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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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comment annoncer au roi que son fils est un meurtrier ?
    — Corbett ! Messire Corbett !
    Ils se retournèrent. Gaveston, l’air nonchalant, était appuyé au mur, au bout du couloir.
    — Messire, s’exclama-t-il, je viens vous présenter nos excuses pour ne pas vous avoir reçu très courtoisement. Mais le prince et moi avions à nous entretenir de certains problèmes. Quoi qu’il en soit, venez ! Je vais vous faire visiter Woodstock.
    Corbett leva les yeux au ciel, puis du regard invita Ranulf à la prudence. Gaveston s’approcha, désinvolte. Il adressa un sourire éblouissant à Ranulf et prit le clerc par le bras.
    — Je crois savoir que le roi vous a octroyé un manoir. Avez-vous des écuries ? Aimez-vous la chasse ?
    — Je vous dirai, Monseigneur, que j’ai plus à coeur de faire fructifier mon domaine et m’occupe surtout de récoltes et d’essartages, mais… Oui, je chasse.
    — Alors, je dois vous montrer quelque chose ! déclara Gaveston. Des chiens de chasse, nouvellement arrivés d’Irlande, de vrais fauves à longs poils raides. Ils font la joie et l’orgueil du prince. Après moi, ajouta-t-il d’un ton moqueur.
    Il les conduisit à l’arrière du palais en empruntant tout un dédale de couloirs. Ils traversèrent alors une cour vide et poussiéreuse pour gagner les communs et pénétrer dans l’un des grands bâtiments. Il y faisait froid et les murs visqueux suintaient d’humidité.
    Gaveston s’affaira dans l’obscurité et dénicha de l’amadou. Bientôt une torche s’alluma.
    Corbett était mal à l’aise. Soudain il entendit un hurlement – horrible, cruel, interminable – qui semblait provenir des entrailles de la terre. Il fut parcouru de frissons et porta la main au pommeau en os de son poignard, mais sans oser dégainer. Gaveston ouvrit une porte et les précéda dans un escalier qu’éclairaient faiblement des torches fixées au mur par des attaches de fer. Les flammes tremblotaient en une danse désordonnée, comme si des bouches invisibles tentaient de les souffler, et malgré la piètre lumière, un regard suffit à Corbett pour apercevoir le visage livide et inondé de sueur de son serviteur. Il sut qu’une menace impitoyable pesait sur eux, et ses cheveux se dressèrent sur sa tête.
    Ils arrivèrent dans un tunnel sombre et avaient à peine parcouru quelques pas que retentit à nouveau le long hurlement rauque. Corbett dégaina silencieusement son arme et se tint sur ses gardes. Ils tournèrent un coin et Corbett dut réprimer un tremblement lorsqu’ils se trouvèrent nez à nez avec un petit homme trapu et borgne qui semblait surgir du néant. Il portait un capuchon de cuir goudronné et une souquenille brune crasseuse. La sueur perlait à son front. Son bandeau noir sur l’oeil conférait à son visage cruel, taillé à coups de serpe, un aspect encore plus sinistre.
    — Ah, Gyrth !
    Gaveston s’exprimait aussi calmement que s’ils se trouvaient dans une roseraie.
    — J’ai amené mes invités voir les chiens.
    L’autre eut un rictus qui dévoila une bouche édentée et des gencives noirâtres d’où coulait un filet de salive. Il émit un étrange grognement en ouvrant grand la bouche.
    — Gyrth n’a plus de langue, expliqua Gaveston. Le malencontreux résultat d’un désaccord, n’est-ce pas, Gyrth ?
    Le muet opina du bonnet, en lançant un regard méfiant au Gascon.
    — Allez, Gyrth ! Nous attendons ! La porte !
    Il trottina devant eux comme une petite araignée noire, ouvrit une porte verrouillée et les fit entrer. Au même moment explosa un concert de furieux aboiements. Corbett s’avança. Le mur formait un renfoncement et, derrière une solide grille en fer, quatre paires d’yeux rouges luisaient férocement dans la pénombre. Gaveston repoussa Ranulf derrière lui.
    — Reste ici ! lui intima-t-il avant de se glisser souplement près de Corbett.
    Les quatre mastiffs noirs et gigantesques se déchaînèrent : babines retroussées, crocs étincelants, gueule bavante, ils écrasèrent leurs grands corps musclés contre la grille. Celle-ci eût-elle été levée qu’ils auraient déchiré Corbett à belles dents. Le clerc ne recula pas, mais les observa attentivement. Cette race ne lui était pas inconnue. Le roi Édouard en avait utilisé comme chiens de guerre au pays de Galles mais les avait vite fait supprimer car, affolés par l’odeur du sang, ils ne distinguaient parfois pas l’ami de l’ennemi.
    La

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