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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’autres questions à vous poser.
    La prieure sembla sur le point de s’insurger, mais Corbett lui fit face et soutint son regard. Elle recula en toisant une dernière fois avec dédain Dame Élisabeth, et referma la porte derrière elle. La religieuse âgée se leva et vint vers lui en trottinant. Les mains crispées sur sa poitrine, elle leva des yeux ronds d’admiration.
    — Vous êtes courageux, Messire, murmura-t-elle. Personne n’ose s’adresser ainsi à notre mère prieure.
    Corbett lui tapota gentiment la main.
    — Tranquillisez-vous, ma soeur. Elle n’aurait pas dû parler comme elle l’a fait et je n’ai jamais supporté les tyrans.
    Il porta la main veinée à ses lèvres.
    — Mais c’est assez. Je vous dis adieu.
    Il se dirigea vers la porte.
    — Messire !
    Dame Élisabeth s’approcha précipitamment.
    — Je vais vous dire un secret, chuchota-t-elle. Un secret que je n’ai révélé à personne.
    — Oui ?
    — Cet après-midi-là, j’ai aperçu des cavaliers parmi les arbres.
    Elle désigna la fenêtre.
    — Là-bas, dans la forêt, derrière l’enceinte.
    Corbett revint à la croisée. Le corps de logis était haut et la chambre de Dame Elisabeth située au premier étage. Il discernait la lisière du bois juste au-dessus de la courtine.
    — Où étaient-ils exactement ?
    Dame Élisabeth le rejoignit.
    — Là-bas ! Je regardais par la fenêtre, juste après midi. J’observais le vol d’un faucon au-dessus des arbres, lorsque soudain j’ai vu quelque chose bouger. Je n’ai pas de très bons yeux, s’excusa-t-elle, alors j’ai scruté l’endroit plus attentivement. J’ai aperçu des chevaux et trois ou quatre cavaliers qui restaient quasiment immobiles. Si l’une des montures n’avait pas été blanche, je ne les aurais jamais remarqués. De vagues silhouettes qui remuaient à peine. Je suis allée me passer de l’eau sur les yeux et, quand je suis revenue, ils avaient disparu.
    Elle gloussa.
    — Je ne l’ai dit à personne. Je ne suis pas comme Dame Martha. Je neparle pas à tort et à travers et nul ne me prend pour une vieille radoteuse !
    — Quelqu’un d’autre les a-t-il vus ?
    — Pas à ma connaissance.
    Corbett contempla la lisière. Les cavaliers auraient été repérés par quelqu’un doté d’une bonne vue, mais dans le cas de Dame Élisabeth, seule une tache de couleur avait pu trahir leur présence.
    — Les avez-vous revus ?
    — Non.
    — Portaient-ils des armoiries ?
    Elle hocha négativement la tête. Corbett se frotta pensivement le menton.
    — Dites-moi, ces cavaliers auraient-ils pu pénétrer dans le couvent ?
    — Oh, non ! Les portes étaient certainement barrées et le portier, tout ivrogne qu’il soit, obéit aux ordres donnés.
    — Auraient-ils pu franchir le mur d’enceinte ?
    Dame Élisabeth éclata de rire :
    — J’en doute. Un des paysans ou une soeur converse les aurait aperçus. Enfin, vous savez ce que c’est ! Ils auraient fait un boucan du diable dans le couloir et nous auraient réveillées, Dame Martha et moi !
    Corbett la remercia et se glissa hors de la pièce à la recherche de la prieure. Dame Amelia avait recouvré quelque peu son calme. Assise à sa table de travail en chêne, elle bavardait avec les deux sous-prieures, un rouleau de comptes devant elle. Elle désigna un siège à Corbett.
    — Messire, commença-t-elle, veuillez excuser mon éclat de tout à l’heure. Mais, malgré tout ce qui est arrivé, n’oubliez pas que nous sommes dans un couvent !
    Elle poussa un profond soupir.
    — Avez-vous d’autres questions ?
    — Oui. Les soeurs ont-elles remarqué quelque chose de bizarre le jour de la mort de Lady Aliénor ?
    — Non.
    — Vous en êtes sûre ?
    — Dans une communauté qui vit en vase clos, Messire, les gens parlent – à eux-mêmes, à leur soeur, à moi, ou à vous et à votre serviteur, maître Ranulf, qui semble doté du don d’ubiquité.
    — Alors dites-moi, ma mère, qui se trouvait dans l’église pour l’office de complies, ce fameux soir ?
    — Je vous l’ai déjà dit : tout le monde !
    — Non, je veux dire « avant » la messe.
    — La prieure était à l’église avec moi, balbutia Dame Catherine.
    — Et moi je me tenais dans la sacristie avec Dame Agatha, ajouta promptement Dame Frances.
    — Vous en êtes bien certaines ? Vous étiez toutes là bien avant complies ?
    — Demandez aux autres, intervint Dame Amelia.

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