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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tordue, yeux exorbités.
    Corbett mit lentement pied à terre en ordonnant à Ranulf de s’occuper des chevaux. Puis il alla à la rencontre d’un chambellan venu l’accueillir, qui le traita en prince de sang et l’amena prestement dans la grand-salle qu’une armée de serviteurs s’affairaient à nettoyer, après le banquet de la veille. Ensuite, par un dédale de couloirs, ils parvinrent aux appartements du prince héritier et de Gaveston. Ces derniers l’attendaient, sobres, cette fois, et livides. Avant que Corbett eût le temps d’ouvrir la bouche, le prince Édouard s’avança et le prit fermement par la main.
    — Messire Corbett… Hugh, dit-il en implorant le clerc du regard, ces chiens… c’était une erreur. Veuillez accepter mes excuses. Les bêtes et leur gardien ont été pendus.
    Le prince déglutit nerveusement et détourna les yeux.
    — C’était un malentendu, un accident, n’est-ce pas, Piers ?
    — En effet, renchérit Gaveston. Un horrible accident !
    Corbett lança un bref coup d’oeil au favori et remarqua sa pâleur. Un accident ? pensa le clerc. Peut-être une plaisanterie d’ivrogne qui avait mal tourné, mais peut-être aussi une tentative d’assassinat.
    — Nous ne l’avons su que ce matin, s’empressa de préciser le prince. La prieure nous a dépêché un messager. Le gardien et les chiens ont été immédiatement châtiés. Le gaillard était ivre et a lâché les chiens quand vous avez quitté le palais. Ils ont flairé votre piste…
    Il n’acheva pas sa phrase.
    La sollicitude du prince héritier n’était pas feinte. Était-ce du remords ? se demanda Corbett. Ou même une totale ignorance ? Gaveston aurait-il agi de son propre chef ? Corbett comprenait leur angoisse. Il ne se faisait guère d’illusions sur son souverain : si Corbett était tué en service commandé, le roi l’accepterait, mais en cas d’attaque délibérée sur l’un de ses émissaires, il aurait tôt fait d’envoyer des troupes raser Woodstock. Corbett pensa à se renseigner sur son gant perdu, mais se ravisa. Gaveston aurait eu une explication toute prête.
    — Monseigneur, je dois vous voir seul à seul ! reprit Corbett en ignorant l’agacement qui se lisait sur les traits du Gascon. Monseigneur, insista-t-il, c’est le moins que vous puissiez faire ! Il faut que je vous parle ! Ce sont les ordres de votre père, mentit-il.
    Le prince échangea un regard avec Gaveston.
    — Bien, qu’il en soit ainsi ! déclara-t-il en adressant un sourire penaud à Corbett. Il faut que je me change à présent. L’envoyé français, Monsieur de Craon, est revenu.
    — Vous ne l’appréciez guère, n’est-ce pas, Messire Corbett ? intervint Gaveston d’un ton sarcastique.
    — Monsieur de Craon fait son métier et moi le mien ! répliqua sèchement Corbett. Mais j’insiste, Monseigneur : vous ne devez pas vous fier à lui. Il tisse des toiles à attraper les araignées elles-mêmes.
    Le prince approuva énergiquement et jeta un coup d’oeil à la ronde.
    — Vous êtes mon invité, Messire. Je vous retrouverai dans une heure dans le scriptorium .
    Corbett prit congé sur un dernier salut. Il passa le reste du temps dans une antichambre à bayer aux corneilles, avant qu’un serviteur ne vînt le chercher, tambour battant, et ne le conduisît par le grand escalier à une salle superbement décorée. Le plancher était de bois poli et les lambris rehaussés de motifs délicats : pampres de vignes, étranges fleurs, créatures imaginaires, comme des dragons ou des vouivres. De petits bahuts et des étagères, adossés aux murs peints en bleu, étaient garnis de livres aux fermoirs d’argent et d’or ciselé et aux reliures de cuir de différentes couleurs – rouge, bleu et fauve. Chacun de ces précieux manuscrits, remarqua Corbett, était attaché au mur par des chaînettes d’argent. Il savait que le prince avait des goûts raffinés et était sous l’influence des nouvelles modes venues des riches États italiens. C’était la première fois que Corbett voyait une pièce sans torches fixées au mur. A leur place, de lourds candélabres de bronze ornaient les buffets et les dressoirs en chêne poli. De même, la jonchée avec son lot habituel de puces et de saleté avait été remplacée par d’épais tapis en laine d’un blanc immaculé.
    Au fond, sur une petite estrade, des chaises à haut dossier aux sculptures très élaborées entouraient une table vernie

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