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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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soit ou non, je m’en moque comme de ma première chemise, pour reprendre tes expressions, Ranulf ! Je suis ici au nom du roi et c’est encore lui qui commande ! Nous allons emmener les deux gardes. Il est grand temps qu’ils justifient leur solde.
    Ranulf se frotta les mains : cette fois-ci, les choses seraient différentes. Il aurait épée, poignard et arbalète. Il cligna rapidement des yeux.
    — Messire, il y a un messager, un certain Ralph Maltote, qui vient du camp du roi à Nottingham et vous a apporté un message urgent. Il est arrivé juste après l’aube. La prieure a aussi envoyé des cavaliers à la recherche des chiens, mais ils n’ont rien trouvé à part le cadavre de celui que vous avez abattu. Elle a ordonné d’aller le brûler dans la forêt. Ils ont aussi découvert, ajouta Ranulf en toussant et en détournant les yeux, les restes mutilés d’un homme.
    Ranulf se tut un moment avant de reprendre :
    — L’un des paysans l’a reconnu. L’aubergiste du Taureau n’ira plus jamais braconner.
    Corbett siffla entre ses dents.
    — Qu’il repose en paix ! Je suppose que cet aubergiste était l’ami braconnier du portier. Fais entrer Maltote !
    Ralph Maltote s’avéra être un jeune gaillard corpulent, l’air passablement ridicule avec sa broigne de cuir bouilli, ses jambières et ses bottes de soldat. Il avait un visage rond et rouge comme une pomme d’api. La sueur avait assombri ses cheveux blonds clairsemés et le regard ébahi de ses yeux bleus ainsi que sa mine de chien battu en faisaient le courrier royal le plus surprenant qu’eût jamais vu Corbett. Il se tenait bien droit, serrant gauchement son casque sous le bras.
    — Tu viens de loin, n’est-ce pas, et tu as fait vite ! s’exclama Corbett avec un coup d’oeil irrité vers Ranulf qui ricanait discrètement à ses côtés.
    — Oui, Messire !
    Maltote se laissa choir sur le tabouret, mais, ce faisant, il se prit les jambes dans sa longue épée et faillit se retrouver face contre terre.
    — Et alors ?
    Le courrier eut l’air effaré.
    — Le message ? demanda Corbett. Tu n’as pas fait tout ce chemin depuis Nottingham pour rien, non ?
    Maltote hocha la tête, déglutit nerveusement et fouilla dans la poche intérieure de sa broigne entrouverte.
    Il tendit un long rouleau de parchemin à Corbett qui vérifia le sceau de cire pourpre du roi avant de le briser et de dérouler le vélin. Le message était court et laconique. Les pires craintes de Corbett se réalisaient : le roi avait constaté avec déplaisir que le clerc n’avançait pas dans son enquête. De fait, l’envoyé français Amaury de Craon en savait plus, puisqu’il affirmait que le prince lui avait annoncé la mort de Lady Aliénor avant l’arrivée du portier à Woodstock. Corbett donna la lettre à Ranulf :
    — Lis-la et brûle-la !
    Puis, désignant le messager, il ajouta :
    — Ensuite, tu emmèneras Maltote aux cuisines et lui dénicheras de quoi se restaurer. Nous partirons après à Woodstock.
    Ranulf sortit nonchalamment, son jeune compagnon le suivant comme un chiot perdu. Corbett finissait ses ablutions lorsqu’il entendit frapper à la porte.
    — Entrez ! lança-t-il d’un ton brusque qu’il regretta aussitôt en voyant Dame Agatha chargée d’un plateau recouvert d’un linge.
    — Désirez-vous prendre votre petit déjeuner, Messire, avant de partir ?
    Corbett lui sourit.
    — Je vous souhaite le bonjour, Dame Agatha. Qui vous a prévenue de mon départ ?
    — Votre serviteur. Voulez-vous manger maintenant ?
    Corbett opina, assez gêné. La religieuse s’affaira dans la pièce, posa le plateau sur une table basse et tira un tabouret. Elle avait apporté un bouillon de poulet, des petits pains juste sortis du four et une chope de bière coupée d’eau. Lorsque Corbett prit la cuillère d’étain et entama son repas, elle ne fit pas mine de sortir.
    — Vous n’êtes pas blessé ? s’enquit-elle anxieusement.
    — Non, sauf dans mon orgueil, ma soeur.
    Elle posa sa douce main blanche sur son bras. Corbett la dévisagea. Comme c’était étrange d’être seul dans cette chambre en compagnie de cette jeune femme si prévenante et si belle !
    — Soyez prudent, murmura-t-elle. N’agissez pas à la légère ! Gaveston est un fin merle. Dame Amelia affirme que c’est lui qui a lâché les chiens, mais nous n’avons pas l’ombre d’une preuve. Ne lui fournissez pas prétexte à vous

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