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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pensait-elle donc que nous allions ? Cela m’intrigue !
    Ils reprirent le chemin, rameutant en passant le portier qui, l’air renfrogné, était accroupi sur le talus, occupé à mâchonner un brin d’herbe.
    — Que voulait Dame Catherine ? demanda-t-il. Vous ne lui avez pas parlé du collier, hein ?
    — Elle est venue nous souhaiter bon voyage, répondit ironiquement Ranulf. Et nous ne lui avons pas parlé du collier. Ni, ajouta-t-il malicieusement, du fermoir en or que tu as volé !
    Ils marchèrent encore pendant quelque dix minutes et étaient déjà en vue des fumées bleues du bourg, chauffées au charbon de bois, qui s’élevaient au-dessus des arbres lorsque le portier s’arrêta tout d’un coup et tourna à gauche dans une sente au tracé bien visible. Ranulf frissonna. Les bois obscurs et silencieux, les ombres étranges, les trouées soudaines de soleil, le babillage et le remue-ménage constant des oiseaux et des animaux invisibles le mettaient toujours mal à l’aise.
    — Vive les coupe-gorge de Southwark ! bougonna-t-il.
    — À chacun son royaume ! rétorqua Corbett.
    Ils suivirent le portier sur la sente sinueuse, puis débouchèrent soudain dans une clairière bordée de bouquets d’arbres. Le silence n’y était rompu que par le gazouillis d’un petit cours d’eau qui tombait en cascade sur des rochers surgissant du sol, tels les doigts d’un géant enterré.
    — Faites attention ! murmura le portier.
    Il désigna les abords du ruisseau où l’herbe semblait plus sombre, plus longue, plus touffue.
    — Regardez ! insista-t-il.
    Il ramassa une branche et la jeta au beau milieu de la tache de verdure. Ranulf déglutit nerveusement lorsque le bout de bois toucha le sol. Il y eut un bruit de succion, une petite mare se forma et le rameau disparut sans laisser de traces.
    — C’est une fondrière, expliqua le portier. Il y en a un certain nombre dans cette forêt. Seuls des imbéciles viendraient s’y promener ! ajouta-t-il avec un rictus qui dévoila ses chicots.
    — Où a-t-on retrouvé les corps exactement ?
    — Eh bien, dit le portier en se grattant la tête, d’après ce que j’ai compris, on les avait traînés jusqu’à la morasse, mais ils n’étaient pas tout à fait enlisés. Deux amoureux du village, qui cherchaient un coin tranquille, les ont aperçus et sont tout de suite allés chercher du secours. Nous les avons retirés de la fondrière.
    — Quel aspect avaient-ils ?
    — Alors ça, ça nous a bien intrigués ! Quand j’ai appris la nouvelle, je suis parti en vitesse du prieuré. J’étais présent lorsque les baillis sont arrivés. Les corps étaient nus comme au jour de leur naissance, aucun vêtement, aucun bijou, aucun bien ! Et pourtant, leurs visages…
    Le portier hocha la tête.
    — Marbrés de blanc et de noir, et la gorge tranchée d’une oreille à l’autre.
    — Et personne n’a réclamé les corps ? demanda Corbett.
    — Non.
    — On n’attendait pas ces visiteurs au prieuré ?
    — Non.
    — Alors comment as-tu trouvé le cadavre du chien ?
    Le portier se balança d’un pied sur l’autre.
    — Eh bien, tout cela me trottait dans la cervelle, alors deux jours après, je suis revenu. Je connais bien la forêt. Je pensais qu’il pourrait y avoir quelque chose d’intéressant.
    Il montra les arbres.
    — C’est là, dans les fougères, que j’ai aperçu cette pauvre bête. D’abord j’ai cru que c’était un lapin. Je suis allé voir. C’était un chien de compagnie.
    — Ce n’est pas toi qui l’as tué, par hasard ? lança Ranulf d’une voix dure.
    — Ah, Dieu m’est témoin que non !
    Le portier passa nerveusement sa langue sur ses lèvres.
    — Les cadavres sont probablement restés dans la morasse pendant des jours, peut-être des semaines. Le chien a dû s’enfuir, puis revenir, parce qu’il avait l’habitude d’être choyé. Et il est mort de chagrin ! Moi, j’ai ôté le collier et pris le fermoir. Ensuite j’ai mis le cadavre dans un sac et l’ai emporté au gibet. Vous connaissez la suite, conclut-il, foudroyant Ranulf du regard.
    Puis il fixa le sol.
    — Y a-t-il des bandits de grand chemin par ici ? s’enquit Corbett.
    L’autre fît une grimace.
    — Non, Messire ! C’est ce qui nous a paru louche, au village. Oh, bien sûr, il y a de jeunes vauriens qui braconnent ici et là. Mais, dites-moi, demanda-t-il en répétant d’un air de défi les conversations de

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