalier, et j’ai des doutes, également, quant à la noyade de Dame Martha. Enfin, vous pouvez informer Dame Amelia que je m’intéresse maintenant à ces deux corps que l’on a retrouvés dans la forêt voisine.
    — Oh !
    Corbett se rapprocha.
    — Vous avez entendu parler de cette affaire ? s’interposa Ranulf.
    — Bien sûr ! Nous sommes toutes au courant. Je suis persuadée que Dame Amelia vous a confié tout ce que nous savions.
    Corbett se passa les doigts dans les cheveux.
    — Que nous a révélé vraiment Dame Amelia, ma soeur ?
    Le clerc regarda le ciel sans nuages.
    — Allons ! insista-t-il doucement. Vous avez quitté le prieuré ce matin sur ses ordres, alors dites-moi ce que Dame Amelia et vous-même savez sur ces cadavres. Cela nous évitera de vous interroger à nouveau.
    La religieuse eut un geste résigné.
    — On les a découverts dans une morasse, il y a dix-huit mois. On les a mis dans des sacs en toile et transportés à l’église de Woodstock pour qu’ils y soient enterrés. Le shérif et le coroner sont venus dans le village et ont procédé à une inquisitio post mortem , mais il n’en est rien sorti, à part que deux voyageurs leur ressemblant avaient traversé le bourg un peu plus tôt.
    Dame Catherine grimaça.
    — On les a retrouvés assassinés et entièrement nus, et personne ne s’est présenté pour réclamer les corps.
    — Où allaient-ils ?
    — Nous l’ignorons.
    — Aviez-vous prévu leur arrivée à Godstowe ?
    — Non ! Nous avons quelques visiteurs, mais la plupart ont l’aval de la prieure pour venir voir leurs parentes. Nous n’attendions personne de ce genre. Je…
    Elle s’interrompit et redressa un peu sa guimpe.
    — C’est moi qui suis responsable de l’accueil des visiteurs. Le shérif m’a déjà posé cette question et je lui ai donné la même réponse.
    — Et alors ?
    Dame Catherine humecta ses lèvres desséchées.
    — Le shérif a conclu, comme nous, que ces deux malheureux étaient des voyageurs surpris par des hors-la-loi.
    Puis, fixant les profondeurs sombres de la forêt verdoyante, elle ajouta :
    — Il y a des bandits de grand chemin par ici. Et maintenant, vous vous rendez à l’endroit où on a découvert les corps, n’est-ce pas ? demanda-t-elle avec un sourire faux.
    — Oui, le portier a offert de nous y emmener, mentit Corbett.
    — Je ferais mieux alors… bégaya-t-elle. Je ferais mieux de rentrer.
    — Dame Catherine ?
    — Oui, Messire ?
    — Aviez-vous quelque estime pour Lady Aliénor ?
    — C’était une courtisane, la courtisane du prince !
    Dame Catherine cracha presque les mots.
    — Croyez ce que vous voulez, mais j’affirme qu’on n’aurait jamais dû l’envoyer à Godstowe !
    — Pourtant la prieure ne s’y est pas opposée ?
    — Notre prieure fait la loi à elle toute seule ! fit remarquer la soeur d’un ton hargneux. Elle suit ses propres règles. Elle a obtenu cette charge de prieure grâce aux services rendus par son père au prince, il y a longtemps.
    — Vous ne la portez pas dans votre coeur ? s’enquit Ranulf avec curiosité.
    — Elle peut se montrer fort stricte, répondit prudemment Dame Catherine. Elle a banni toutes festivités et animaux de compagnie. Elle est très pointilleuse en ce qui concerne les lieux où nous nous rendons, et elle limite le nombre de nos visiteurs. Elle a interdit la chasse et les faucons, mais par contre…
    — … Mais par contre, l’interrompit doucement Corbett, elle a permis à la courtisane d’un prince de rejoindre votre congrégation.
    — En effet.
    — Mais est-ce que vous l’estimiez ? insista Ranulf. Je veux dire, Lady Aliénor ?
    Dame Catherine pinça les lèvres.
    — Nous ne nous occupions pas d’elle. Elle était hautaine, distante. Les seules à qui elle adressait la parole étaient la prieure et Dame Agatha.
    — En ce cas, Dame Catherine, vous n’avez plus besoin de nous accompagner, dit Corbett en la saluant et en tapant sur l’épaule de Ranulf. Vous pouvez révéler à Dame Amelia l’endroit où nous allons nous promener. Annoncez-lui aussi que nous rentrerons sous peu.
    Sous le regard attentif des deux hommes, elle fit volte-face et s’éloigna en s’efforçant de préserver sa dignité, malgré sa démarche dandinante.
    — Étrange, laissa tomber Corbett. Où la prieure

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