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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fais simplement part de mon impression et de la rumeur qui se propage. Il s’ensuit que plus j’aurai de faits en ma possession, plus je serai armé pour défendre le prince et détruire ces ragots.
    Edouard fixa un moment Corbett, puis se mit à rire à gorge déployée. Gaveston eut l’air perplexe. Corbett resta impassible, immobile jusqu’à ce que le prince eût retrouvé son sérieux.
    — Oh, tout cela est fort amusant, Corbett ! dit-il en essuyant une larme. Votre inquiétude pour moi m’émeut et l’intérêt que vous portez à ma cause m’emplit de gratitude.
    Son humeur changea soudain.
    — Je sais pourquoi vous êtes ici ! Pour l’amour de Dieu, finissons-en !
    Le clerc haussa les épaules.
    — On dit, Monseigneur, que Lady Aliénor était malade.
    Il se hâta de préciser :
    — Une maladie de poitrine ?
    Le prince acquiesça.
    — Depuis combien de temps ?
    — Oh ! environ une année.
    — Certains affirment qu’elle l’était depuis plus longtemps.
    — Alors certains mentent ! Je ne suis pas responsable de ce qu’inventent les gens, protesta le prince d’une voix agacée. Ils fouillent dans la fange et peuvent en tirer tout ce qu’ils veulent.
    — Vous n’êtes pas allé voir Lady Aliénor à Godstowe ?
    — Non. Je ne l’aimais plus. Pour moi, nos relations étaient terminées.
    — Je n’en doute pas ! répliqua Corbett sèchement, regrettant aussitôt d’avoir lâché cette repartie en voyant l’éclair de haine dans les yeux bleu clair du prince. Vous deviez vous inquiéter pour elle, s’empressa-t-il d’ajouter.
    — Elle ne manquait de rien. Elle vivait dans le confort, voire le luxe. La prieure veillait à satisfaire tous ses besoins.
    — Lui avez-vous envoyé des remèdes, Monseigneur ?
    Édouard, songeur, se mordilla la lèvre.
    — Je sais ce que vous pensez ! intervint Gaveston, en se levant du banc près de la fenêtre. C’est moi qui les lui ai fait parvenir. Libre à vous de croire qu’ils ont été empoisonnés, mais je vous rappelle qu’on les goûtait au prieuré, et je doute que Lady Aliénor se serait fiée à la seule parole du prince pour les avaler.
    — Je suis convaincu que vous avez raison, concéda Corbett. Mais de quelles poudres s’agissait-il ?
    — Écoutez, Corbett, grogna le Gascon, je suis un courtisan et un ex-soldat ! Je ne suis pas un apothicaire ! C’était de simples potions, visant à soulager les maux de poitrine de Lady Aliénor et à lui permettre de dormir.
    Sentant qu’il ne pouvait continuer dans cette voie, Corbett décida de changer de sujet.
    — Le jour de la mort de Lady Aliénor, Monseigneur…
    — J’étais à Woodstock. J’ai passé l’après-midi à chasser et la soirée à festoyer. Tous les convives de haut rang m’ont vu, y compris l’envoyé français, le seigneur Amaury de Craon.
    — Avez-vous envoyé des messages, ce jour-là ?
    — Non ! Piers a fait parvenir des potions. Ah, non ! ça, c’était la veille de l’accident.
    — Bon ! Revenons à nos potions ! Était-ce Lady Aliénor qui en avait demandé ?
    — Oui, répondit Gaveston avec véhémence. Elle affirmait qu’elles la soulageaient grandement.
    — À propos, Monseigneur, avait-elle des accès de mélancolie ?
    — Oui, répondit le prince en faisant montre de compassion pour la première fois. La pauvre femme était malade. Elle savait que je ne l’aimais plus. Je ne m’en cachais pas. Que vous dire d’autre ?
    Corbett lança un bref regard à Ranulf, qui restait immobile, comme pétrifié, hypnotisé par la rapidité de leur échange verbal, comme le spectateur d’une joute acharnée.
    — Qu’est-il arrivé, à votre avis, le jour de la mort de Lady Aliénor ?
    — Je n’en sais pas plus que vous, Corbett. Les faits avérés sont les suivants : Lady Aliénor, qui ne se mêlait guère aux religieuses, a mis sa cape pour aller se promener, puis, dans la pénombre, a trébuché sur les marches et s’est brisé le cou.
    Le prince bâilla comme s’il s’ennuyait.
    — Eh bien, Messire, c’est tout !
    Il se leva et posa la main sur l’épaule de son favori.
    — Vous voulez en savoir plus ?
    — Oui, Monseigneur ! Est-ce que vous et Lady Aliénor étiez secrètement mariés ?
    Ranulf avala bruyamment sa salive en voyant le prince blêmir et Gaveston se raidir, comme un chien prêt à bondir.
    — Bien sûr que non ! Pourquoi cette question ?
    — Pour rien ! Ou plutôt,

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